1.1.1. Votre requête est guidée par la suggestion des mots-clés déjà enregistrés dans la base de données (auto-complétion)
1.1.2. Pour combiner des mots-clés dans une requête, plusieurs possibilités se présentent :
1) Opérateur ET : il doit être entré avec le symbole "&" :
2) Opérateur OU : il doit être entré avec le symbole "+" :
3) Opérateur SAUF : il doit être entré avec le symbole "-" :
1.2.1. Cliquez sur une lettre :
1.2.2. Vous avez la possibilité de faire tourner la boule des mots-clés associés au terme choisi :
1.2.3. Vous avez aussi la possibilité de cliquer sur un mot-clé :
1.2.4. Une fois un mot cliqué, un widget apparaît indiquant le nombre de notices indexées par le mot-clé sélectionné :
1.2.5. En cliquant sur le widget, vous faites apparaître la liste des références bibliographiques indexées par le mot-clé que vous avez sélectionné :
Vous avez la possibilité de faire défiler cette liste de références bibliographiques
1.2.6. Après avoir cliqué sur un résultat de requête, la notice associée à la référence bibliographique sélectionnée s’affiche :
1.2.7. Vous avez alors la possibilité de faire défiler la notice pour la consulter et lire son contenu
1.3.1. Cliquez sur le bouton accueil :
1.3.2. Vous avez la possibilité de choisir un critère parmi les critères suivants :
1.3.3. Cliquez sur le bouton OK ou sur la touche ENTER de votre clavier pour lancer la recherche
1.3.4. La liste des résultats s’affiche :
Vous avez la possibilité de faire défiler et de cliquer sur un résultat de requête
1.3.5. Une fois que vous avez sélectionné un résultat, la notice associée à cette référence bibliographique s’affiche et vous pouvez la consulter :
1.3.6. Pour afficher ou masquer le détail des métadonnées de la référence appuyer sur + ou sur – :
1.4.1. Entrez une requête dans le ou les champs souhaités
1.4.2. Votre requête est guidée par la suggestion des termes déjà enregistrés dans la base de données (auto-complétion) :
1.4.3. Pour sélectionner un item appuyez sur « + » ; pour retirer un item de la recherche appuyez sur « - »
1.4.4. Pour combiner les termes, sélectionnez les opérateurs que vous souhaitez utiliser dans votre requête :
1.4.5. Pour lancer votre recherche appuyez sur « Rechercher »
Monographie
Dictionnaire / Encyclopédie
Collectif
Article
Revue / Périodique
Thèse
3.1. Vous pouvez la faire tourner dans tous les sens
3.2. Vous pouvez la zoomer et la dézoomer
3.3. Vous pouvez cliquer sur les mots-clés qu'elle présente
Les Mathématiques et le raisonnement plausible
George POLYAÉditeur : Gauthier-Villars - 1958
Le Raisonnement par analogie
Maurice DOROLLEÉditeur : Presses Universitaires de France - 1949
Le Raisonnement
Robert BLANCHÉÉditeur : Presses Universitaires de France - 1973
Le Pluralisme cohérent de la chimie moderne
Gaston BACHELARDÉditeur : Vrin - 1973
La Mathématisation du réel. Essai sur la modélisation mathématique
Giorgio ISRAËLÉditeur : Seuil - 1996
L’Induction scientifique et les lois naturelles
Robert BLANCHÉÉditeur : Presses Universitaires de France - 1975
Prodiges et vertiges de l'analogie. De l'abus des belles lettres dans la pensée : À propos de l'affaire Sokal et de ses suites
Jacques BOUVERESSEÉditeur : Raisons d'agir Éditions - 1999
L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique
Sous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDÉditeur : La Découverte - 2008
Analogies, métaphores et concepts
Arild UTAKERSous la direction de Pascal NOUVELDans Enquête sur le concept de modèle - 2002
L’argument de Popper et Miller contre la justification probabiliste de l’induction
Hervé P. ZWIRN, Denis ZWIRNSous la direction de Pierre JACOBDans L’Âge de la science. Lectures philosophiques - 1989
Savoir empirique et classifications biologiques selon Scott Atran
François DUCHESNEAUSous la direction de Pierre JACOBDans L’Âge de la science. Lectures philosophiques - 1989
Bochenski : Attempts to Apply Logic to Problems of Religion
Paul WEINGARTNERSous la direction de Gerhard HEINZMANNDans Philosophia Scientiae. Travaux d’histoire et de philosophie des sciences - 1999
Les analogies théories-artefacts : le cas des modèles hydrauliques au 19e siècle
Étienne BOLMONTSous la direction de Gerhard HEINZMANNDans Philosophia Scientiae. Travaux d’histoire et de philosophie des sciences - 2001
Les origines de la formule e = hv, ou comment l’analogie est vecteur de nouveauté
Léna SOLERSous la direction de Gerhard HEINZMANNDans Philosophia Scientiae. Travaux d’histoire et de philosophie des sciences - 2001
Non-other Minds : Symposium
Robert Creighton BUCKSous la direction de Ronald Joseph BUTLERDans Analytical Philosophy - 1962
Preuves de la déduction automatique et analogie
Régis CURIENSous la direction de Jean-Jacques SZCZECINIARZ, Jean SALLANTINDans Le Concept de preuve à la lumière de l'intelligence artificielle - 1999
Sur la conception aristotélicienne de l’analogie
Philippe HUNEMANSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
Le raisonnement par analogie dans les mathématiques chinoises du premier millénaire de notre ère
Alexeï VOLKOVSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
Analogie entre théorie des nombres et théorie des fonctions
Christian HOUZELSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
Les analogies mathématiques au sens de Poincaré et leur fonction en physique
Michel PATYSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
Le pouvoir heuristique de l’analogie en physique
Claude COMTESous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
L’analogie dans les sciences du végétal : à propos des positions de F. Fontana et d’A.-P. de Candolle sur les maladies des plantes
Gilles DENISSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
Analogie et métaphore mécaniciste en biologie moléculaire
Paul BROMBERGSous la direction de Marie-José DURAND-RICHARDDans L’Analogie dans la démarche scientifique. Perspective historique - 2008
L’analogie en mathématiques
Robert DELTHEILSous la direction de François LE LIONNAISDans Les Grands courants de la pensée mathématique - 1962
Hasard et individuation. Penser la rencontre comme invention à la lumière de l'œuvre de Gilbert Simondon : Thèse de doctorat : Philosophie : École normale supérieure de Lyon : 2011, sous la direction de Pierre-François Moreau
Baptiste MORIZOT
Notice: Undefined offset: 0 in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 407
Notice: Trying to access array offset on value of type null in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 407
Éditeur : - 2011
La Physiologie des Lumières : Empirisme, modèles et théories
François DUCHESNEAUÉditeur : Martinus Nijhoff - 1982
La Physiologie des Lumières : Empirisme, modèles et théories
François DUCHESNEAUÉditeur : Classiques Garnier - 2012
L'Empirisme d'Épicure
Julie GIOVACCHINIÉditeur : Classiques Garnier - 2012
Essai sur le progrès de la pensée épistémologique au siècle de la relativité (1905-2005) : l'analogie dans la construction des objets scientifiques contemporains
Vincent BONTEMS
Notice: Undefined offset: 0 in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 407
Notice: Trying to access array offset on value of type null in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 407
Éditeur : - 2005
Les Structures de l'esprit : Lévi-Strauss et les mythes
Gildas SALMONÉditeur : Presses Universitaires de France - 2013
Logique et philosophie mathématiques
Ferdinand GONSETHÉditeur : Hermann - 1998
L'Analogie : Coeur de la pensée
Douglas HOFSTADTER, Emmanuel SANDERÉditeur : Odile Jacob - 2013
Cassirer et les origines du structuralisme : "Une tendance générale de la pensée"
Ronan DE CALANSous la direction de Jocelyn BENOIST, Thierry PAULDans Le formalisme en action - 2013
Les lieux de rhétorique dans les sciences
Fernand HALLYNDans Méthode et histoire - 2013
Diderot et la chimie : Science, pensée et écriture
Fumie KAWAMURAÉditeur : Classiques Garnier - 2013
Pluralismes scientifiques : Enjeux épistémiques et métaphysiques
Stéphanie RUPHYÉditeur : Hermann - 2013
La Vicariance : Le cerveau créateur de mondes
Alain BERTHOZÉditeur : Odile Jacob - 2013
Simondon ou l’Encyclopédisme génétique
Jean-Hugues BARTHÉLÉMYÉditeur : Presses Universitaires de France - 2008
Cybernétique : Information et régulation dans le vivant et la machine
Norbert WIENERÉditeur : Seuil - 2014
La fin d’un grand partage : Nature et société, de Durkheim à Descola
Pierre CHARBONNIERÉditeur : CNRS Éditions - 2015
Why is There Philosophy of Mathematics At All ?
Ian HACKINGÉditeur : Cambridge University Press - 2014
La linea e il circolo : Studio logico-philosophico sull’analogia
Enzo MELANDRIÉditeur : Quodlibet - 2004
La linea e il circolo : Studio logico-philosophico sull’analogia
Enzo MELANDRIÉditeur : Il Mulino - 1968
On Analogy and its Philosophical Importance
Harald HØFFDING
Notice: Undefined offset: 0 in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 398
Notice: Trying to access array offset on value of type null in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 398
Dans - 1905
Le concept d’analogie
Harald HØFFDINGÉditeur : Vrin - 1931
Modèle d’exposé didactique, cet ouvrage évolue de l’essai philosophique à l’application mathématique, suivant «des buts divers, étroitement liés entre eux». Partant du principe qu’il est «plus philosophique de considérer l’idée générale de raisonnement plausible plutôt que le cas particulier du raisonnement inductif», l’A. donne à son étude une division naturellement bipartite, – I. “L’induction et l’analogie en mathématiques” : Chap. 1, L’induction; 2, Généralisation, particularisation et analogie; 3, L’induction en géométrie dans l’espace; 4, L’induction en théorie des nombres; 5, Quelques exemples d’induction; 6, Passage à un énoncé plus général; 7, Le raisonnement par récurrence; 8, Maxima et minima; 9, La physique mathématique; 10, Le problème des isopérimètres; 11, Autres types d’arguments plausibles. – II. “Schèmes d’inférence plausible” : Chap. 12, Quelques schèmes remarquables; 13, Nouveaux schèmes et premières relations; 14, Le hasard, hypothèse concurrente toujours présente; 15, Le calcul des probabilités et la logique du raisonnement plausible; 16, Le raisonnement plausible dans l’invention et l’enseignement. – Notes complémentaires; – Postface; – Bibliogr. – L’édition anglaise originale de 1954 comportait deux volumes séparés. Ils sont réunis pour les besoins de la présente traduction française. M.-M. V.
«Procédé d’inférence des plus dangereux», non susceptible de description logique rigoureuse, le raisonnement par analogie est objet de discrédit parmi les logiciens. Pour autant, «la science moderne et, de plus en plus, la science contemporaine l’utilisent pour des théories ou des conclusions aussi convaincantes qu’audacieuses». L’ouvrage s’attache donc à définir d’abord ce mode de raisonnement afin de mieux le situer parmi les formes du travail intellectuel, puis cherche à savoir à quelles fonctions il répond, dans le développement général de la pensée et de la science. – Livre I, «Nature et définition du raisonnement par analogie» (L’analogie chez Aristote; Examen de quelques théories; Les formes du raisonnement; Nature du raisonnement par analogie); II, «Les fonctions de l’analogie»(Considérations générales; Analogie et invention; L’analogie et la généralisation; L’analogie dans les définitions et les classifications; L’analogie et la généralisation inductive; Conclusions); III, «La valeur du raisonnement par analogie» (Analogie et déduction; La démonstration des analogies; La valeur intrinsèque des analogies; Conviction et preuve. – Conclusions). M.-M. V.
Tout raisonnement soutient un rapport indissoluble avec l’inférence. Raisonner, c’est donc faire une inférence ou combiner des inférences. Raisonner juste, c’est faire des inférences correctes. La valeur d’un raisonnement peut ainsi être appréciée selon deux critères différents, qui sont cependant loin de toujours s’accorder. Le premier de ces critères peut être appelé “interne” : la qualité d’un raisonnement se mesure à sa rigueur formelle et, de ce point de vue, le jugement que l’on porte sur lui a quelque chose d’objectif et d’absolu. Dire que ce raisonnement est bon, c’est lui attribuer une qualité qui lui est propre, indépendamment de toute relation à autre chose que lui. Mais un raisonnement peut aussi être apprécié selon un critère “externe”, à savoir dans sa relation à celui à qui on le destine. La valeur d’un raisonnement se mesure alors à son efficacité persuasive, et elle est quelque chose d’aussi variable que le sont les personnes qu’il vise. La difficulté d’accorder les deux vertus essentielles du raisonnement – rigueur et efficacité – oblige au compromis, selon l’opportunité, entre “géométrie” et “finesse”. – Introduction : Les deux faces du raisonnement. – Chap. I, Raisonnement et inférence; – II, Raisonnement, intuition et calcul; – III, Les fonctions du raisonnement; – IV, Le paradoxe du raisonnement : rigueur et fécondité; – V, Raisonnement et raison; – VI, Classification des raisonnements; – VII, Analyse et synthèse; – VIII, Les dénivellations modales; – IX, La déduction; – X, L’induction; – XI, L’analogie; – XII, Rétrospection et prospection; – XIII, L’usage pratique du raisonnement; – XIV, Argumentation et délibération; – XV, Les raisonnements fallacieux. – Conclusion : Logique et rhétorique. M.-M. V.
Bien plus qu’une simple histoire de la chimie, cet ouvrage de Gaston Bachelard se propose de développer, à l’occasion des progrès de la chimie moderne, une lecture philosophique de cette évolution, autour d’une idée articulant dialectiquement deux directions distinctes : « la pensée du chimiste semble osciller entre le pluralisme d’une part et la réduction de la pluralité d’autre part ». C’est dire que Bachelard se propose ici de caractériser le soubassement philosophique de la pensée épistémologique promue par la récente évolution de la chimie moderne. Si la découverte scientifique est liée, dans le cas de la chimie, à la mise au jour de nouvelles substances, et ainsi au développement d’un pluralisme des substances, la tâche du philosophe consiste dès lors à montrer que « derrière tout pluralisme on peut reconnaître un système de cohérence ». C’est cette thèse majeure que déploie cet ouvrage dans une progression qui, du problème philosophique du divers, mène, en passant par une analyse détaillée de l’apport considérable de Mendéléiev à la chimie moderne, à l’idée philosophique d’une harmonie substantielle. – Introduction : Le problème philosophique du divers. – Livre I : Analogie immédiate et analogie chimique; Pureté et composition; La classification des composés; La classification linéaire des éléments. – Livre II : La classification des éléments d’après Mendéléeff; L’essai de synthèse de Lothar Meyer; La genèse des éléments d’après Crookes; La formation de la notion de nombre atomique; L’isotopie; Le caractère électrique des atomes; Le modèle cinétique. Sa valeur axiomatique. – Livre III : Du repérage à la mesure. De la mesure à l’harmonie mathématique dans les problèmes de l’analyse spectrale; La description quantique. – Conclusion : Le problème philosophique de l’harmonie substantielle. M.-M. V.
La révolution scientifique du dix-septième siècle a fait des mathématiques un instrument essentiel pour comprendre les structures du réel et agir sur la nature. Cette mathématisation du réel a pris une forme moderne originale, celle de la modélisation. Substituant l’analogie mathématique à l’analogie mécanique, la modélisation renonce à toute image unifiée de la nature et, simultanément, étend le champ de la mathématisation aux sciences non physiques, de la biologie à l’économie. Les rapports nouveaux ainsi noués entre mathématiques et connaissance scientifique demandaient donc une analyse critique originale, une «mise en culture» des mathématiques que l’auteur mène ici suivant une démarche qui combine histoire, description et vulgarisation, en évitant toute technicité superflue. – Partie I, «Le concept de modèle mathématique» : 1. À la recherche d’une définition de modèle mathématique; 2. Le langage qualitatif. Une description mathématique des oscillations; 3. Un modèle des modèles : la description mathématique du battement du cœur selon Van der Pol; 4. Un point de vue différent : les modèles de dynamique des populations de Volterra; 5. L’étonnante histoire d’une querelle de priorité; 6. Deux thèmes de la modélisation : l’analogie mathématique et le «charme discret» de la physique; 7. Une promenade dans l’étrange zoo des modèles mathématiques; – Partie II, «Mathématiques et réalité : un aperçu historique» : 8. Les débuts de la mathématisation du réel; 9. Des débuts de la mathématisation à la science newtonienne : mécanique et calcul infinitésimal; 10. La naissance du réductionnisme; 11. Un projet newtonien pour toute la science; 12. Naissance, développement et crise de la physique mathématique; 13. Le nouveau statut de la physique et les débuts de la modélisation mathématique; 14. Pour une histoire de la modélisation mathématique; – Partie III, «Thèmes et problèmes d’aujourd’hui» : 15. Mathématique statique et mathématique du temps; 16. Local et global; 17. Déterminisme et hasard; 18. Prévision, ordre et chaos; 19. La complexité; 20. Mathématique «quantitative» et mathématique «qualitative»; 21. Thèmes de la modélisation contemporaine : la biologie, entre «le» modèle mécaniste et «les» modèles mécaniques; 22. Thèmes de la modélisation contemporaine : l’économie, entre empirisme et métaphores; 23. Conclusions. M.-M. V.
«Comment entendre le rapport des données de l’expérience au principe auquel on veut les soumettre, quelle est la nature même de ce principe et quelle est proprement sa fonction ? Selon la réponse qu’on donnera à ces questions, le travail inductif revêtira des aspects différents. Une théorie unitaire, à moins qu’elle ne demeure squelettique, serait ici condamnée à la confusion. Car précisément la réponse varie selon les étapes du développement de la science. Une description du procédé inductif, si elle n’est pas dictée par des idées préconçues, mais inspirée par la réflexion sur le travail scientifique effectif, doit donc prendre en considération ces deux principes de diversification, qui se recoupent comme dans un tableau à double entrée». – Chap. I, «Questions de vocabulaire»; – II, «L’évolution de l’idéal scientifique»; – III, «La déontologie bipolaire du savant»; – IV, « La substance et ses attributs»; – V, «La cohérence des attributs»; – VI, «La pensée causale et son ambiguïté»; – VII, «Les théories de l’induction dans les philosophies de la cause»; – VIII, «Les insuffisances de la notion de cause»; – IX, «Les lois fonctionnelles et la mathématisation de la physique»; – X, «Les lois probabilitaires»; – XI, «L’induction des lois et l’élaboration des théories». M.-M. V.
Loin de se réduire à la charge pamphlétaire que l'on prétend, Prodiges et vertiges de l'analogie se situe dans le droit fil du travail analytique accompli par l'A. dans Le Philosophe chez les autophages, Rationalité et cynisme (Paris : Éditions de Minuit, 1984. Coll. “Critique”) et Philosophie, mythologie et pseudo-science : Wittgenstein lecteur de Freud (Combas : Éditions de l'Éclat, 1991. Coll. “Tiré à Part”). L'« affaire Sokal » et ses suites ne sont, en effet, pour Bouveresse que l'occasion de poursuivre sa critique des égarements de la philosophie française contemporaine et du rôle des médias dans la dégradation incessante des mœurs intellectuelles. – Schiller pensait qu'il faut imposer des limites à l'arbitraire des belles lettres dans la pensée. Bien qu'ils se plaignent de l'impérialisme des sciences, les littéraires peuvent aussi se rendre coupables d'abus de pouvoir. C'est de ces abus qu'il est question dans ce livre. À propos de l’affaire Sokal et de ses suites, l’auteur dénonce les dérives d’un «littérarisme» qui consiste à croire que ce que dit la science ne devient intéressant et profond qu’une fois retranscrit dans un langage littéraire et utilisé de façon «métaphorique», un terme qui semble autoriser et excuser presque tout. Au lieu d’un «droit à la métaphore», on devrait parler plutôt d’un droit d’exploiter sans précaution ni restriction les analogies les plus douteuses, démarche ici stigmatisée comme l’une des maladies de la culture littéraire et philosophique contemporaine. M.-M. V.
L'analogie est plus souvent évocatrice des figures de style ou des formes prélogiques de la pensée que de la rigueur déductive du discours scientifique. L’ambiguïté dont elle est porteuse renvoie à la polysémie de la langue naturelle, et à une subjectivité dont la science cherche à se démarquer, tant elle aspire à constituer un langage universel. L’analogie intervient pourtant aussi dans de nombreux travaux de culture scientifique, où elle «donne à voir» certains résultats théoriques sans recourir à une formalisation trop spécialisée. Participant des conditions d’élaboration du discours scientifique, l’analogie sous-tend, y compris en mathématiques, des extensions et des transferts de sens, le plus souvent de nature opératoire, qui obligent à renouveler les catégories existantes. C’est ce travail de déconstruction-reconstruction du discours scientifique qui est ici examiné, travail qui implique en permanence des choix philosophiques quant aux pratiques et aux objets qu’il s’agit de signifier, des choix qui ne sauraient être ignorés, sauf à méconnaître les limites du discours scientifique. M.-M. V.
The paper deals with four areas of problems of religion where logic is applied. The kind of application used is mainly to take established laws and rules of formal logic but also to develop some new semantical relations. The first area is that of levels of extension and intention : in religious texts, like in the Bible, but also in literature there are sometimes cases where a word is a name (in the literal sense) for some object and this object is a name (in the metaphorical or spiritual sense) for some other object. These semantical levels are analyzed by offering exact definitions. A further area is analogy where it is shown how applied logic can help to offer definitions and analyze the important relations of analogy by proportionality and by attribution. A third area is that of the problem of evil. It is shown that two very widespread arguments which attribute every evil to God are either invalid or have false premises. The last area of problems are those of an analysis of religious belief. It is shown that there are not only differencies between scientific and religious belief (as is expected) but also a lot of interesting similarities.
L’histoire des analogies dans le domaine de l’électromagnétisme introduit une catégorie particulière qui s’appuie sur la construction d’artefacts censés représenter la théorie. Ces objets ne sont pas seulement des aides pédagogiques, mais sont considérés par leurs auteurs comme essentiels dans l’élaboration et la justification des théories. Cette conception originale de l’analogie est présentée à partir de quelques exemples de modèles hydrauliques, et les réactions qu’ils ont soulevées illustrent certaines grandes orientations épistémologiques du 19e siècle.
Le présent article s’interroge tout d’abord sur la nature du raisonnement par analogie et sur le fameux ‘pouvoir heuristique‘ dont il est traditionnellement crédité, puis examine la nature des rapports logiques et historiques qui existent entre raisonnement par analogie et apparition de nouveauté radicale en physique. L’exemple de l’introduction, par Planck en 1900, de de la fameuse formule e = hv – aujourd’hui érigée en symbole de la naissance de la physique quantique et obtenue en 1900 par Planck en prenant pour modèle une démonstration antérieure de Boltzmann – est pris comme base de la réflexion. L’on s’emploie notamment à montrer que l’analogie doit son pouvoir heuristique à des contraintes d’un certain type, des contraintes ‘systémiques’ qui tiennent à la nature du langage dans lequel est exprimée toute théorie physique.
Here is discussed the Wittgensteinian treatment of the problem of other minds. The Wittgenstein solution of the residual problem of non-other minds is examined, and an alternative solution is suggested. M.-M. V.
Analyse de la déduction et mise en évidence de points de contrôle qui apparaissent dans une preuve effectuée sur une machine. Les raisonnements qui peuvent être menés pour les comparer, les exploiter, les réutiliser sont de nature analogique et ne sont pas eux-mêmes intégrés dans le mécanisme de principe de supervision. – Introduction; Motivations de la déduction automatique; Preuves de la déduction automatique et preuves mathématiques; L’analogie dans les preuves mathématiques et automatiques; Utiliser l’analogie en déduction automatique; Manipulation de preuves; Différence entre deux problèmes; Définir une différence; Analogie utilisant une différence élémentaire; Utilisation plus générale de la différence.
Cet article entend faire le point quant à l’usage aristotélicien du terme «analogie». Pour Aristote en effet, l’analogie n’est pas un type de raisonnement qui donnerait lieu à un examen épistémologique, mais relève d’un problème ontologique, celui de l’unité de l’être. Si l’on veut y voir une figure de discours, son examen appartiendra à la Poétique. L’auteur envisage dans un premier temps le problème ontologique, afin de comprendre le concept d’analogie qui en découle : il fait appel pour cela à la Métaphysique et à l’Éthique à Nicomaque. Dans un second temps, il suit l’usage opératoire du concept d’analogie chez Aristote, en particulier dans la Physique et dans l’Histoire des animaux, et montre comment cet usage opératoire se rapporte au problème ontologique de l’analogie.
Sur l’usage de l’analogie dans les textes mathématiques de la Chine ancienne, le présent article prend pour référence Les Neuf chapitres sur les procédures mathématiques, avec ses Commentaires. L’analyse de cet ouvrage chinois (Jiu zhang suan shu) donne à voir une structure logique différente de celle des Éléments d’Euclide et suggère que dans les textes chinois les objets et les méthodes mathématiques sont organisés structurellement d’une façon très différente de celle que détermine le principe de déduction. Les mathématiques chinoises offrent ainsi la possibilité de voir la diversité des formes que les intuitions mathématiques peuvent trouver en fonction des moyens de leur conceptualisation et, en particulier, de leur immersion dans le cadre des procédures de raisonnement.
Cet article retrace, depuis les mathématiques de la civilisation arabo-musulmane, l’historique de situations où l’analogie a présidé à la création d’objets mathématiques nouveaux dans le domaine algébrique, par extension systématique des propriétés opératoires antérieurement établies sur des objets antérieurement définis comme mathématiques. Des nombres décimaux aux polynômes et aux séries entières, des nombres algébriques aux fonctions algébriques d’une variable, jusqu’à celles dont les coefficients appartiennent à un corps fini, c’est en s’appuyant sur la permanence supposée, sinon revendiquée, de ces propriétés opératoires, que les mathématiciens se sont autorisés à tranférer les méthodes de calcul, et à réaliser de ce fait la structuration de nouveaux champs théoriques, modifiant en retour le statut respectif des uns et des autres.
Cet article se propose d’examiner le sens de l’analogie telle que Poincaré l’invoque à propos de la physique, tant en ce qui concerne le travail d’invention scientifique que relativement aux significations explicitées des connaissances acquises. – Le premier stade de l’analogie en physique : les analogies mécaniques; – Le deuxième stade : les analogies mathématiques; – Analogies de l’expérience; – Analogie, harmonie et réalité.
L’objet de cette étude est (i) principalement d’explorer, par l’examen d’un cas concret de construction d’une théorie physique, le pouvoir heuristique de l’analogie, le rôle qu’elle joue dans la recherche de principes fondamentaux d’une théorie, dans la représentation des objets et des phénomènes, et dans la dénomination des entités nouvelles qui surgissent au cours de l’étude théorique; et (ii) de fixer certaines limites au recours à l’analogie, ayant en vue non seulement l’acte de construire d’une théorie mais également la tâche délicate d’en faire connaître largement les éléments essentiels sans la dénaturer.
Confrontation des points de vue de deux auteurs, Fontana et de Candolle, au tournant du 19e siècle, sur l’intervention de l’analogie dans les sciences du végétal. Leur questionnement, qui porte sur l’identification des causes des maladies des plantes, est contemporain des travaux où Lamarck modifie radicalement la classification en règnes (minéral, végétal, animal) et instaure la biologie comme science du vivant.
Cet article examine les problèmes liés à l’utilisation quasi clandestine de la métaphore de la machine en biologie moléculaire, alors que les conditions de mise en œuvre de l’analogie sous-jacente ne sont pas précisées. [Traduit de l’anglais par Martha Cecilia Bustamente].
Cet article est une esquisse sommaire, appuyée sur des exemples classiques, des résultats, positifs ou négatifs, mais rarement sans intérêt, auxquels peut conduire suivant les cas le contrôle logique des suggestions de l’analogie. M.-M. V.
L’objet de cette recherche revient à interroger le rôle du hasard dans le processus d’individuation tel qu’il est théorisé par Gilbert Simondon. Dans cette perspective, le hasard, élaboré à partir du concept darwinien de chance, doit être considéré comme opérateur théorique et concept explicatif d’une théorie des processus de genèse de forme individuelle, et non comme un principe métaphysique ou une mesure de l’ignorance. Il qualifie dans l’individuation la modalité de la rencontre entre la singularité, qui donne forme à l’être individuel, et le milieu métastable individuel, susceptible de transformations. Suivant cette perspective, le hasard devient un des opérateurs de l’invention des structures individuelles singulières, plurielles, et novatrices, formes de vie et manières d’exister, qui sont élaborées comme solution à des problèmes par le processus d’individuation. Cette analyse de la pensée simondonienne permet de mettre en place les linéaments d’une théorie de la rencontre individuante, induisant une conception particulière de l’individualité humaine, qui est susceptible d’entrer en dialogue avec les thèses de la sociologie dispositionnelle (P. Bourdieu, B. Lahire). Comme invention, l’opération d’individuation est alors analysable à partir du concept biologique d’exaptation (S. J. Gould), qui explicite dans l’évolution l’invention de couples structuro-fonctionnels nouveaux, à partir d’un jeu entre hasard et invention vitale. B. M.
This research aims to question the role of chance in the individuation process as it was theorized by Gilbert Simondon. In this context, chance, which was drawn up based on the Darwinian concept of chance, must be considered as a theoretical operator and as an explanatory concept of the genesis of individual form, and not as a metaphysical principle or as a measure of ignorance. It characterises within the individuation the modality of the encounter between the singularity which shapes the individual being and the individual metastable environment which is capable of being transformed. From this point of view, chance turns out to be one of the invention operators of singular, individual, plural and innovative structures which are ways of existing, created as solutions to problems by the individuation process itself. This analysis of Simondon’s philosophy allows to outline a theory of the individuating encounter leading us to think of human individuality through a specific approach which enters into dialogue with the theses of the dispositional sociology (P. Bourdieu, B. Lahire). From an invention point of view, the individuation operation can thus be analysed using the biological concept of exaptation (S. J. Gould) which makes very explicit the invention of new structure-function couples in evolution based on an articulation between chance and vital invention. B. M.
Cet ouvrage est la réédition d'un texte paru chez Martinus Nijhoff à La Haye en 1982. Il pose le problème épistémologique de la formation des théories scientifiques à partir de la naissance de la physiologie, science des phénomènes vitaux. Il s'agit pour l'auteur d'identifier le moment historique pendant lequel se forme le concept d'organisme, coeur de la physiologie naissante, et d'étudier l'évolution de la théorie physiologique de l'organisme d'Albrecht von Haller (1708-1777) à Xavier Bichat (1771-1802). La première partie examine les positions épistémologiques pré-hallériennes sur l'ordre des phénomènes caractéristiques du vivant : la mise en évidence par Georg Ernst Stahl (1660-1734) de l'insuffisance des modèles mécanistes pour rendre compte de la physiologie (chapitre I) ; la médecine rationnelle de Friedrich Hoffmann (1660-1742) comme cadre épistémologique d'une science physiologique, que l'auteur étudie à travers l'examen des thèses physiologiques contenues dans la Medicina rationalis systematica parue entre 1718 et 1741 (chapitre II) ; la théorie leibnizienne du vivant (chapitre III). La seconde partie porte sur la physiologie entendue non pas comme une théorie systématique, mais comme une discipline empirique : l'auteur étudie le passage de la doctrine de Hermann Boerhaave (1668-1738) et Giorgio Baglivi (1668-1707) à celle de Haller et la formation progressive d'un concept de structure organique (chapitre IV), puis analyse la théorie physiologique de Haller (chapitre V) – plus particulièrement sa doctrine de l'irritabilité et de la sensibilité dans la Dissertation de 1752 et ses implications dans les Elementa physiologiae corporis humanis (1757-1766). Enfin, il propose une analyse comparative des modèles de Robert Whytt (1714-1766) et Haller sur l'explication physiologique des fonctions (chapitre VI), examine les doctrines de Maupertuis, Buffon et Haller sur le problème de la production et du développement des structures organiques hiérarchisées (chapitre VII) et présente la critique hallérienne de l'épigenèse (chapitre VIII) pour montrer comment la théorie physiologique « requiert une structure minimale suffisamment complexe et intégrée ». La troisième partie expose les positions épistémologiques post-hallériennes : les doctrines de Théophile de Bordeu (1722-1776) et Paul Joseph Barthez (1734-1806) représentatives de la physiologie vitaliste française (chapitre IX), et la théorie analytique de l'organisme de Bichat (chapitre X). Cette analyse des modèles de l'être vivant à l'époque des Lumières nous présente ainsi le long et dur chemin menant à la naissance de la biologie au XIXe siècle. – Conclusion, pp. 685-698 ; Bibliographie, pp. 699-719 ; Index des noms propres, pp. 721-726 ; Index des notions, pp. 727-735 ; Table des matières, pp. 737-739.
F. F.
[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Francis Wolff : Philosophie : 1 vol. : Université Paris Ouest Nanterre La Défense : 2007 : 437 p.]. – Peut-on parler d'empirisme dans les doctrines antiques, et plus particulièrement dans la doctrine épicurienne ? Si oui, en quel sens et pour quelles raisons ? En situant l'épicurisme dans l'histoire du problème de l'origine de nos connaissances, cet ouvrage se propose de rapprocher la philosophie épicurienne de la médecine empirique. Il s'agit d'interpréter la méthodologie épicurienne comme une doctrine reposant sur une théorie empiriste de la connaissance en la confrontant aux pratiques médicales de son temps, de sorte que soit révélée l'importance de l'empirisme dans la pensée scientifique antique. L'auteur compare ainsi textes philosophique et textes médicaux en vue de montrer que la doctrine épicurienne peut être identifiée à une médecine de l'âme. – Bibliographie, pp. 209-222 ; Index locorum, pp. 223-225 ; Table des matières, pp. 227-228.
F. F.
Le "progrès épistémologique" repose sur l'hypothèse d'une évolution récurrente des concepts philosophiques, induite par le dynamisme des sciences et de la lignée relativiste en particulier. À partir des travaux de Gaston Bachelard, ces opérations récurrentes sont identifiées comme des "relativisations" qui refondent la métaphysique en la libérant du substantialisme. La théorie de la relativité d'échelle de Laurent Nottale et la philosophie de l'individuation de Gilbert Simondon marquent l'aboutissement de cette convergence de l'ontologie et des modèles physiques vers une nouvelle méthode, fondée sur le principe de relativité et le postulat du réalisme des relations, l'hypothèse de la fractalité ou de la préindividualité quantique, et l'objectivation des relations d'échelle. L'examen de la contemporanéité épistémologique entre science et philosophie peut être étendu rétrospectivement aux stades historiques antérieurs à travers la notion d'analogie, et mesure le progrès épistémologique. Dans cette perspective, l'auteur examine les transformations du concept d'analogie depuis Platon jusqu'à Simondon (1. La construction des analogies), les modalités de la mise en relation analogique des travaux de Nottale et Simondon (2. Un objet scientifique contemporain) et les progrès de la lignée relativiste depuis Einstein jusqu'à Nottale (3. La relativité à l'échelle du siècle), avant de dégager l'approfondissement théorique des disciplines historiques issues de la nouvelle contemporanéité épistémologique, en tâchant de le distinguer de l'exploitation fictionnelle des schèmes scientifiques (4. Référentiels historiques et fictionnels). La perspective historique d'un nouvel encyclopédisme, établi au moyen d'une construction "ana-chronique", surmonte ainsi l'obstacle épistémologique de l'actualité. Ce travail développe, en outre, une méthode originale d'élaboration "spectrale" des concepts à partir d'engagement et de distanciation au sein des différents horizons scientifiques.
The notion of "epistemological progress" relies on the hypothesis of a recurrent evolution of philosophical concepts, which is induced by scientific dynamism, and especially by relativistic physics. From the works of Gaston Bachelard, these evolutions can be identified as metaphysical "relativisations" of spontaneous substantialism. Nowadays, the theory of scale relativity (Laurent Nottale) and the philosophy of transduction (Gilbert Simondon) point to the same method based on the postulate of relational realism, the hypothesis of preindividuality or fractal schematization. This kind of epistemological contemporariness relation can be retrospectively extended to the different historical stages by the means of the concept of analogy, and therefore used as criterion for epistemological progress. First, this study goes through the transformations of the concept of analogy from Plato to Simondon (1. The construction of analogies), then it investigates the epistemological contemporariness between the works of Nottale and Simondon (2. A contemporaneous scientific object), and the progress of the relativistic method from Einstein to Nottale (3. Relativity on the scale of a centruy), and finally, the author bring out theoretical improvements in historical studies induced by the new epistemological contemporariness, and try to distinguish these improvements from the fictional adaptation of scientific schema (4. Historical and fictional frames of references). The conclusion emphasizes the need for a new quest of all-round knowledge, and the epistemological obstacles that stand in the way of this analogical research. This work also develops an original method of "spectral" elaboration of concepts by means of insertion and extraction operations accross the different scientific horizons.
[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Jocelyn Benoist : Philosophie : 2 vol. : Université Paris Panthéon-Sorbonne : 2009 : 671 p.]. – Suivant quel processus de transformation méthodologique est-on passé de la mythologie comparée du XIXe siècle à l'analyse transformationnelle propre à l'anthropologie structurale ? Quelles sont les disciplines dans lesquelles Claude Lévi-Strauss est allé puiser les éléments de sa méthode comparative et les principes de son analyse transformationnelle ? Quel type d'invariants psychologiques a dès lors pu révéler une forme de comparaison qui se donnait pour objectif de rendre intelligible la différence entre les cultures, fondant ainsi une théorie sémiologique de l'esprit ? Autrement dit : comment l'établissement d'un texte – qui est l'objet de la philologie – a-t-il pu devenir un instrument de mise au jour du fonctionnement de l'esprit humain ? Dans un premier temps, l'auteur cherche à comprendre les raisons pour lesquelles la méthode des transformations s'est développée dans l'étude des mythes en se séparant de la mythologie comparée de Max Müller et de l'anthropologie de Edward B. Tylor, tout en montrant l'importance des séries de mutations internes à la mythologie comparée et à l'étude philologique des légendes qui ont rendu possible l'invention d'une telle méthode : plus particulièrement la découverte par Georges Dumézil en 1938 de la structure trifonctionnelle propre à l'idéologie des peuples indo-européens, qui a modifié de façon radicale la manière de lire les mythes. Le mythe devant dès lors être traité comme une institution dans la mesure où il se révèle être un système de représentations sociales particulier. À travers le concept de structure, l'auteur montre : 1° comment Lévi-Strauss intègre les cultures à un ensemble de niveau supérieur qu'il définit comme un groupe de transformations et 2° comment il fait passer la comparaison dans l'ordre de la synchronie en traitant les systèmes symboliques comme des entités relatives et oppositives (Première partie : « La fin de la mythologie »). Dans un second temps, il montre comment le concept de transformation élaboré par Lévi-Strauss doit être compris à partir des opérations de condensation et de déplacement définies par Freud : le mythe n'étant intelligible qu'à partir des relations de transformations inversées qu'il entretient avec un autre texte. À travers le concept de groupe de transformations, l'auteur nous montre comment Lévi-Strauss opère le couplage de la méthode freudienne de recherche des substitutions opérées dans le rêve – dans les séries d'association d'idées via les opérations de condensation et de déplacement – avec le concept de paradigme hérité de Saussure, dans la mesure où les rapports paradigmatiques sont définis comme des rapports associatifs pouvant être fondés aussi bien sur le son que sur le sens (Deuxième partie : « Déplacement, condensation, transformation »). Un mythe est en effet toujours la traduction d'un autre mythe suivant un certain nombre de contraintes culturelles qui lui imposent des transformations: la circulation du mythe implique donc l'apparition de variantes dans des contextes socioculturels différents. Or l'apport de Lévi-Strauss est d'avoir montré que ces variantes ne dérivent pas de mutations aléatoires, mais de transformations systématiques des relations qui les structurent (opposition, inversion). Ces transformations définissent l'appartenance de ces variantes à un même groupe (dit de transformations). Forme et contenu du mythe, personnages et actions de deux variantes, se transforment dans le passage de l'une à l'autre en vertu d'une structure de groupe qui peut être formalisée par un objet mathématique (groupe de Klein). Cette structure abstraite révèle des opérations sous-jacentes identiques, à l'oeuvre dans la pensée symbolique (sauvage, inconsciente ou mythique) aussi bien que dans la pensée mathématique (rationnelle et scientifique). Mais contrairement aux groupes de transformations mathématiques, qui eux sont fermés, les groupes de transformations mythiques sont, comme le souligne l'auteur, « ouverts et imprévisibles » (Troisième partie : « Une théorie sémiologique de l'esprit »). – Conclusion, pp. 273-285 ; Index des noms propres, pp. 287-285.
F. F.
Cet ouvrage réunit deux textes du mathématicien et philosophe suisse Ferdinand Gonseth (1890-1975): Qu'est-ce que la logique ? (1937) et le chapitre « Philosophie mathématique » tiré d'un ouvrage collectif intitulé Philosophie. Chronique des années d'après-guerre 1946-1948 (1950). Tous les deux sont intégralement consacrés à la logique et à la philosophie des mathématiques. – Dans la première partie de Qu'est-ce que la logique ?, Gonseth analyse successivement la Logique de Port-Royal, les Principia Mathematica de Russell et Whitehead, le néo-positivisme du Cercle de Vienne, la logique transcendantale de Kant, le nominalisme de Poincaré et la « gnoséologie objective » de Federigo Enriques. Dans la seconde partie de ce texte, il expose sa propre conception de la logique, qu'il comprend comme une technique mentale qui opère sur des représentations adéquates, la logique constituant ainsi l'outil de construction de la connaissance au moyen d'analogies schématiques entre les différents domaines de la réalité. Ainsi conçue, la logique, qu'il définit comme une « physique de l'objet quelconque », est la discipline de l'esprit scientifique qui rend possible la circulation analogique des concepts, la généralité de la méthode analogique constituant une procédure de définition opératoire des concepts (cf. Vincent Bontems, «L'analogie dans l'épistémologie historique de Ferdinand Gonseth : les concepts post-phénoménologiques de schéma, horizon de réalité et référentiel », Bulletin d'analyse phénoménologique, III, 3, 2007, pp. 2-3). – Le texte intitulé « Philosophie des mathématiques » est une chronique en 12 sections sur les progrès de la philosophie des mathématiques dans lesquelles sont successivement analysés : l'axiome du choix, l'hypothèse du continu, la méthode des postulats, les antinomies, l'axiomatique de la théorie des ensembles, le logicisme, l'intuitionnisme, les théorèmes de Gödel, la théorie de la démonstration, l'idée de constructivité, la théorie des systèmes déductifs et enfin la philosophie gonsethienne des mathématiques ou idonéisme. À la fin de chaque section est adjointe une importante bibliographie en philosophie des mathématiques. – Table des matières, p. 5.
F. F.
Des analogies sans concepts sont fallacieuses, des concepts sans engagements dans des circuits analogiques sont inopérants : telle pourrait s'énoncer – en détournant la célèbre formule de Kant – la thèse au coeur de cet ouvrage. Dès lors, si le fonctionnement analogique de la pensée et l'opérativité des concepts sont inséparables, quel processus anime la dynamique de leur rapport ? Pour les auteurs de l'ouvrage, le moteur de la circulation analogique des concepts est la catégorisation. Qu'est-ce que la catégorisation ? C'est un processus qui met en correspondance une connaissance engrammée (source) et une nouvelle situation (cible) : la catégorisation nous permet donc d'appréhender l'inconnu à partir du connu. Elle constitue ainsi un instrument heuristique d'appréhension d'expériences inédites et d'intégration d'informations supplémentaires qui enrichissent nos connaissances, c'est-à-dire nos concepts, en tant que ceux-ci empruntent des circuits analogiques entre des horizons subjectifs (toile de fond de notre esprit constituée par l'ensemble de nos expériences passées) et des horizons objectifs (plan de référence du monde dont nous faisons l'expérience). Les trois premiers chapitres commencent par expliquer ce que sont les analogies et les catégories : analogies décrites par un seul mot (chapitre 1), par des énoncés (chapitre 2) ou par des concepts non lexicalisés, i.e. des associations d'idées (chapitre 3). Le chapitre 4 porte sur les changements continuels de catégories que nous effectuons dans le rapport que nous entretenons avec un environnement en perpétuelle variation. Les chapitres 5 et 6 sont respectivement consacrés aux analogies qui surgissent dans le quotidien le plus ordinaire (analogies que les auteurs qualifient de « manipulatrices » dans la mesure où elles guident inconsciemment nos associations d'idées) et aux analogies construites intentionnellement (analogies « que nous manipulons »). Enfin, les deux derniers chapitres (7 et 8) concernent l'analogie dans la pensée scientifique, dans sa dimension à la fois pédagogique (analogies « naïves » qui participent à l'acquisition progressive des notions scientifiques) et heuristique (analogies robustes qui jouent un rôle crucial dans les grandes découvertes scandant l'histoire des sciences). – Prologue : « L'analogie, coeur de la cognition », pp. 9-43 ; Épidialogue : « Un débat sur le coeur de la cognition », pp. 605-638 ; Notes, pp. 639-642 ; Bibliographie, pp. 643-665 ; Remerciements, pp. 667-673 ; Index des noms, pp. 675-677 ; Index des notions, pp. 679-685 ; Table des matières, p. 687.
F. F.
Cet article porte sur les origines des deux formes de structuralisme en sciences humaines, à partir de l’analyse de deux articles d’Ernst Cassirer : 1° « Structuralism in Modern Linguistics », publié en 1945 dans le n° 1 de Word. Journal of the Linguistic Circle of New York (pp. 99-120) ; et 2° « Le concept de groupe et la théorie de la perception », traduit en français par Paul Guillaume et publié en 1938 dans le n° 35 du Journal de psychologie normale et pathologique (pp. 368-414). L’analyse de l’article de 1945 met au jour les racines d’un structuralisme statique, dont le modèle méthodologique, incarné par la linguistique moderne, puise aux sources de deux autres disciplines : la psychologie (plus précisément la Gestaltpsychologie ou psychologie de la forme) et la biologie (plus précisément l’anatomie comparée). Dans un second temps, l’analyse de l’article de 1938 met au jour les origines d’un structuralisme dynamique, qui, centré sur le concept de groupe de transformations, s’enracine dans les mathématiques du Programme d’Erlangen. – I. Origine gestaltiste du structuralisme linguistique ? La convergence des modèles linguistique, biologique et psychologique ; II. De la Gestalt à la structure ? La théorie des groupes de transformation.
F. F.
Cet article étudie deux modèles d’appréhension de la fonction rhétorique dans les discours scientifiques : 1° celui de la rhétorique de l’argumentation développé par Chaïm Perelman dans son Traité de l’argumentation (Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1992, 5e édition) ; 2° celui de la métaphore comme terreau des hypothèses scientifiques novatrices, développé par Hans Blumenberg dans ses Paradigmes pour une métaphorologie (Paris, Vrin, 2006 pour la traduction française). L’article conclut sur une étude de cas : le schème rhétorique de l’énumération dans la pensée cosmologique à la Renaissance (chez Copernic, Galilée et Kepler).
F. F.
[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Stéphane Lojkine : Littérature française : 1 vol. : Université d’Aix-Marseille : 2009 : 483 p.]. – Cette étude met au jour la prégnance et l’opérativité du schème de la fermentation dans la pensée épistémologique et la pratique littéraire de Diderot. Une première partie expose la genèse du matérialisme vitaliste de Diderot à partir de l’étude de son modèle épistémologique : la chimie. Dans une seconde partie, l’auteur montre comment Diderot substitue au modèle de la machine celui de la fermentation. Dès lors on comprend comment le philosophe français subvertit – grâce au modèle chimique – le modèle cartésien (le mécanisme) et sa procédure d’investigation (la déduction), inaugurant ainsi une nouvelle image de la pensée, un nouveau discours de la méthode : celui de la pensée analogique comme forme de raisonnement alternative à la déduction cartésienne (voir aussi à ce sujet : Jean-Marc Mandosio, Le discours de la méthode de Denis Diderot, Paris, éditions de l’éclat, coll. «Philosophie imaginaire», 2013). Une troisième partie montre comment ce modèle de la fermentation se concrétise et s’objective dans les œuvres de Diderot elles-mêmes : plus précisément dans Le Rêve de D’Alembert et Le Neveu de Rameau. – Sigles et abréviations, p. 7 ; Bibliographie, pp. 545-568 ; Index des noms, pp. 569-574 ; Index des thèmes et des articles de l’Encyclopédie, pp. 575-580 ; Table des matières, pp. 581-584.
F. F.
Existe-t-il différentes sortes d’objets qui ne sont scientifiquement connaissables que de différentes manières ? Quelles relations peut-on alors établir entre les théories des différentes sciences ? L’existence de plusieurs représentations incompatibles d’un même phénomène est-elle dès lors l’expression d’une imperfection épistémique ? Tels sont les trois grands problèmes affrontés dans cet ouvrage, qui porte sur le thème de l’unité et de la pluralité dans les sciences. Dans un premier temps (chapitre 1) l’auteure revient sur le programme (porté par le Cercle de Vienne) d’une science unitaire fondée sur l’unité linguistique, puis sur le pluralisme des reconstructions rationnelles de Rudolph Carnap, et enfin, sur le problème de l’unité méthodologique de la logique de la justification en philosophie des sciences, afin de proposer une position pluraliste nouvelle – le « pluralisme feuilleté » – fondée sur le concept de «style de raisonnement scientifique» (introduit par Ian Hacking). Après avoir traité le problème de la cartographie des champs scientifiques, de l’unité ou de la pluralité des langages, méthodes et objets scientifiques, l’auteure s’attaque à celui des relations interthéoriques entre les différentes sciences, ainsi qu’au problème métaphysique de l’ordre et du désordre mondains, sous-jacent à la thématique de l’unité et de la pluralité des sciences (chapitre 2) : 1° en examinant les arguments antiréductionnistes (de Jerry Fodor, Philip Kitcher, John Dupré et Nancy Cartwright) et en mettant au jour leurs fondements métaphysiques ; 2° en proposant une analyse critique du pluralisme nomologique (i.e. l’antiréductionnisme horizontal de Nancy Cartwright) ainsi que de l’approche structuraliste (i.e. le réductionnisme vertical de Carlos-Ulises Moulines), tous deux conduisant à des thèses métaphysiques relatives à l’ordre et au désordre mondains. Dès lors elle propose deux types d’interconnexions non réductives entre théories scientifiques: l’analogie et l’unification synthétique. Le problème affronté dans le dernier chapitre est celui de la pluralité des représentations d’un phénomène par plusieurs sciences (chapitre 3). Après avoir présenté l’état du débat actuel entre monistes et pluralistes sur la question des représentations scientifiques et son enjeu central (celui de la compatibilité entre pluralisme représentationnel et engagement réaliste) elle illustre la pertinence et les enjeux de la thèse pluraliste grâce à l’analyse de deux types de systèmes de représentations: d’une part les modèles de simulations numériques en cosmologie ; d’autre part les systèmes de classification des étoiles en astrophysique. Elle est ainsi conduite à défendre une interprétation pragmatique de la stabilité des taxinomies stellaires et une interprétation réaliste de la notion d’espèce naturelle dans les sciences physiques. - Fig.1: «Illustration comparative des problématiques principales des chapitres 2 et 3», p. 16 ; Fig.2: «Illustration de la dépendance au chemin du Millenium Run», p. 193 ; Conclusion, pp. 251-259 ; Références bibliographiques, pp. 261-276 ; Table des matières, pp. 277-278.
F. F.
Alain Berthoz poursuit les recherches entreprises dans son précédant ouvrage paru en 2009 intitulé La Simplexité. La vicariance, comme la simplexité, est liée à des situations problématiques d’origine vitale. Elle désigne en effet un concept de résolution de problèmes, qui permet de penser tantôt la tension entre la singularité incidente d’une solution nouvelle face à un problème déjà connu ; tantôt celle entre la position d’un problème original face à une batterie de solutions dont on dispose déjà. Or un problème se pose dès qu’une conduite finalisée rencontre un obstacle à sa réalisation. Dès lors, un comportement vicariant consiste à créer une solution nouvelle (plus élégante et plus efficace) pour la résolution d’un problème déjà connu ; ou à faire usage de la solution d’un problème pour en résoudre un autre. Mais les acceptions de ce concept sont multiples : on le trouve utilisé en biologie (vicariance alvéolaire), en paléontologie (vicariance biogéographique), en psychologie (vicariance fonctionnelle), en linguistique (conjonction de coordination dite «vicariante») ou encore en éthologie (vicariance liée à la notion d’Umwelt). En empruntant de nombreux exemples tirés des expériences menées au sein des neurosciences modernes (en particulier en neurophysiologie) et de la recherche interdisciplinaire (psychologie, ingénierie, informatique et robotique) la première partie de l’ouvrage (chapitres 1 à 4) présente un certain nombre de formes de vicariance fonctionnelle (gestuelle, prothétique, perceptive, etc.) et montre en quoi la vicariance renvoie fondamentalement à un jeu de substitutions entre des stratégies liées à l’accomplissement de certains actes. Dans cette mesure, la vicariance est créatrice de scénarios dans des mondes possibles et constitue ainsi un trait d’union entre le passé remémoré et l’avenir simulé. Dès lors, en questionnant la notion d’avatar (i.e. celle de personnage virtuel) dans le cadre du couplage homme-machine, l’auteur est conduit à présenter une nouvelle forme de vicariance (la vicariance que l’on peut qualifier de « robotique ») fondée sur la relation entre les géométries de deux espaces (l’espace moteur et l’espace de l’action). Ce qui l’amène à exposer les bases neurales de cette forme de vicariance fondée sur le changement de référentiel spatial. La seconde partie de l’ouvrage (chapitres 5 et 6) présente les facteurs périphériques (motivation, intérêt, attention, plaisir et expérience) paramétrant la plasticité cérébrale, et donc conditionnant la vicariance fonctionnelle dans le cerveau. Elle permet ainsi de faire la transition entre les processus vicariants à l’œuvre dans la vie individuelle (première partie) et ceux à l’œuvre dans la vie sociale (troisième partie). L’hypothèse de l’auteur dans la troisième partie étant que l’émotion est un puissant agent de vicariance, il examine deux formes subjectives de la connaissance : la sympathie et l’empathie (chapitres 7 et 8). Enfin, dans une quatrième et dernière partie il présente les théories – celles de Maurice Reuchlin, Lev Vygotski, Albert Bandura et Antoine de La Garanderie – qui explorent les rapports entre apprentissage et vicariance. – Prologue, pp. 7-9 ; Introduction : « Les enjeux », pp. 11-19 ; Première partie : « L’acte vicariant » ; Deuxième partie : « Ontogenèse et plasticité » ; Troisième partie: «Vicariance et partage des émotions»; Quatrième partie : « Les apprentissages vicariants » ; Épilogue : « Le cerveau créateur de mondes », pp. 181-203 ; Notes, pp. 205-227 ; Index, pp. 229-232 ; Remerciements, p. 233 ; Table des matières, pp. 235-238.
F. F.
[Compte-rendu publié simultanément sur le site du Centre international des études simondoniennes]. – Cet ouvrage concis, précis et pédagogique dévoile les sources philosophiques, les fondements épistémologiques, les paradigmes scientifiques et les schèmes méthodologiques constitutifs du nouvel encyclopédisme dont Gilbert Simondon a été l’initiateur dans sa thèse principale L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, et qu’il ne nommait comme tel que dans sa thèse complémentaire : Du mode d’existence des objets techniques. Jean-Hugues Barthélémy revisite ainsi la thèse complémentaire de Simondon à la lumière de sa thèse principale. Dans le premier chapitre, il met au jour les grandes sources philosophiques (Bergson, Bachelard, Canguilhem) et les paradigmes physiques – issus de la thermodynamique, de la physique relativiste et de la physique quantique – de l’ontologie simondonienne. Il en explicite aussi les deux enjeux capitaux : 1° penser l’opération universelle d’individuation, ce que fait Simondon en élaborant une ontogenèse ; 2° « désubstantialiser l’individu sans le déréaliser » (Barthélémy), ce que fait Simondon en construisant un « réalisme des relations » (Simondon) multiscalaire, initiant ainsi une véritable pensée des « ordres de grandeur » de la réalité, donc une véritable pensée de la complexité. Une telle ontologie permet en effet de penser les différents « régimes d’individuation » (physique, vital et psycho-social), leur coexistence et leur articulation (donc leur complexité en tant que telle) sans tomber dans les travers d’un quelconque réductionnisme (physicaliste ou autre). On comprend ainsi pourquoi les trois grands schèmes du réalisme épistémologique des relations, qui sont fondés sur la valeur positive des avancées de la thermodynamique, de la physique relativiste et de la physique quantique, autorisent Simondon à une régénération de l’ontologie comme ontologie génétique de l’individuation. Quels sont dès lors le moteur et le vecteur de cette régénération dont l’enjeu est l’unification des connaissances scientifiques, c’est-à-dire la possibilité de la constitution d’un nouvel encyclopédisme ? Il s’agit de l’analogie opératoire (à ne pas confondre avec l’analogie structurale, source de métaphores) comme mode de pensée proprement philosophique (chapitre 2). L’acte analogique, pensée effective des opérations génétiques dans le sujet pensant comme dans les êtres individués qui sont ses objets, forme en un sens le cœur d’une science des opérations (espérée par Simondon sous le nom d’« Allagmatique », ou «Cybernétique universelle»). Mais dans la mesure où l’usage philosophique et réflexif de l’analogie n’est pas simplement heuristique (comme il peut l’être en science) mais constitutif de la « connaissance » philosophique elle-même, l’ontologie génétique qui en découle se veut non-objectivante. Enfin, l’unification analogique des régimes d’êtres dans une démarche encyclopédique se veut aussi une unification de l’Être et du Devenir au sein d’une « théorie des phases de l’être » (Simondon), laquelle est selon Barthélémy la « pointe métaphysique » de l’ontologie génétique simondonienne. L’exposition de l’ontologie génétique comme pensée des différents régimes d’individuation (physique, vital et psycho-social), ainsi que du schème méthodologique permettant de penser l’unité de ces régimes sans effacer leurs différences (schème de la transduction opérant « transposition » et « composition » des schématismes opératoires au cours des genèses physiques, vitales et psycho-sociales), fait l’objet des chapitres 3 et 4. Le chapitre 5 en vient quant à lui à Du mode d’existence des objets techniques et donc au thème de l’ « individu technique » : ce dernier ne procède pas d’une individuation, mais d’une « individualisation » (Simondon). Ce chapitre final pose en fait le problème général du rapport de l’homme à la technique, et plus particulièrement le problème des conditions d’une possible (et souvent réelle) aliénation de l’homme. Cette aliénation est liée d’une part au mauvais couplage de l’ouvrier et de la machine dans le machinisme industriel (aliénation « psycho-physiologique », dit Simondon), d’autre part à l’absence de culture technique chez les ouvriers comme chez les patrons, donc à une méconnaissance générale du mode d’existence des objets techniques (aliénation « culturelle »). Le nouvel encyclopédisme, que Simondon pose ici comme fondement d’un « nouvel humanisme », vise ainsi à rendre à l’homme ce qui de lui a été aliéné, mais en libérant pour cela la machine elle-même en tant qu’ « individu technique » ayant, à l’âge des « ensembles informationnels », à travailler seule – l’homme étant enfin disponible pour des tâches plus nobles. En fait, et pour en revenir au véritable fil directeur de Simondon dans ses deux thèses, c’est l’universalisation de la notion même d’information – telle qu’elle est redéfinie comme genèse ou prise de forme non-hylémorphique par Simondon 1° grâce à une critique de la Théorie de la forme et de la théorie technologique de l’information et 2° grâce à une fusion de la cybernétique de Wiener et de la théorie des systèmes ouverts de Bertalanffy – qui forme le cœur de l’ « encyclopédisme génétique » (Barthélémy) dans son ontologie comme dans sa technologie. – Sommaire, pp. v-vi ; Introduction : « L'Encyclopédisme génétique, une philosophie de l'individuation », pp. 1-7 ; Conclusion : « Portée de l'Encyclopédisme génétique », pp. 151-157 ; Bibliographie, pp. 159-162 ; Index des notions, pp. 163-165.
F. F.
Alors même qu’il avait paru pour la première fois en 1948 chez un éditeur français, ce livre mythique ne disposait toujours pas d’une traduction française jusqu’en 2014. C’est maintenant la cas, grâce au travail accompli par Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Lévi, traducteurs qui ne se sont pas simplement contentés de produire une traduction, mais ont réalisé un travail de réédition incluant un véritable appareil critique (voir en particulier la longue présentation française rédigée par Ronan Le Roux et l’ensemble des notes en bas de pages de ce travail de réédition). De facture encyclopédique, non par sa longueur, mais dans l’articulation de ses matières et par la variété des connaissances de première main qu’il mobilise (en mathématiques, physique, physiologie, ingénierie, philosophie, biologie, psychologie), l’ouvrage est à la fois un bilan des recherches commencées par l’auteur à la fin des années 1930 avec le physiologiste mexicain Arturo Rosenblueth (en collaboration avec les plus grands savants de la première moitié du XXe siècle), une histoire à chaud des origines de la cybernétique (l’ouvrage est rédigé en seulement trois mois durant l’année 1947) et un plaidoyer pour la recherche interdisciplinaire, solidement soutenu par une profonde réflexion collective sur la méthodologie scientifique de cette interdisciplinarité, alors activement expérimentée, pratiquée et théorisée par l’auteur (ses recherches ayant produit des résultats positifs et des résolutions de problèmes à la fois théoriques, techniques et pratiques). Une analyse comparative de l’astronomie et de la météorologie visant à mettre en évidence les différences entre la physique moderne et la physique contemporaine (celle du XXe siècle), entre la mécanique newtonienne et la mécanique statistique, entre la réversibilité du temps astronomique et l’irréversibilité du temps météorologique, fait l’objet de la première étude de l’ouvrage. Wiener y esquisse un schéma de corrélation historique entre science et technique, la technique étant le miroir réfléchissant de la pensée d’une époque, et la pensée technicienne, toujours productrice d’un analogon fonctionnel de l’organisme vivant (Golem, automate de Vaucanson, machine à vapeur, automate mécanique, automate électronique, servomécanisme, etc.). Or l’étude des automates sensibles indique selon Wiener que leurs mécanismes sont étroitement liés à un temps qui relève plus de la mécanique statistique que de la mécanique classique, amenuisant ainsi la différence entre mécanisme et vitalisme : autrement dit, entre temps des organismes vivants et temps des automates sensibles (chapitre 1 : « Temps newtonien et temps bergsonien »). Dès lors, Wiener enchaîne son propos sur la complémentarité entre la théorie de la mesure de Lebesgue et la mécanique statistique de Gibbs : on comprend ainsi comment le développement de la théorie ergodique a permis d’établir le fondement mathématique exact de la mécanique statistique (chapitre 2 : « Groupes et mécanique statistique »). Or il s’avère que le problème de la prédiction, que Wiener avait étudié durant la seconde guerre mondiale (pour élaborer un dispositif de tir anti-aérien) est lié à la statistique des séries temporelles (théorie des messages). C’est pourquoi le troisième chapitre («Séries temporelles, information et communication») est consacré à la mécanique statistique des séries temporelles : Wiener y présente d’une part la définition mathématique de la notion d’information, son explicitation ainsi que la technique de sa mesure ; d’autre part sa forme homogène dans le temps. Terminant ce troisième chapitre sur la mécanique quantique, Wiener montre ainsi comment la pénétration de l’étude des séries temporelles dans la physique du XXe siècle a induit son basculement progressif vers un paradigme probabiliste. Les problèmes d’ingénierie de la commande et de la communication s’étant révélés inséparables, les travaux menés avec Julian Bigelow conduisirent Wiener à puiser le schème de son dispositif de prédiction dans le paradigme des comportements téléologiques et des processus neurophysiologiques contrôlés par rétroaction. La théorie du fonctionnement d’un dispositif de rétroaction fait donc l’objet du chapitre 4 (« Rétroaction et oscillation ») ; celle du fonctionnement d’une machine à calculer, l’objet du chapitre 5 (« Machines à calculer et système nerveux ») dans la mesure où une telle machine présente une analogie opératoire avec le système nerveux (cas particulier de réalisation concrète d’une machine logique). La comparaison du fonctionnement d’un calculateur électronique avec celui d’un système nerveux devant selon Wiener – et tel est l’enjeu de ce cinquième chapitre – éclaircir la nature de la logique. Comme le rappelle l’auteur dans son introduction, c’est le contexte de la guerre qui le conduisit à usurper deux fonctions réalisées par un cerveau humain (opérer des calculs et rétroagir sur une conduite pour la diriger vers l’accomplissement d’un objectif) pour réaliser deux dispositifs électromécaniques (calculateur électronique et dispositif de tir anti-aérien). Dès lors c’est aux mécanismes de l’association des idées que Wiener s’attaque dans le chapitre 6 (« Gestalt et universaux ») en montrant qu’il est possible d’assigner des mécanismes neuronaux aux deux principes cardinaux s’association : la contiguïté et la ressemblance. L’enjeu de ce chapitre est le transcodage de l’information transmise par un sens (par exemple l’ouïe) à un sens déficient voire quasi détruit (par exemple la vue). Il ouvre ainsi à un problème de génie biomédical : celui de la fabrication de prothèses sensorielles. Les deux derniers chapitres traitent quant à eux respectivement du problème de l’apprentissage et de la reproduction chez les machines et les systèmes vivants (chapitre 9 : « Apprentissage et autoreproduction des machines ») et d’un système d’auto-organisation particulier : l’auto-organisation des ondes cérébrales (chapitre 10 : « Ondes cérébrales et auto-organisation »). La lecture de ce livre foisonnant d’idées novatrices nous fait constater que Wiener a exploré en pionnier nombre des grands pans de la recherche scientifique du XXIe siècle. – Présentation de l’édition française par Ronan Le Roux, pp. 11-54 ; Introduction de Norbert Wiener, pp. 55-96 ; Préface à la seconde édition de 1961 par Norbert Wiener, pp. 345-358 ; Index, pp. 359-370 ; Table des matières, p. 371.
F. F.
[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Stéphane Haber : Philosophie : 1 vol. : Université de Franche-Comté : 2011 : 527 p.]. – Cet ouvrage propose une histoire philosophique et critique du partage nature/société en étudiant les rapports des collectifs humains à leur environnement. Dans un premier temps, Pierre Charbonnier retourne aux origines de cette topique, en étudiant la pensée des rapports du naturel au social dans le positivisme d’Auguste Comte, l’anthropologie d’Edward B. Tylor, la sociologie et l’anthropologie religieuses d’Émile Durkheim (chapitre 1). Dans un deuxième temps, il s’agit de savoir comment le dispositif de constitution du social dans son rapport à la nature a été mis en œuvre dans divers contextes ethnologiques et historiques afin de comprendre l’articulation des catégories sociales aux catégories cosmologiques (chapitre 2). On est ainsi conduit à saisir comment la méthode mise en œuvre dans l’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss permet d’identifier une même rationalité à l’œuvre dans la logique de la pensée symbolique des sociétés non-modernes et la logique conceptuelle des sociétés modernes (chapitre 3). L’ouvrage se termine sur la critique de l’anthropologie structurale produite par les anthropologues post-structuralistes ainsi que sur l’ensemble des débats théoriques ayant conduit à l’émergence d’une science sociale de la nature (chapitre 4). – Bibliographie, pp 295-304 ; Index, pp. 305-306 ; Remerciements, p. 307 ; Table des matières, pp. 309-311 ; Liste des ouvrages parus dans la collection « CNRS philosophie », pp. 313-314.
F. F.
Dans quelles circonstances et à quel moment est né ce mode de raisonnement si particulier, procédant par transfert de nécessité, qu’on appelle le raisonnement mathématique ? Qu’est-ce qu’une preuve mathématique ? Comment s’établit-elle? Quelles sont les différentes méthodes qui permettent de l’exposer? Ces méthodes sont-elles transposables d’une discipline à une autre ? Dès lors, comment les disciplines mathématiques communiquent-elles entre elles ? Quel est le moteur de leur évolution et quelle est la nature de cette évolution ? Par quels procédés s’enrichissent-elles mutuellement ? Quelle est la différence entre mathématiques pures et mathématiques appliquées ? D’où provient cette distinction ? Est-elle fondée? Comment s’est-elle construite historiquement ? En bref, pourquoi y a-t-il, somme toute, une philosophie des mathématiques ? Quelles grandes tendances l’ont animée durant son histoire ? Quelles controverses l’animent actuellement ? Telles sont les questions au centre de cet ouvrage d’une grande érudition. Le chapitre 1 discute quelques grandes activités mathématiques : 1° l’élaboration de procédés d’administration de la preuve (méthodes intuitionniste ou formaliste) ; 2° l’application d’opérations et de constructions (analogies) d’une discipline vers une autre (de l’algèbre vers la géométrie, de la théorie des nombres vers la géométrie, etc.) ; 3° l’invention de technologies graphiques (comme les diagrammes), qui transforment le milieu dans lequel s’inscrivent les virtualités mathématiques. Ces transformations graphiques sont révolutionnaires, car elles modifient radicalement les possibilités de penser les objets mathématiques (comme l’espace par exemple), et par voie de conséquence, les modes de production et de compréhension des différentes disciplines mathématiques, ouvrant ainsi la question d’une économie et d’une herméneutique formelles. Selon l’auteur – s’inspirant de Putnam – deux expériences de la raison sont au fondement de la pérennité des mathématiques (chapitre 2): l’expérience mathématique (qui est une expérience de la preuve) et l’expérience physique (qui est une expérience de l’application des mathématiques à une autre réalité que la sienne, en l’occurrence une réalité actuelle). Autrement dit, l’expérience mathématique puise son endo-consistance virtuelle dans l’axiomatique qui la formalise et son exo-consistance actuelle dans les modèles physiques qui la réalisent : entre cette endo-consistance et cette exo-consistance, se situent les seuils de trans-consistance à double face (virtuelle et actuelle) que sont les technologies intellectuelles (en tant qu’elles supportent cette technique virtuelle qu’est la mathématique) et les technologies matérielles (incarnant en tant qu’instruments scientifiques les théories mathématiques appliquées et constituant ainsi de véritables « théories matérialisées » comme l’avait très bien vu Bachelard). Dès lors, un dépassement du matérialisme biologique radical (Changeux) et de l’idéalisme platonicien sans concession (Connes) semble possible au sein d’une véritable épistémologie historique des mathématiques qui articule scrupuleusement biologie du cerveau (i.e. organologie physiologique), étude des pratiques savantes contextualisées et historiquement situées (i.e. organologie sociale et politique des organisations savantes) et technologies intellectuelles et matérielles (i.e. organologie des artefacts) : épistémologie historique que Reviel Netz a appelé une « histoire cognitive » (cognitive history) (chapitre 3). Ainsi, Ian Hacking nous propose dans un quatrième chapitre une petite histoire de l’invention de la démonstration dans la pratique mathématique grecque de l’Antiquité par la détermination et la définition des notions cardinales de fait, théorème et preuve, ainsi que des liens qui les unissent au sein d’une construction universelle : un théorème (proposition vraie) doit être indexé à un fait (relation objective), justifié dans un enchaînement de traces (démonstration) et exemplifié dans une preuve singulière (par exemple telle preuve que l’on peut trouver dans les Éléments d’Euclide). Le chapitre 5 nous présente alors une histoire critique de la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées et propose une typologie des formes d’applications (Hacking en distingue sept). Enfin, les chapitres 6 et 7 exposent l’évolution des débats entre platonistes et antiplatonistes au cours de l’histoire des mathématiques, dont les deux grands représentants actuels sont les mathématiciens Timothy Gowers (1963-) et Alain Connes (1947-). Par la teneur de son érudition et l’étendue des connaissances qu’on y trouve, ce livre représente un excellent compendium d’histoire et de philosophie des mathématiques, écrit par l’un des grands maîtres de l’histoire et de la philosophie des sciences contemporaines. – Table des matières, vii-xii ; Avant-propos de l’auteur, xiii-xv ; Notes, pp. 258-262 ; Références bibliographiques, pp. 262-280 ; Index, pp. 281-290.
F. F.
In what circumstances and at what point in time was mathematical reasoning born, this very particular form of reasoning which procedes by movements of necessity ? What is a mathematical proof ? How is one established ? What are the different methods that allow it to be presented ? Are these methods transposable from one mathematical discipline to another ? If so, how do mathematical disciplines relate to each other? What is the engine and the nature of their evolution? What procedures allow these disciplines to enrich one another? What is the difference between pure and applied mathematics ? Where does this distinction come from ? Is it well-founded ? How has it been historically constructed ? And in short, why is there a philosophy of mathematics at all ? What are the large trends within its history ? And what are its current controversies ? These are the questions at the heart of this greatly erudite work. The first chapter discusses certain general activities of mathematics : 1. the elaboration of procedures of coming to proofs (intuitionist or formalist methods); 2. the application of operations and constructions (analogies) from one discipline to another (from algebra to geometry, from the theory of numbers to geometry, etc.); and 3. the invention of graphic technologies (such as diagrams), which transform the field of mathematical virtualities. These graphic transformations are revolutionary, as they radically modify the ways we conceive mathematical objects (such as space), and therefore, the means of production and comprehension of different mathematical disciplines – which thus opens up the question of a formal economy and a formal hermeneutics. According to the author, following Putnam, two experiences based in reason are the ground of the perennial nature of mathematics (chapter 2) : the mathematical experience (which is an experience of proof) and the physical experience (which is an experience of the application of mathematics to another reality that its own, in this case actual reality). In other words, the mathematical experience finds its internal virtual consistency in the axiomatics which formalizes it, and it finds its external actual consistency in the physical models which apply it. Between this internal virtual consistency and this external actual consistency can be found the thresholds of intermediary consistency, which are two-sided (virtual and actual) : these are the intellectual technologies (in as much as they support the virtual technics which is mathematics) and the material technologies (which, as scientific instruments, incarnate the applied mathematical theories and thus constitute veritable « materialized theories », as Bachelard demonstrated well). At this point, it seems possible to surpass both biological materialism (Changeux) and uncompromising platonic idealism (Connes), within a true historical epistemology of mathematics which scrupulously joins brain biology (that is, physiological organology), the study of historically contextualized scholarly practices (that is, the social and political organology of scholarly organizations), and intellectual and material technologies (that is, the organology of artefacts). This leads to historical epistemology which Reviel Netz called a « cognitive history » (chapter 3). Thus, Ian Hacking offers, in the fourth chapter, a short history of invention and demonstration in ancient Greek mathematical practice, through the determination and definition of the cardinal notions of fact, theoreme and proof, as well as the links that unite them within a universal construction : a theoreme (true proposition) should be indexed upon a fact (objective relation), justified within a chain of visual reasoning and graphic symbols (demonstration) and exemplified in a singular proof (for example, a proof found in Euclid's Elements). Chapter 5 then presents a critical history of the distinction between pure and applied mathematics and offers a typology of the forms of applications (Hacking points to seven of them). Finally, chapters 6 and 7 present the evolution of the debates between platonists and antiplatonists throughout the history of mathematics, an ongoing debate whose current representatives are mathemeticians Timothy Gowers (1963-) and Alain Connes (1947-). Through the strength of erudition and the wide extent of scholarly knowledge found here, this book represents an excellent synthesis of the history and the philosophy of mathematics, written by one of the great masters of the history and the philosophy of contemporary science. – Table of contents, vii-xii ; Author's preface, xiii-xv ; Notes, 258-262 ; Bibliographical references, 262-280 ; Index, 281-290.
F. F.
« Entre la pratique et la théorie de l’analogie l’écart est immense » (p. 9). Il est dû au primat d’une rationalité logique reposant sur les principes d’identité et de tiers exclu, qui non seulement n’est pas en mesure de rendre compte des opérations analogiques mais tend à les réprimer. Il s’agit donc d’interroger les raisons du refoulement de la rationalité analogique (perspective « archéologique ») et de déterminer les conditions de sa validité, en tant que type d’inférence et pratique herméneutique (perspective «critique»). L’analogie ne saurait être définie analytiquement ; il faut partir de ses usages. C’est l’objet de la première partie, « Topique : les lieux de l’analogie » (p. 32-309), en sept chapitres (« L’archéologie », «La théonymie», « Le langage », « Le discours », « La symptomatologie », « La proportion » et «L’inclusion»). Ceci établi, la seconde partie « Logistique : le calcul analogique » (p. 310-546), s’efforce de dégager la structure de l’inférence analogique, en sept chapitres également («L’exemplification et la preuve», « La symétrie », « La logique modale et l’analogie », « L’enthymème », « Les figures inductives », « Les figures hypothétiques », « Les figures rhétoriques »). La troisième partie « Herméneutique. L’interprétation analogique » (p. 547-810) considère l’analogie à l’aune de sa capacité à donner sens à l’expérience, toujours en sept chapitres (« La sympathie », « Les analogies de l’expérience », « La typologie », « La théorie des Idées », « La fonction de l’analogie », « La subjectivité de l’analogie », «Au-delà de l’analogie»).
L’ouvrage est
sans équivalent pour ce qui regarde la variété et l’ampleur des perspectives et
des ressources sur les opérations analogiques. Il est très technique, mobilise de
larges pans de l’histoire des sciences et de la philosophie (les dix auteurs
les plus cités sont, dans l’ordre décroissant : Aristote, Platon, Kant,
puis Descartes, Hegel, Carnap, Leibniz, Russel, Galilée et Freud) et dialogue
avec de nombreux contemporains (tels E. Bloch, H. Blumenberg, M. Foucault,
M. Heidegger, A. Koestler, K. Lewin, J. Piaget, P. Ricoeur
et W. O. Quine). Pour se faire une première idée des enjeux on
pourra, après l’« Introduction » (p. 9-29), commencer par le § 69,
qui résume « les principes qui règlent les deux pôles extrêmes de la
rationalité formelle ou “pure” : la logique et
l’analogie » : « tout ou rien » vs « gradation
continue » ; «contradiction exclusive» vs
« contradiction inclusive » ; « identité élémentaire »
vs « identité fonctionnelle» ; «extensionalité» vs
« intensionalité » ; « extensivité » vs
« intensivité » ; « discrétion » vs
«continuité» ; «finitude » vs
« infinitude » (p. 374-375). Ces oppositions ne sont pas
dichotomiques (contradictoires) mais polaires (contraires): entre les
pôles opposés se distribuent toutes les positions possibles, de sorte
que l'on peut passer de l'un à l'autre par degré. L’analogie est la voie
pour surmonter le
« chiasme ontologique » en quoi s’enferre une rationalité
exclusivement logique : l’univocité logique s’acquiert au prix de
l’équivocité ontologique (nominalisme), l’univocité ontologique, au prix
de
l’équivocité logique (réalisme). « La thèse intermédiaire – celle de l’analogia entis – (…) est la thèse
générale du présent travail » (p. 352). Elle ne se limite pas à la
figure que lui a donné la métaphysique scolastique mais se retrouve sous
diverses formes dans les « réalismes “critiques” » – c’est-à-dire
aussi «“en crise”» (p. 352). Actualiser l’analogia entis,
c’est notamment signifier que la raison analogique
ne se limite pas à l’établissement d’isomorphismes, qu’ils soient
structurels
ou fonctionnels (p. 685), mais se déploie dans ce que la tradition a
nommé
analogie d’attribution et donc dans des rapports de participation (p.
16, 655).
La théorie platonicienne des idées, «formulée de manière critique»,
devient la «méta-théorie» (p. 658) des efforts pour surmonter
(analogiquement) les dualismes de la logique et de l’expérience, de la
forme et
du contenu. - Archeologia di un'archeologia (par Giorgio Agamben), p. IX
; Avertissement (de l'éditeur), p. XXXVII ; Préface (de l'auteur), p. 3
; Appendice (par Stefano Besoli et Roberto Brigati)
, p. 811 ; Bibliographie des écrits de Enzo Melandri, p. 841 ; Index des
noms, p. 861.
M. A.
Il tema “analogia” funge da filo conduttore, pietra di paragone e pretesto critico per una ricerca sopra i principî razionali – ma non per questo “logici” – che regolano nella prassi il modo umano di vivere, di sentire e di pensare. Da un punto di vista logico, l’analogia non ha ancora trovato una convincente sistemazione, ed è dubbio se potrà mai trovarla. C’è in essa qualcosa che non quadra, e che induce a estrometterla dall’universo del discorso di rigore. Tuttavia, dopo averla rifiutata in teoria, si continua a farne uso come nulla fosse. È sufficiente porsi con onestà alcune domande (che cosa provano i ragionamenti analogici? fino a che punto si possono considerare logici? entro quali limiti la logica è norma del razionale? è possibile contraddistinguere i concetti nei confronti delle metafore? a quali condizioni si può parlare di un’obiettività scientifica?) per dover rivedere in maniera spregiudicata molti dei nostri più accreditati abiti mentali. Da un punto di vista filosofico, l’analogia è insostituibile. Essa è il principale strumento di mediazione fra la conoscenza scientifica (particolare) e la coscienza filosofica (universale). In altri termini, l’analogia è il principio di simmetria che media e contrappone logica e dialettica. Secondo Platone, ci sono due diversi principî di simmetria: la “linea” e il “circolo”. Dall’opposizione fra questi due principî ordinatori, tramite l’analogia, derivano molte importanti conseguenze e, non per ultimo, un rilancio della filosofia. E precisamente di una filosofia che non voglia essere né metafisica né pura critica, ma poetica dell’immaginazione esatta e scommessa sul futuro. (Risvolto dell’autore per la prima edizione, Il Mulino, 1968).
Cet article
reprend une conférence donnée en 1904 à la Jowett-Society à Oxford. Il comprend
quatre sections.
I. On ne pense
plus aujourd’hui que les premiers principes de la science doivent valoir selon
leur conformité à un ordre des choses absolu, mais seulement par leur capacité
à établir « une connexion entre les phénomènes ». La vérité est
devenue un concept « critique ou dynamique » (p. 199). La
philosophie critique et la science contemporaine (Maxwell, Mach, Hertz) se
rejoignent. Le concept critique ou dynamique de vérité est symbolique :
entre les principes et les phénomènes, il n’y a pas de relation d’identité mais
d’analogie. Trois arguments : nous ne pouvons penser sans image ;
notre pensée est toujours une interprétation ; nous transférons
constamment ce que nous savons d’un domaine d’expérience à un autre (p.
200-201).
II. Plus
largement, il est faux d’opposer concept et analogie : toute formation de
concept procède « par transition d’exemple en exemple en vertu de
l’analogie » (p. 202). Dès qu’elles utilisent des séries numériques pour
ordonner les phénomènes, les sciences opèrent par analogie, par exemple entre
la place des nombres dans la série numérique et la place des événements dans la
série temporelle. Kant en a fait la théorie générale dans les « Analogies
de l’expérience » (p. 204).
III. La pensée
spéculative ou métaphysique, puisqu’elle cherche à saisir la totalité à partir
d’une partie, ne peut valoir qu’à condition de reconnaître sa dimension
analogique. Ce n’est pas le cas de l’idéalisme spéculatif hégélien ; c’est
le cas en revanche de l’idéalisme métaphysique d’un Leibniz ou d’un Lotze, ce
qui lui donne une supériorité sur l’idéalisme absolu (p. 207).
IV. Comme la
métaphysique, la religion symbolise le tout à partir de l’une de ses parties.
Mais la fonction du symbole est affective, sa valeur dépend de sa force
d’entraînement dans la reconnaissance et la production des valeurs
fondamentales de la vie.
M. A.
Ni Aristote ni
Kant ne comptent l’analogie parmi les catégories ; on ne saurait pourtant rendre
compte sans elle de la nature et de la valeur de la pensée. L’analogie n’est
pas une simple approximation de l’identité mais une catégorie formelle à part
entière. Elle assume trois fonctions principales : de découverte
(l’analogie mène à l’hypothèse scientifique), de synthèse (l’analogie est le
dernier lien entre objets et séries d’objets), d’évocation (l’analogie exprime
l’aspiration à l’unité et à la continuité de la vie) («Introduction»,
p. 7-12).
Le chapitre 1,
« Analogies involontaires » (p. 13-44) se nourrit de
l’ethnographie contemporaine – en particulier de ce que Lévi-Bruhl nomme
« loi de participation » – pour souligner la dimension analogique
dans la pensée primitive, chez l’enfant et dans l’art. Il s’agit moins de
mettre à distance l’homme primitif que de montrer la persistance d’un penser
analogique qui procède par identification à l’objet et de la partie au tout.
Le chapitre 2,
« Analogie et logique » (p. 45-71) précise le statut de
l’analogie relativement à la logique et au principe d’identité. Platon montre
qu’entre l’identité et la dissemblance existe toute une échelle de degrés de
similitude (p. 45). C’est le coup d’envoi de la « pensée
européenne » et la détermination de l’espace de l’analogie volontaire. Celle-ci
passe souvent pour suppléer à l’identité. Elle est en vérité le moyen « de
la compréhension du concept d’exemple en exemple » et finalement le
« contenu véritable du concept », en tant qu’il peut « mettre en
mouvement un développement de pensées » – ainsi du passage du cercle à
l’hyperbole dans les sections coniques (p. 58-59). L’analogie n’est ni
induction ni déduction, mais passage du particulier au particulier (ce qu’Aristote
appelait non pas raisonnement analogique mais paradigmatique) (p. 62).
Avant
d’approfondir le rôle de l’analogie en sciences, le chapitre 3, « L’analogie
entre les fonctions de la connaissance » (p. 73-91), souligne la
continuité analogique entre les diverses fonctions psychiques, en partant
notamment des processus de synthèses propres à la sensation, à l’imagination et
à la réflexion – processus analogues mais pas identiques : les sensations,
par ex., ne sont pas des jugements (p. 73-77). Ainsi observe-t-on une
continuité entre le sens commun et la pensée scientifique, comme l’a bien
montré Meyerson. Même entre la conception primitive de la durée et la mesure du
temps dans la physique relativiste existent des analogies : les deux n’ont
de sens qu’à condition du contraste entre un élément stable et un élément
changeant (p. 80-82). On retrouve dans l’histoire des sciences des thèmes,
oppositions ou idées directrices qui valent comme paradigmes et ouvrent, par
analogie, à de nouveaux domaines, par ex. la constance de l’énergie (p. 87-88).
Le chapitre 4,
« L’analogie entre les domaines de la connaissance » (p. 93-144)
précise les conditions de ce passage de domaine en domaine et la fonction
épistémique de l’analogie. La thèse principale en est que la science moderne
opère par une « analogie entre les séries des objets successifs et
simultanés et les séries de causes et conséquences de nombres, de temps, de
degrés et de lieux » (p. 108), ou encore : «toute science
expérimentale exacte repose sur une correspondance entre les séries
quantitatives et qualitatives» (p. 68). C’est ce que Kant a exposé dans
« son chef d’œuvre », les « Analogies de l’expérience », où
il montre, via la théorie du schématisme, que la causalité est une application
analogique des catégories logiques. Malgré la tentative romantique de retour à
l’identité (Hegel), la physique contemporaine suit cette voie analogique, par
ex., après Maxwell et Mach, dans le modèle atomique de Niels Bohr (notons qu’il
fut l’élève de Høffding). Cela suppose une conception compréhensive et non
explicative de la connaissance scientifique (p. 110-115). L’auteur aborde
ensuite la question de l’analogie en biologie, dans les sciences de l’esprit et
en éthique, en considérant particulièrement l’usage analogique des catégories
de « totalité » et d’« évolution » (p. 119-139).
Le vaste domaine de l’analogie involontaire ne s’est pas seulement différencié dans l’analogie scientifique mais également dans les « analogies émotionnelles » de la poésie et de la religion, qui conservent, plus que l’analogie scientifique, les traits de la « participation primitive » ; c’est l’objet du bref chapitre 5, «Symbolique poétique et religieuse» (p. 144-154).
M. A.