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La Connaissance de la vie
Georges CANGUILHEMÉditeur : Vrin - 1992
Une vie à naître
Muriel COMBESSous la direction de Pascal CHABOTDans Simondon - 2002
Le concept d’individualité dans la philosophie biologique de Georges Canguilhem
Jean GAYONSous la direction de Michel BITBOL, Jean GAYONDans L’Épistémologie française, 1830-1970 - 2006
À propos de Henri Bergson, être et ne pas être un animal
Alain PROCHIANTZSous la direction de Françoise BALIBAR, Élie DURINGDans Critique. Revue générale des publications françaises et étrangères - 2002
Économie de pensée et Énergétique chez Ernst Mach
Olivier LAHBIBSous la direction de Michel PATY, Danièle GHESQUIER-POURCIN, Muriel GUEDJ, Gabriel GOHAUDans Énergie, science et philosophie au tournant des XIXe et XXe siècles - 2010
Expliquer la vie : De l'âme à la molécule
André PICHOTÉditeur : Éditions Quae - 2011
Entre Dieu et Darwin : Le concept manquant
Francis KAPLANÉditeur : Le Félin - 2009
La Connaissance de la vie
Georges CANGUILHEMÉditeur : Hachette - 1952
Canguilhem, Foucault, Jacob : quel moment philosophique dans quel moment biologique ?
Frédéric WORMSSous la direction de Frédéric WORMS, Claude DEBRU, Michel MORANGEDans Une nouvelle connaissance du vivant - 2012
La Physiologie des Lumières : Empirisme, modèles et théories
François DUCHESNEAUÉditeur : Martinus Nijhoff - 1982
La Physiologie des Lumières : Empirisme, modèles et théories
François DUCHESNEAUÉditeur : Classiques Garnier - 2012
Définir le vitalisme. Les lectures de Claude Bernard
Raphaële ANDRAULTSous la direction de Jean-Jacques KUPIEC, François DUCHESNEAU, Michel MORANGEDans Claude Bernard. La méthode de la physiologie - 2013
Diderot et la chimie : Science, pensée et écriture
Fumie KAWAMURAÉditeur : Classiques Garnier - 2013
Jakob von Uexküll, explorateur des milieux vivants : Logique de la signification
Hadrien GENSÉditeur : Hermann - 2014
Première édition à Paris : Hachette, 1952. – Les études réunies dans cet ouvrage sont des conférences ou des articles datant des années 1945-50. Elles constituent une contribution majeure à l’histoire, l’épistémologie et la philosophie des sciences de la vie en interrogeant la particularité de la présence au monde de l’être vivant. «La vie est formation de formes, la connaissance est analyse des matières informées». Les sept études réunies par Canguilhem dans ce volume témoignent de cette inspiration commune : l’idée d’une irréductibilité de la vie à une série d’analyses ou de divisions des formes vitales. La spécificité du vivant engage au contraire une vision de l’objet biologique qui dépasse la compréhension mécaniste des phénomènes physiques. Conçue comme un approfondissement de divers enjeux conceptuels en philosophie et en histoire des sciences, La Connaissance de la vie est devenue une œuvre fondamentale dont l’influence sur l’épistémologie contemporaine reste majeure. Sont abordées les questions de la méthodologie des sciences de la vie, de l’émergence historique de la théorie cellulaire, ainsi que les problèmes philosophiques du vitalisme, des liens entre machine et organisme, des rapports singuliers et capitaux entre l’individu et son milieu, la définition conceptuelle du normal et du pathologique et de la monstruosité. - Introd. : La pensée et le vivant ; I : Méthode (L’expérimentation en biologie animale) ; II : Histoire (La théorie cellulaire) ; III : Philosophie (Aspects du vitalisme ; Machine et organisme ; Le vivant et son milieu ; Le normal et le pathologique ; La monstruosité et le monstrueux) ; Appendices (Note sur le passage de la théorie fibrillaire à la théorie cellulaire ; Note sur les rapports de la théorie cellulaire et de la philosophie de Leibniz ; Extraits du Discours sur l’anatomie du cerveau tenu par Sténon en 1665 à Messieurs de l’Assemblée de chez Monsieur Thévenot à Paris). M.-M. V.
L’A. montre comment le concept d’individuation de Simondon permet de saisir les liens entre la vie et le sujet en pensant le passage du physique au vivant et du vivant au psychique. L’A. entend ici interroger le vitalisme et, par suite, les rapports de la pensée et de la vie : qu’emprunte une pensée qui se forme à la vie qui la porte?
Ce texte est une version remaniée d’un article paru dans Journal of the History of Biology (31, 3, sept. 1998, 305-325), sous le titre «The Concept of Individuality in Canguilhem's Philosophy of Biology». – Le thème de l’individualité a profondément motivé la philosophie médicale et la philosophie biologique de Georges Canguilhem, en l’aidant à formuler trois idées majeures qui entretiennent un rapport manifeste avec son “vitalisme” : – 1. La perspective axiologique est fondamentale et incontournable dans les sciences de la vie, – 2. l’individualité biologique doit être interprétée à la lumière de la catégorie de relation, – 3. la biologie moderne réhabilite de manière inattendue la vieille idée d’une proximité entre vie et connaissance.
Sur l'ouvrage de Henri Bergson, L’Évolution créatrice (1ère éd. 1907, Paris, PUF, coll. “Quadrige”, 2001, 372 p.) – Ce texte se présente comme une invitation à redécouvrir le vitalisme bergsonien, qui, au-delà d'une simple prise en compte de l' « esprit de géométrie » (p. 533) comme marque de l'Homo faber, reconnait « l'importance de l'intuition » en tant qu'elle « est un outil de la connaissance, un outil mental qui doit accompagner le travail de la logique, l'épreuve de l'expérience. » (p. 534). L'A. montre que philosophiquement ce vitalisme, opposé à tout finalisme, est non seulement tenable et mais intéressant pour expliquer le vivant « dans le temps » (p. 535), « l'indétermination dans la matière ». Il explique ensuite que les positions de Bergson, pour partie inspirées de Claude Bernard, sont proches « d'une théorie scientifique pertinente en biologie » (p. 539). Pour finir, il présente la spécificité de l'homme dans le règne animal, « le rôle de la conscience et du langage » (p. 540) et termine par « cette contradiction qu'il y a à revendiquer notre animalité évolutive et, d'un même mouvement, à déclarer notre séparation définitive d'avec un destin de bêtes. » (p. 541).
Olivier Lahbib rappelle comment chez Mach l’économie de pensée sert à la construction d’une unité de la science, de la physique à la physiologie et à la psychologie, par l’«adaptation de la pensée à l’expérience et des pensées entre elles». L’économie de pensée conduit Mach à privilégier l’énergétique par rapport à la mécanique, révélant ainsi une conception vitaliste d’inspiration darwinienne.
Suite à l’Histoire de la notion de vie, qui avait pour objectif de présenter les grandes théories qui ont traversé l’histoire de la biologie, l’ouvrage suivant se donne pour objet l’évolution de leurs principes explicatifs, c’est-à-dire la dynamique qui permet de les relier les unes aux autres. Quelle est la nature des lois qui régissent les êtres vivants ? Quelles relations entretiennent-elles avec les lois de la physique ? L’ouvrage est articulé en quatre parties thématiques structurées par quatre grands problèmes interdépendants dont l’auteur montre qu’ils coexistent ensemble d’une façon plus ou moins prégnante tout au long de l’histoire de la biologie : 1° celui de la spécificité des lois biologiques ; 2° celui des principes d’organisation de l’être vivant ; 3° celui de leur temporalité ; enfin 4° le problème de l’unité élémentaire à partir de laquelle se construit l’explication biologique. Dans un premier temps, l’auteur s’attache à décrire la construction progressive des principes explicatifs de la science en général, d’Aristote à Descartes: il expose donc la préhistoire de la biologie en tant que telle, c’est-à-dire l’évolution de la théorie du vivant d’une pseudo biologie d’inspiration animiste à une protobiologie dont les principes d’explication sont ceux de la physique naissante, mécanique galiléo-cartésienne puis physique newtonienne (Chap.1 : « Animisme et mécanisme »). L’émergence de la chimie au XVIIIe siècle infléchit dès lors la réflexion en direction du problème de l’organisation interne des êtres vivants : l’être vivant est-il une machine mécanique ou une machine chimique ? (Chap. 2 : « Mécanisme et chimie ») Il faut attendre le XIXe siècle, c’est-à-dire la pensée d’une évolution des espèces et l’idée d’hérédité, pour que le phénomène du temps soit pris en considération dans l’étude des êtres vivants (Chap. 3 : « Forme et temps »). Dès lors le lent développement de la théorie cellulaire - depuis ses premiers balbutiements dans la Micrographia de Hooke jusqu’aux critiques de Haeckel et la découverte des molécules - va progressivement déplacer l’application des principes d’explication d’une échelle macroscopique à une échelle microscopique, et transformer la chimie biologique en biologie moléculaire (Chap. 4 : « Cellules et molécules »). – Notes ; Bibliographie, pp. 1147-1208 ; Sommaire, pp. 1209-1213.
F. F.
Si la question centrale posée dans ce livre est bien celle, massive, de savoir ce qu'est la vie, la réponse formulée par l'auteur est indissociable d'une thèse, étayée tout au long de l'ouvrage. Cette thèse est en réalité l'énoncé d'une théorie du concept au sens strict, c'est-à-dire un discours dont le propos est de définir la modalité du rapport qui lie ce qui est (le quoi et le comment de la réalité) à ce qu'on en dit (les concepts) : la théorie intermédiaire qui permet d'articuler l'ontologie à la gnoséologie. Cette théorie est mise à l'épreuve à travers l'étude de cette réalité au fond incompréhensible : la vie, concept manquant (comme le sous-titre du livre l'exprime) parce que réalité manquée par des théories explicatives qui tentent d'en saisir l'être au moyen de concepts qui lui sont extérieurs : Dieu, la conscience, la force, la finalité, la matière, etc. (chap. 1 : « Définition de la vie »). «L'incompréhension à laquelle nous sommes acculés ne trouverait-elle pas sa source dans la nécessité où nous serions, pour expliquer la vie, d'utiliser des concepts qui ne sont pas faits pour elle ?» (p. 10) Les théories explicatives où sont mobilisés ces concepts sont au nombre de cinq : le théisme (chap. 2 : « L'inconcevabilité de la finalité biologique ») ; le vitalisme (chap. 3 : « La réalité de la finalité biologique ») ; le mécanisme réductionniste (chap. 4 : « La finalité généralisée ») ; la sélection naturelle (chap. 5 : « Le hasard ») ; le matérialisme (chap. 6 : « Conscience et matière »). Qu'est-ce que la vie ? Selon la thèse de l'auteur, le concept de vie ne peut être qu'un « concept bricolé » (p. 11), et la compréhension de la vie, qu' « un bricolage de l'esprit » (p. 336). Ce qui n'empêche pas la science biologique d'être efficace, au contraire, et contribue fortement à son progrès (chap. 7 : « La vie, concept bricolé »).
F. F.
Cet article est une analyse de « Logique du vivant et histoire de la biologie » (1971), un texte de Georges Canguilhem qui rendait compte des trois livres alors récemment publiés d'André Lwoff, Jacques Monod et François Jacob : L'ordre biologique (1969), Le hasard et la nécessité (1970), La logique du vivant (1970).
F. F.
Cet ouvrage est la réédition d'un texte paru chez Martinus Nijhoff à La Haye en 1982. Il pose le problème épistémologique de la formation des théories scientifiques à partir de la naissance de la physiologie, science des phénomènes vitaux. Il s'agit pour l'auteur d'identifier le moment historique pendant lequel se forme le concept d'organisme, coeur de la physiologie naissante, et d'étudier l'évolution de la théorie physiologique de l'organisme d'Albrecht von Haller (1708-1777) à Xavier Bichat (1771-1802). La première partie examine les positions épistémologiques pré-hallériennes sur l'ordre des phénomènes caractéristiques du vivant : la mise en évidence par Georg Ernst Stahl (1660-1734) de l'insuffisance des modèles mécanistes pour rendre compte de la physiologie (chapitre I) ; la médecine rationnelle de Friedrich Hoffmann (1660-1742) comme cadre épistémologique d'une science physiologique, que l'auteur étudie à travers l'examen des thèses physiologiques contenues dans la Medicina rationalis systematica parue entre 1718 et 1741 (chapitre II) ; la théorie leibnizienne du vivant (chapitre III). La seconde partie porte sur la physiologie entendue non pas comme une théorie systématique, mais comme une discipline empirique : l'auteur étudie le passage de la doctrine de Hermann Boerhaave (1668-1738) et Giorgio Baglivi (1668-1707) à celle de Haller et la formation progressive d'un concept de structure organique (chapitre IV), puis analyse la théorie physiologique de Haller (chapitre V) – plus particulièrement sa doctrine de l'irritabilité et de la sensibilité dans la Dissertation de 1752 et ses implications dans les Elementa physiologiae corporis humanis (1757-1766). Enfin, il propose une analyse comparative des modèles de Robert Whytt (1714-1766) et Haller sur l'explication physiologique des fonctions (chapitre VI), examine les doctrines de Maupertuis, Buffon et Haller sur le problème de la production et du développement des structures organiques hiérarchisées (chapitre VII) et présente la critique hallérienne de l'épigenèse (chapitre VIII) pour montrer comment la théorie physiologique « requiert une structure minimale suffisamment complexe et intégrée ». La troisième partie expose les positions épistémologiques post-hallériennes : les doctrines de Théophile de Bordeu (1722-1776) et Paul Joseph Barthez (1734-1806) représentatives de la physiologie vitaliste française (chapitre IX), et la théorie analytique de l'organisme de Bichat (chapitre X). Cette analyse des modèles de l'être vivant à l'époque des Lumières nous présente ainsi le long et dur chemin menant à la naissance de la biologie au XIXe siècle. – Conclusion, pp. 685-698 ; Bibliographie, pp. 699-719 ; Index des noms propres, pp. 721-726 ; Index des notions, pp. 727-735 ; Table des matières, pp. 737-739.
F. F.
Cet article aborde les rapports de Claude Bernard au vitalisme d'une double manière : 1° en confrontant sa physiologie expérimentale à une conception transhistorique du vitalisme qui n'est ni plus ni moins qu'une métaphysique de la vie et 2° en montrant comment sa propre méthode se nourrit de textes s'inscrivant dans – ou renvoyant à – la querelle historique du vitalisme. F. F.
[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Stéphane Lojkine : Littérature française : 1 vol. : Université d’Aix-Marseille : 2009 : 483 p.]. – Cette étude met au jour la prégnance et l’opérativité du schème de la fermentation dans la pensée épistémologique et la pratique littéraire de Diderot. Une première partie expose la genèse du matérialisme vitaliste de Diderot à partir de l’étude de son modèle épistémologique : la chimie. Dans une seconde partie, l’auteur montre comment Diderot substitue au modèle de la machine celui de la fermentation. Dès lors on comprend comment le philosophe français subvertit – grâce au modèle chimique – le modèle cartésien (le mécanisme) et sa procédure d’investigation (la déduction), inaugurant ainsi une nouvelle image de la pensée, un nouveau discours de la méthode : celui de la pensée analogique comme forme de raisonnement alternative à la déduction cartésienne (voir aussi à ce sujet : Jean-Marc Mandosio, Le discours de la méthode de Denis Diderot, Paris, éditions de l’éclat, coll. «Philosophie imaginaire», 2013). Une troisième partie montre comment ce modèle de la fermentation se concrétise et s’objective dans les œuvres de Diderot elles-mêmes : plus précisément dans Le Rêve de D’Alembert et Le Neveu de Rameau. – Sigles et abréviations, p. 7 ; Bibliographie, pp. 545-568 ; Index des noms, pp. 569-574 ; Index des thèmes et des articles de l’Encyclopédie, pp. 575-580 ; Table des matières, pp. 581-584.
F. F.
L’ouvrage d’Hadrien Gens vient combler un vide qu’il fallait absolument opérer dans la littérature secondaire en langue française : l’absence d’une étude systématique sur la pensée scientifique, épistémologique et philosophique du baron Jakob von Uexküll (1864-1944). On pourrait appliquer à von Uexküll cette réponse qu’Hemingway fit à jour à un journaliste qui lui demandait ce qu’était un classique : «C’est un écrivain dont tout le monde parle et que personne ne lit». Tel est en effet le cas de von Uexküll, dont cette étude permet de comprendre l’importance gigantesque dans la pensée vitaliste du XXe siècle : une lecture attentive de cette monographie conduit à placer son importance pour la pensée philosophico-biologique à côté de celles de Frege et Husserl pour les pensées analytique et phénoménologique. Quel est le coup de maître de von Uexküll ? C’est d’avoir introduit la notion de sujet en biologie pour fonder celle-ci sur le concept de signification. Prolongeant les recherches du Kant de la première Critique par une naturalisation du transcendantal, von Uexküll a ouvert la voie à une pensée de l’espace comme milieu d’action du sujet vivant (Wirkwelt) et à une pensée du temps comme temps perceptif spécifique de ce sujet vivant (Merkwelt) en substituant au concept physique de champ neutre (Milieu) le concept d’Umwelt (qu’on pourrait traduire par milieu polarisé). Le concept d’Umwelt permet en effet d’intégrer un centre de subjectivation qui est orienté par une polarité centrifuge. La relation du sujet au milieu étant réciproque : le milieu déterminant la distribution locale des polarités ; les polarités conditionnant la tendance centrifuge du centre de subjectivation, qui est aussi le point d’irradiation d’un faisceau de comportements organismiques, qui en retour, induisent une détermination du milieu. Bref, cette composition entre organisme et milieu est une relation d’échange, une relation allagmatique aurait dit Simondon, qui est tout autant un débat qu’une négociation, c’est-à-dire un ajustement (Einpassung). Ainsi, à la causalité linéaire de la théorie des tropismes de Loeb et de l’arc réflexe des béhavioristes, Uexküll substitue une surdétermination réciproque de l’organisme et du milieu dans un circuit fonctionnel (Funktionskreis) qui relie la perception et l’action. La structuration du milieu (au sens d’Umwelt) produisant sa découpe comme territoire, c’est-à-dire sa création comme espace vital. La pensée des ajustements, étagée sur trois niveaux, forme ainsi ce qu’il faudrait nommer une organologie biologique articulée en une triple organologie des ajustements (physiologiques, éthologiques et écologiques) et organisée par un triple ordonnancement des plans (plans de constructions, plans de performances et plans de compositions), soit des systèmes de règles constitués par des connexions de facteurs qui permettent de penser une finalité immanente aux organismes, aux milieux et aux écosystèmes. Au concept de cause explicative, von Uexküll substitue celui de motif interprétatif, au concept d’adaptation, celui d’ajustement, ce qui permet de subvertir le modèle sélectionniste d’inspiration darwinienne : en effet c’est le vivant qui sélectionne son milieu et non l’inverse. L’impulsion déclenchant la perception chez le sujet vivant n’est donc pas le signal physique ou chimique, mais la signification mélodique, occasion d’une composition contrapuntique (par exemple entre la fleur et l’abeille) et principe d’actualisation du plan de formation (de l’abeille) comme morphogenèse ajustée dans sa relation allagmatique actuelle (à la fleur). Dès lors, le fondement de la morphogenèse apparaît comme biosémiotique. Or toute la puissance du paradigme biosémiotique lui vient de sa dimension technique ou technologique (von Uexküll parle d’ailleurs de technische Biologie) qui permet d’offrir un modèle plus puissant que celui du langage. En effet, étant non dichotomique, ce paradigme permet de penser sur le même plan le calcul et la signification et donne un fondement épistémologique à une unité de nature plus profonde (unité transductive de composition) que la dualité conventionnelle du langage instituée par la culture. La culture dichotomise arbitrairement le langage en langue artificielle et langue naturelle, conduisant ainsi à l’opposition fictive entre sciences de la nature et sciences de la culture, entre calcul formel et sémiose interprétative. Or l’unité du calcul et de la signification, c’est l’unité vitale, l’unité biosémiotique du signe et du sens, comme unité de base d’une opération allagmatique qui progresse dimensionnellement d’un ordre de grandeur vers un autre, dans une synthèse ouverte qui est ajustement perpétuel et résolution de problème incessante, c’est-à-dire symphonie cosmique. Cet ouvrage nous permet ainsi d’avoir accès aux sources primitives de la pensée vitaliste du XXe siècle et de reconstruire indubitablement la préhistoire souterraine de la pensée française pré-structuraliste, structuraliste et post-structuraliste, en retrouvant les sources austro-allemandes (von Uexküll, Goldstein, Weizsäcker, Lorenz) irriguant les œuvres de ses représentants les plus éminents (Canguilhem, Merleau-Ponty, Simondon, Deleuze et Foucault). – Introduction, pp. 7-14 ; Partie I : « La doctrine du milieu comme doctrine de la vie » ; Partie 2 : « Les excursions » ; Partie 3 : « Les compositions naturelles : du corps à l’habitat » ; Conclusion, pp. 173-174 ; Biographie, pp. 175-176 ; Bibliographie, pp. 177-182 ; Index des noms, pp. 183-185 ; Table des matières, pp. 187-188.
F. F.