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La Structure de l’organisme. Introduction à la biologie à partir de la pathologie humaine. : Texte augmenté de fragments inédits
Kurt GOLDSTEINÉditeur : Gallimard - 1983
Comportement. Une réalité en quête de concept
Jacques GERVETSous la direction de Isabelle STENGERSDans D’une science à l’autre : des concepts nomades - 1987
L'ordre de la nature
Ali BENMAKHLOUFSous la direction de Michel WEBER, Guillaume DURANDDans Les principes de la connaissance naturelle d’Alfred North Whitehead - 2007
Épistémologie historique de l’étude du comportement animal : Thèse de doctorat : Philosophie : Université de Bourgogne & Université de Montréal : 2009, sous la direction de François Duchesneau
Jean-Sébastien BOLDUC
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Notice: Trying to access array offset on value of type null in /var/www/SipsDeploye/SIPS/abecedaire/fonctions.php on line 407
Éditeur : - 2009
La génétique de la souris
Jean-Louis GUÉNETSous la direction de Catherine ALLAISDans La Recherche sur la génétique et l'hérédité - 1985
La structure comme fait et comme principe : La relativité de la transformation dans "La structure du comportement"
Jeanne-Marie ROUXSous la direction de Jocelyn BENOIST, Thierry PAULDans Le formalisme en action - 2013
La Forme animale
Adolf PORTMANNÉditeur : Éditions La Bibliothèque - 2013
La Forme animale
Adolf PORTMANNÉditeur : Payot - 1961
Philosophie de l'insecte
Jean-Marc DROUINÉditeur : Seuil - 2014
L’entreprise de l’A. est, en 1934, de renouveler les problèmes théoriques liés à la compréhension des organismes en intégrant les résultats contemporains des recherches en biologie, en médecine, en neurologie, en psychologie de la forme, en psychiatrie et même en psychanalyse. Refusant les approches réductionnistes - “atomistiques” dirait Goldstein - de la biologie moléculaire, l’ A. propose une conception “totalitaire” de l’organisme : l’individu vivant est envisagé comme une totalité intégrante, se définissant “lui-même par lui-même et pour lui-même” (G. Canguilhem, préface à Éléments pour une théorie de la biologie, de André Pichot, 1980). L’A. revendique alors une auto-défintion logique du vivant dont les sciences cherchant à le comprendre doivent suivre le mouvement. - Chap. I : Observation dur l’homme atteint de lésion cérébrale ; Chap. II : L’organisme considéré à partir des phénomènes obtenus par analyse ; Chap. III : Réflexions théoriques sur la fonction du système nerveux comme fondement d’une théorie de l’organisme ; Chap. IV : Modification de la fonction de l’organisme par lésion ; Chap. V : L’essence des phénomènes partiels (la signification des réflexes) ; Chap. VI : La théorie de l’organisme considéré comme totalité ; Chap. VII : L’essence de la connaissance biologique : Chap. VIII : Norme, santé et maladie. Hérédité et sélection ; Chap IX : Vie et esprit (la structure hiérarchique du vivant) ; Chap. X : La psychologie de la forme et la théorie des formes physiques ; Chap. XI : Connaître et agir ; Chap. XII : Remarques finales. M.-M. V.
Cet article étudie la manière dont la philosophie de l'organisme de Whitehead pense les rapports entre l'ordre et le désordre dans la genèse de l'individu et le développement des sociétés. – Notes, p. 19. F. F.
Dans cette thèse, l'auteur entreprend d’explorer la notion de comportement animal telle que l’exprime une discipline contemporaine : l’écologie comportementale. Afin de procéder à l’examen d’une notion aussi complexe, positionnée dans un contexte étroit, l'A. développe et utilise un outil d’investigation : l’épistémologie historique. De façon générale, cet outil consiste à intégrer en une seule démarche les perspectives d’investigation diachronique et synchronique sur un même thème. Ainsi, pour procéder à l’examen de la notion de comportement animal, l'A. puise d’abord dans l’histoire récente de l’écologie comportementale. Il s'intéresse plus particulièrement à sa filiation avec l’éthologie classique. Après avoir reconstitué la trame historique qui unit les deux disciplines, il procède à leur comparaison. Cette seconde étape contribue à mettre en évidence plusieurs différences critiques dans la conception du comportement animal qu’endosse chacune des disciplines. Ces distinctions, en faisant ressortir la spécificité de l’écologie comportementale, le conduisent à s'intéresser à la notion de comportement animal à travers les approches principales que cette discipline mobilise. Enfin, l'A. élabore deux définitions de la notion de comportement animal. La première reflète le statut ontologique du comportement dans la discipline, alors que la seconde correspond à la conception qui se dégage de la pratique des écologues. – Bibliographie, pp. 349-380.
In this inquiry the author undertake to explore the notion of animal behaviour as it is expounded in a contemporary field of inquiry: behavioural ecology. In order to carry out an analysis of such a complex notion, localized in a very narrow context, the A. designs and uses a specific tool of investigation called “historical epistemology”. Simply understood, this tool consists in the integration of diachronic and synchronic perspectives of investigation into a single approach to investigate a circumscribed theme. So, in order to proceed to the analysis of the notion of animal behaviour, the A. first draws into the recent history of behavioural ecology. He takes special interest in its filiation with classical ethology and, after having reconstructed the historical frame that links the two fields together, he proceeds to compare them. This comparison, the second step of his epistemology, is used to highlight the characteristics of the animal behaviour conceptions put forward by the two scientific disciplines. These distinctions, bringing to the fore the specificity of behavioural ecology, then allow him to scrutinize the notion of animal behaviour as it is instantiated in the main approaches mobilized by the discipline. Last, he designs two definitions of the notion of animal behaviour. The first one reflects the ontological status of the notion in this field of investigation, whereas the second corresponds to the conception underlying behavioural ecologist practices. – References, 349-380.
[La Recherche, mai 1984]. – La souris comme modèle presque idéal pour l'étude de la génétique de l'espèce humaine. L'avenir est encore plus prometteur, en particulier avec les récents développements de la biologie moléculaire et de l'embryologie. Une autre génétique sera née. Elle ne procèdera plus seulement par réassociation de gènes pour faire chaque fois du “différent”. Dans un futur proche, elle procèdera par addition pour faire du “nouveau”.
Quels ont été selon Merleau-Ponty les concepts au cœur de la compréhension des rapports de la conscience à la nature ? Cet article montre quelle stratégie le philosophe français a mise en œuvre pour échapper à la fois à un point de vue purement externaliste (i.e. exclusivement physique) et à un point de vue purement internaliste (i.e. exclusivement psychologique). Cette stratégie a consisté à adopter une position intermédiaire, en prenant en considération une troisième dimension, à mi-chemin du sujet et de l’objet, à savoir celle de la structure : « Car une structure, que Merleau-Ponty situe précisément entre idée et nature, n’est pas un être idéal, un pur concept, mais ce n’est pas davantage une chose qui serait en relation causale avec d’autres, un objet de la nature. » (p. 58) Pour Merleau-Ponty, une compréhension des rapports des êtres vivants à la nature est donc possible grâce à un examen de la structure du comportement. L’objectif de cet article est ainsi d’exposer la conception de la structure présente dans La structure du comportement (1re édition : Paris, Puf, 1942) ainsi que la manière dont Merleau-Ponty pense la transformation des structures. – I. De la nécessité de la notion de structure ; II. La structure merleau-pontienne en mouvement.
F. F.
La Forme animale (1948) « est né d'une grande joie » nous dit Philippe Nassif ; l'auteur, Adolf Portmann (1897-1982), se voyant atteindre grâce à l'accomplissement de cet ouvrage « une compréhension plus vaste » du monde animal. S'inscrivant dans la lignée des pionniers de l'éthologie moderne, Portmann se propose d'étudier dans ce livre le comportement animal. Avançant une conception de l’organisme résolument opposée au courant mécaniste, où l'apparence extérieure joue un rôle aussi essentiel que celui du développement des organes – tels le cœur ou le cerveau –, l'objectif de l'auteur est de dévoiler une vie intérieure chez l'animal, ceci à partir des formes extérieures qui le font être. La Forme animale, traduit pour la première fois en français en 1961 – traduction qui a été revue par Jacques Dewitte dans la présente édition –, apporte à cette entreprise une contribution décisive. Portmann élabore une morphologie comparée des vertébrés en se demandant quelle peut être la raison de cette abondance dans les formes et les couleurs proposées par les animaux. Le livre s'ouvre sur cette phrase, présentée comme le dogme contre lequel tout l'ouvrage entend s'attaquer : «une expérience ancestrale a amené l'homme à ne voir dans ce qui est visible autour de nous qu'un reflet trompeur, qui nous cache la véritable nature des choses». Le chapitre 1 répond tout de suite que « cette apparence extérieure ne sert pas seulement à la survie, mais (...) est spécifiquement faite pour les yeux spectateurs. » La thèse de l'auteur est que cette abondance témoigne d'une véritable expressivité du vivant en tant que ce dernier éprouve le besoin de se montrer, d’apparaître à soi-même et aux autres, relève Jacques Dewitte dans sa préface richement fournie. Cette abondance de formes et de couleurs ne peut pas s'expliquer d'après le schéma darwinien où la forme est comprise comme le résultat d'une adaptation à une situation propre. De même, on ne peut pas la réduire à une simple fonction, car il serait alors impossible d'expliquer cette variété dans les formes et les couleurs proposées : «quelques motifs récurrents auraient suffi en ce cas et la nature se serait ainsi montrée plus économe» déclarait Merleau-Ponty en commentant La Forme animale dans ses cours au Collège de France. Jacques Dewitte explique que Portmann veut montrer qu'au principe d’auto-conservation (Selbsterhaltung), il faut ajouter au vivant un autre mode d’existence, celui de l’auto-présentation (Selbstanstellung). En plus de chercher à se conserver, le vivant éprouverait le besoin existentiel de se présenter, et en ce sens il n'est pas faux de dire avec l'auteur que « paraître est une fonction vitale » (chapitre 4). Afin de préciser l'unité qui structure la forme et l'organisme vivant, et plus encore pour amener la notion de comportement chez l'animal, Portmann constate que le motif situé sur les ailes d'un papillon consiste dans la combinaison de la couleur et de la position des ailes. En conséquence, s'il veut exprimer sa « forme », le papillon doit réaliser un comportement propre qui la rendra manifeste. Portmann définit la « forme » (chapitre 3) comme étant le corps visible, l'apparence globale de l'animal, en la distinguant de la « structure » de l'organisme, qui correspond à l'unité de chaque membre particulier qui compose le vivant, visible ou invisible par ailleurs. Il précise au chapitre 2 que les espèces animales simples (inférieures dit-il en employant ce terme relativement au degré de développement de la forme de l'espèce étudiée) « sont transparentes comme du verre », donc parfaitement symétriques dans la mesure où « aucun intérieur n'est caché ». De là, on peut ouvrir à la lecture de Merleau-Ponty et comprendre le comportement animal comme étant la porte ouverte sur l'intériorité significative du vivant. « C'est l'intériorité qui se manifeste dans cette forme et ce comportement autonome » dit Portmann au chapitre 3. Ce dernier dégage alors dans le même chapitre une loi morphologique importante, celle de «l'opposition de l'extérieur et de l’intérieur» : la forme animale (ce qui est visible) est symétrique, alors que l'intérieur du corps (ce qui n'est pas visible) est asymétrique. En effet, on remarque que chez les vertébrés transparents, c'est-à-dire dont la totalité du corps est vue, les organes sont disposés de façon symétrique autour du tronc vertébral, et sont colorés voire parfois fluorescents pour certains poissons ; alors que chez les vertébrés non transparents, c'est-à-dire ceux dont les organes ne sont pas visibles, ces derniers sont disposés de façon asymétrique et ne sont pas colorés. Portmann illustre cette règle au moyen de deux exemples ayant fonctions d’arguments. Le premier est qu'effectivement, nos reins, rates et autres intestins n'ont pas de couleurs particulières une fois sortis de notre corps, et ne respectent aucune symétrie particulière. Le deuxième étant qu'il est parfaitement impossible pour un biologiste de distinguer les animaux à partir de leurs seuls squelettes ou bien de la forme de leurs organes, ces derniers se ressemblant beaucoup trop entre eux. Cette loi va permettre à l'auteur de reprendre le concept de cercle fonctionnel à la pensée d'Uexküll pour l'étendre à l’œil et à la chose vue (chapitre 6). En effet, le camouflage (Tarnung) fait figure de dialectique symbolique entre l'animal et son environnement, et c'est en ce sens que la coloration de l'animal, nous dit Portmann, doit être comprise comme étant un organe aussi essentiel à son existence que le sont le cœur et les poumons. Il parle d'«organe optique » au chapitre 11, d'«un instrument fait pour être regardé de diverses manières et capable de manifester un état intérieur». L'auteur se propose alors de penser la forme animale comme étant « faite pour être vue », comme étant une « joie pour les yeux ». Portmann se demande ensuite comment fonctionne cette expressivité que la forme animale dégage. Critiquant la pensée causale qui veut réduire la forme à une pure utilité pratique, Portmann propose de réaliser une sémiotique du vivant, c'est-à-dire d'étudier ce qui fait sens pour le vivant dans la forme animale. Celle-ci peut faire sens pour lui, puisqu'il la voit, et pour les autres animaux qui peuvent la voir. Il soutient au chapitre 8 que la forme possède un caractère sémiotique : elle transmet un signe. De là, il se penche sur le phénomène de la sexualité, prenant le contre-pieds de l'Origine des espèces et de l'étude que Darwin réalisa sur la sélection sexuelle dans The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex. Le constat de Portmann est que la surévaluation des spermatozoïdes et des ovules dans l'acte sexuel est une erreur. « On taxe d'inessentiel ce qui est donné aux sens et a lieu en surface, et on considère le caché, l'intérieur comme l'essentiel » écrit-il au chapitre 9. Or si l'on tient compte d’organes sexuels comme les testicules, «comment expliquer qu'un organe aussi nécessaire à la conservation de l'espèce soit ainsi exposé» se demande Portmann ? Portmann propose donc au chapitre 10 de comprendre la forme selon une autre valeur : la « valeur d'expression ». Chaque « valeur d’expression » est propre à chaque espèce. Il est alors inutile de vouloir apposer à certains animaux des significations particulières, propres à notre espèce. L'auteur nous dit au même chapitre que « la vie des animaux inférieurs est peu expressive et témoigne d'une expérience intérieure peu développée ». D'après lui, le seul moyen d’expression qui est inaccessible aux vertébrés supérieurs, c'est le langage des couleurs. Or on peut toutefois s'étonner, comme le souligne Dominique Lestel dans Les origines animales de la culture, que Portmann semble ignorer le rougissement, la pâleur, comme moyens d'expression. Cet ouvrage n'est pas seulement une bible pour la compréhension de l'animal, il propose aussi des pistes pour une réflexion phénoménologique sur la compréhension du monde. C'est sur un ton aux allures prophétiques, quelque peu désabusé par le chaos de la Seconde Guerre mondiale, aux accents politiques très marqués, que Portmann conclut son livre. Effectivement, l'auteur souhaite faire naître en l'homme le goût de l'observation, de la contemplation des formes de la nature. C'est en ce sens que ce livre majeur de la pensée contemporaine a inspiré Hannah Arendt, par les options proposées pour la formation d'un monde commun, et Merleau-Ponty, par la compréhension qu'il donne du vivant comme « spontanéité expressive ». – Table des matières, p. 5 ; Préface, pp. 7-23 ; Bibliographie, pp. 289-295 ; 118 figures : dessins de Sabine Bousani-Baur assistée de Mitsou Siebenmann-Stehelin ; Traduction de Georges Remy revue par Jacques Dewitte.
G. H.
Véritable réussite didactique, l'ouvrage de Jean-Marc Drouin, Philosophie de l'insecte, conviendra aussi bien à l'entomologiste amateur qu'au naturaliste confirmé. Réussissant à allier clarté et précision, l'auteur, historien et philosophe des sciences, propose de réaliser l'archéologie du concept d'« insecte » tel qu'il a été construit par les sciences naturelles, mais également par les sciences humaines et sociales. Aussi justifie-t-il le choix du titre de son ouvrage : « la Philosophie de l'insecte n'est pas la philosophie des Insectes » (p. 11). Une philosophie de l'Insecte, avec la majuscule comme syncrétisme de tous les discours qui ont été produits sur les insectes, doit ouvrir l'Insecte au monde global (Welt) en tant qu'il est membre du règne vivant au même titre que tout autre animal, tout en s'assurant de tenir compte des singularités qui lui sont propres dans sa manière d'être-au-monde. En d'autres termes, il s'agira pour cette philosophie de questionner l'« Insecte » dans son amplitude propre à tendre vers l'existence. Dans un premier temps, l'auteur examine la façon dont la science, et les scientifiques (entomologistes, biologistes, éthologistes, sociobiologistes), ont élaboré le concept d'« Insecte », ceci en mettant au jour l'ensemble des biais épistémologiques et culturels sous-jacents à sa construction. Jean-Marc Drouin commence par s'intéresser à la classification du vivant à partir de laquelle ce que nous nommons « Insecte » nous est apparu. Cette classification n'a pas toujours été identique à ce qu'elle est aujourd’hui. Il est possible de dérouler la longue série d'évolutions qu'elle a connue au fil des siècles, et il est étonnant à ce titre de constater que sous la classe des Insectes figuraient autrefois des espèces qui n'y figurent plus de nos jours. C'est ce qui fait dire à l'auteur que le concept d'« Insecte » n'a jamais cessé de se resserrer, pour, au départ, inclure les Arthropodes comme ce fut le cas dans la classification de Linné, et pour, à présent, n'inclure que l'« animal à squelette externe, possédant une tête, un thorax et un abdomen, trois paires de pattes, deux paires d'ailes (éventuellement atrophiées ou disparues), une paires d'antennes » (p. 38). Ainsi peut-on constater que toute classification du vivant est arbitraire et dépend de l'époque sous laquelle elle a été pensée ainsi que du scientifique qui l'a établie. Certains naturalistes, comme Buffon ou Réaumur, ont privilégié les comportements déployés par les animaux à la classification anatomique telle que Linné l'avait élaborée. Selon Buffon, il est préférable de réunir des animaux dont les comportements se composent naturellement, comme c'est le cas pour le cheval et le chien, plutôt que de tenter vainement de regrouper des animaux à la morphologie similaire mais qui, néanmoins, ne partagent aucun espace commun, comme c'est le cas pour le cheval et le zèbre (p. 36). Dans l'histoire de la classification, le darwinisme fit date en raison du fait qu'il intégra un nouvel élément dans la perception que l'on se faisait alors du vivant. Pour Darwin, la classification du vivant n'est pas arbitraire car elle doit retranscrire la véritable généalogie de chaque espèce, ce qui la distingue d'un simple travail d'ordonnancement du vivant tributaire du scientifique qui l'effectue (p. 45). La classification n'est plus simplement anatomique, comme pouvait l'être celle d'Antoine-Laurent de Jussieu ou celle de Georges Cuvier, mais elle devient généalogique, introduisant alors les schèmes de la théorie de l'évolution dans la façon de classer le vivant. Aujourd'hui, ce travail de classification a subi une nouvelle révolution en mobilisant les apports de la phylogénie dans sa compréhension des espèces. Cette révolution a été rendue possible par deux innovations que sont, d'un côté, le cladisme, qui est une redéfinition du darwinisme à l'échelle de la phylogénie, et de l'autre le courant de la biologie moléculaire, qui a permis de découvrir et de justifier l'histoire phylogénétique du vivant (p. 46). Ensuite, après avoir passé en revue l'histoire de la classification des Insectes dans le règne vivant, l'auteur s'arrête sur le travail des entomologistes, et plus spécifiquement sur le vocabulaire utilisé pour décrire les comportements observés chez les Insectes. Il ressort du discours entomologique un anthropomorphisme évident, facilitant alors les usages de concepts tels que ceux de « guerre », de « société », de « métier », de « jeu », ou encore de « morale » pour caractériser des modes de vie Insectes (pp. 65-66). Ce détour par l'anthropomorphisme, précise toutefois l'auteur, n'est pas uniquement simplificateur à l'extrême et problématique pour la constitution d'une connaissance pleine et entière de son objet. Le discours anthropomorphique, s'il pêche par une interprétation déformée de la réalité, au moins a-t-il le mérite de rendre vivant le monde des Insectes, un monde qui a le tort de rester trop souvent fermé sur lui-même de par notre éloignement vis-à-vis de lui (p. 68). L'auteur ajoute qu'au problème de la classification du vivant s'adjoint une méconnaissance globale des Insectes, et c'est par ce point que Jean-Marc Drouin débute son ouvrage. La grande différence de taille qui nous sépare des insectes nous pousse fréquemment à idéaliser le mode d'existence de ces êtres qui nous demeurent parfois invisibles. Pour lutter contre ce penchant, on est souvent tenté, nous dit l'auteur, de ramener l'Insecte à une taille humaine, pour mieux vanter les performances de ce dernier. Cependant, cette réduction de l'Insecte à des proportions humaines ne fait pas sens, et ceci pour deux raisons. La première est qu'on oublie de prendre les conséquences de la taille des insectes lorsque nous parlons de leur performance. Or, à tailles différentes, les performances des animaux doivent être physiquement identiques, étant entendu que ce qui permet aux fourmis de porter de lourdes charges n'est pas une force exceptionnelle mais bien plutôt un poids réduit. L'auteur nous renvoie donc à un simple principe d'égalité, à savoir le fait qu'en doublant sa taille, un insecte multiplierait sa force par quatre mais son poids par huit (p. 18). En pesant plus lourd, sa force serait ainsi relativisée à sa taille globale, ce qui contraindrait les fourmis à réaliser les mêmes performances que les êtres vivants de cette taille, et à Jean-Marc Drouin de conclure qu'une sauterelle ayant notre taille ne sauterait pas pour autant plus haut que nous (p. 19). Il est essentiel de prendre en compte le changement d'échelle qui a lieu dans ces jeux de perspective, car si la taille, le poids ou la force sont modifiés, les proportions entre ces trois variables continuent d'être identiques. La deuxième raison qui fait de cette réduction de l'Insecte à l'Homme un non-sens, c'est que cette réduction empêche de comprendre que l'Insecte et l'Homme existent dans le même monde objectif (Welt), bien qu'ils possèdent tous deux des manières distinctes de s'y rapporter et des comportements particuliers pour l'habiter. De par son éloignement physique, nous avons tendance à penser l'Insecte dans une autre réalité que la nôtre. Or, refuser de penser l'Insecte dans notre monde, c'est refuser d'admettre qu'il est susceptible de se rapporter aux mêmes objets que nous. S'il est bien évident qu'il faut comprendre ce rapport aux choses comme existentiellement différent du nôtre (Umwelt), il n'empêche qu'il est nécessaire de penser le terreau ontologique originel au sein duquel nous prenons place et que les Insectes, au même titre que les Mammifères, habitent (p. 174). Cette méconnaissance du monde des Insectes se retrouve également dans le langage utilisé pour en parler. Contrairement aux Mammifères, par exemple, où il est d'usage de les désigner par l'espèce à laquelle ils appartiennent -on parle de chat, de lion ou encore de panthères et non de félins (Felidae)-, nous renvoyons habituellement les Insectes à leur famille et non à leur espèce, comme c'est le cas pour les Coccinelles (Coccinellidae), les Mouches (Muscidae), ou encore les Fourmis (Formicidae), ce qui accentue, cela va sans dire, notre éloignement vis-à-vis d'eux (p. 70). Un peu à la manière dont Derrida contestait l'usage généraliste du concept d'« animal », qu'il opposait au néologisme « animot » qu'il créa pour exprimer à la fois l'artifice du mot inventé par l'homme et le pluriel qu'il est supposé traduire, Jean-Marc Drouin souhaite dégager la diversité contenue sous le concept d'« Insecte ». Étymologiquement, insecte vient du latin insectum et du grec entomon qui désignent tous deux le fait d'être coupé. L'Insecte est donc historiquement désigné par une caractéristique physique, à savoir celle d'avoir la tête, le thorax et l'abdomen divisé en trois parties visiblement distinctes. Cette désignation morphologique permet d'expliquer la raison pour laquelle l'opinion commune a souvent pris pour habitude d'intégrer à la classe des Insectes des espèces qui n'y figurent pourtant pas, comme les Araignées ou les Scorpions. En effet, ceux-ci, appartenant à la classe des Arachnides, présentent également un corps visiblement segmenté (p. 34). Enfin, l'ouvrage se termine en ouvrant sur la dimension éthique que renferme le discours entomologique, et plus largement celui d'une science naturelle qui serait à l'écoute des interactions se produisant quotidiennement entre différents individus du règne vivant. Si Émile Blanchard proposa une lecture particulièrement anthropocentrée de l'entomologie en tant que savoir stratégique permettant de se prémunir des Insectes, les sciences naturelles peuvent également dégager les conditions de possibilité d'une politique de coexistence pacifique entre Insecte et Homme (chapitre 6). Cette diplomatie, pour reprendre les mots de Baptiste Morizot, est délicate à réaliser dans la mesure où certains Insectes sont transmetteurs de maladie, comme dans le cas du paludisme où la nature des relations entre Moustique et Homme est essentiellement agonistique. La mise en place d'une politique d'équilibre des biotopes entre Insecte et Homme passerait alors par un décentrement nécessaire de l'Homme dans le monde, ce qui le conduirait alors à le penser, lui, et non plus le Moustique, comme le vecteur de contamination, étant entendu que pour infecter l'Homme, un Moustique a besoin de piquer un corps déjà atteint par la maladie (pp. 134-135). Partant de cette perspective décentrée, Jean-Marc Drouin propose d'élaborer, pour qualifier nos interactions avec l'Insecte, un langage qui ne serait plus celui de la guerre. Pour ce faire, il dégage deux pistes qui, toutes deux, ont le bénéfice d'ouvrir le discours scientifique sur un vocabulaire apaisé. Citant Michel Serres, l'auteur nous dit qu'il serait bon de faire succéder au vieux contrat social mettant en scène un sujet rationnel en proie à des intérêts privés, un contrat naturel qui ferait alors appel à d'autres catégories que celles supposées par la « maîtrise et la possession », telles « l'écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et le respect » (Le Contrat naturel, 1990, p. 67, cité par l'auteur p. 182). Retrouver la naïveté face à une nature qui s'est longtemps passée de nous et qui ne cessera pas d'être après notre mort, voilà ce que l'étude du monde mystérieux de l'Insecte permet de provoquer sur les consciences individuelles. Et à ce titre, l'ouvrage de Jean-Marc Drouin est une réussite en la matière, car de par son style clair et son exposé efficace, le lecteur ne peut que se sentir concerné par le sort secret des Insectes qui ne doivent pas être exclus de notre sphère de considération morale. – Introduction, pp. 7-12 ; Remerciement, p. 185 ; Notes, pp. 187-209 ; Bibliographie, pp. 211-240 ; Index, pp. 241-250, Table, p. 251. G. H.