Dans cet article, l'articulation entre le mental et le social est pensée à partir de l'expérience esthétique telle que le pragmatiste John Dewey la thématise dans plusieurs de ses ouvrages. Deux aspects sont reliés: la possibilité qu'un rôle spécifique soit dévolu à l'art dans l'émergence des publics et l'idée que l'art aurait une fonction morale, qu'il serait une "critique de la vie". Dans un premier temps, l'auteur rappelle l'opposition de Dewey à Lippmann concernant le public: il n'est pas ce que l'on doit cantonner à un rôle politique passif, mais ce que l'on doit faire émerger. La thèse soutenue est que l'art a un rôle à jouer sur ce point. Dans un deuxième temps, le fait que les produits de l'art donnent un plaisir commun est rapporté à la perspective d'une intelligence partagée, une intelligence critique de la vie. Enfin, dans un troisième temps, c'est l'ouverture à d'autres possibilités de vie, par l'imagination, qui est mise en valeur. P. F.