Absent à l’origine de leurs pratiques, l’histoire du mouton Navajo est souvent négligée au profit des récits de chevaux et de vaches. Les Diné ont néanmoins eu une culture pastorale riche, l’intégrant même dans leur spiritualité alors même que ce sont les Espagnols qui avaient amené le bétail : « avec nos moutons nous furent créés » (p. 221). Cependant, il y a eu de nombreuses tensions entre éleveurs et colons des États-Unis car comme le souligne Andrew Gulliford, « le Woolly West » fut une cause d’affrontements historiques. En effet, l’élevage a été profondément affecté par les politiques fédérales du XIXe siècle, notamment la Longue Marche de 1863. Les programmes d’amélioration du bétail ont cherché à transformer le mouton des Navajos en un produit industriel, dévalorisant leur savoir-faire traditionnel. Un exemple en est le compte rendu de Cecil T. Blunn qui écrit de manière contradictoire que les moutons Navajos
« produisent une excellente laine pour le tissage », tout en les qualifiant de « scrubs » (buissons). Cette contradiction illustre le déni des capacités des Diné à valoriser leur terre et à s’occuper de leurs troupeaux, révélant ainsi l’injustice faite à ce peuple tant au niveau environnemental que culturel. La suite de cette histoire est terrible avec la destruction de leur troupeau par le Stock Reduction Act en utilisant des preuves scientifiques biaisées. L’imposition de la recherche de rentabilité, la massification et l’amélioration n’étaient pas compatibles avec leurs usages et traditions.
W. A.