En Grande-Bretagne, les propriétaires terriens fortunés ont joué un rôle crucial dans la préservation de races spécifiques qui ne soient pas seulement basées sur des critères de rentabilité. Au XVIIIe et XIXe siècles, posséder un troupeau de ces races et des terres pour les accueillir donnait du prestige, avec par exemple 30% des bovins Kerry et Dexter appartenant à des propriétaires riches. Ceux-ci se sont regroupés au sein de différentes sociétés de races dont la Rare Breeds Survival Trust a pris la suite. Le cas unique des animaux du cheptel de Chillingham illustre parfaitement les paradoxes de ce phénomène spécifique à la Grande-Bretagne : « bien qu’ils soient considérés comme un bien national, ils ont toujours été gardés derrière de hauts murs dans un domaine privé […] cette race ne se trouve qu’à Chillingham Park » (p. 149). Propriété historique des comtes de Tankerville, ce cheptel unique représente néanmoins une survivance de bovins médiévaux. Il est géré aujourd’hui par une association caritative. Il existe un partenariat fertile avec des chercheurs qui viennent régulièrement à Chillingham pour contribuer à la préservation de cette race. La recherche sur ces lignées permet de mieux comprendre les dynamiques génétiques évolutives malgré la contradiction inhérente au fait de chercher à garder une race pure tout en la faisant évoluer.
W. A.