Partant de l’analogie proposée par
Aristote dans sa Génération des animaux (II, 4, 740b) entre l’action de l’âme nutritive dans le processus de génération et l’action
d’un artisan, Gelber affirme que le chaud et le froid, ou plutôt les
« mouvements » dont ils sont porteurs, constituent les
« instruments » de cette âme (et non sa nature elle-même), lui
permettant de réaliser ses fonctions. L’examen de l’embryologie
aristotélicienne permet de mettre en évidence le rôle détaillé qu’y jouent ces
mouvements et de faire émerger la nécessité d’en faire les « agents
intermédiaires » de l’âme nutritive ; ainsi, par exemple, le
principe mâle confère sa forme à l’embryon par l’intermédiaire du sperme et du
mouvement contenu en lui. Cette dissociation entre l’âme et ses outils permet
finalement de rendre compte du fait que, quoique la forme humaine soit unique,
les traits individuels sont transmis par la matière, leur part déterminée de
chaud et de froid, et leurs mouvements spécifiques.
L. M.