Cet ouvrage est une investigation sur les modalités logiques (possibilité, actualité, nécessité), réinterrogées à partir des avancées de la mécanique quantique (MQ). En développant une lecture pragmatiste et modale de la MQ, l’enjeu est de comprendre le statut de l’événement. Dans un premier chapitre l’auteur réhabilite la catégorie modale du possible en montrant qu’elle ne renvoie pas à une abstraction intellectuelle de la pensée spéculative divagante, mais à une expérience pleinement vécue. Dans le second chapitre, il se propose d’appliquer les concepts issus de la pragmatique du langage courant aux discours sur les choses, les lois et les mondes possibles, afin de montrer comment il est possible de parvenir à construire une ontologie stable à partir d’expériences pourtant éphémères. Dès lors, l’auteur présente le dispositif complet du formalisme quantique (vecteur d’état, espace de Hilbert, produit tensoriel, dimensions d’un espace de Hilbert, algorithme probabiliste de prédiction, opérateur densité, etc.) et l’intérêt philosophique de l’interprétation de Hugh Everett (1930-1982), dans la mesure où elle permet d’articuler discours théorique, pratique expérimentale et description formelle par le biais d’une technique graphique, le crochet-mémoire. Il s’agit en effet grâce à cette notation d’établir « un parallèle rigoureux et immédiatement visible, entre l’ordre descriptif du formalisme mathématique et l’ordre pragmatique du constat et de la communication des faits. » (p. 216) Grâce au crochet-mémoire, il devient possible de démontrer que le formalisme possède un corrélat pragmatique qui s’exprime en terme de reproductibilité d’un résultat intersubjectivement constatable. Le chapitre 4 compare alors cette interprétation à d’autres lectures, métaphysiques. La fécondité de la déconstruction pragmatiste du concept d’événement en MQ est qu’elle permet de lever le voile sur le mystère des corrélations à distance issu du paradoxe d’Einstein-Podolsky-Rosen (chapitre 5). Le chapitre 6 porte sur le thème de l’irréversibilité, et le chapitre 7, conclusif, tire les conclusions gnoséologiques et ontologiques des raisonnements menés tout au long de l’ouvrage. – Avant-propos de Michel Bitbol, p. 5-15 ; Table des matières, p. 469-472 ; Ouvrages parus dans la collection "Visions des sciences", p. 473.
F. F.