Les rêves cybernétiques de Norbert Wiener

Monographie

Les rêves cybernétiques de Norbert Wiener


  • Année : 2014
  • Maison d'édition : Seuil
  • Édition : Originale
  • Pages : 285
  • Support : Document imprimé
  • Format : 22 cm.
  • Langue : Français
  • ISBN : 978-0-02-109028-4
URL :
  • Date de création : 29/10/2014
  • Dernière mise à jour : 11/10/2024

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Résumé 

Français

Cet ouvrage s’inscrit dans le sillage des Démons de Gödel. Logique et folie (Paris, Seuil, « Science ouverte », 2007 ; « Points Sciences », 2012) et Mon zombie et moi. La philosophie comme fiction (Paris, Seuil, « L’Ordre philosophique », 2010) : il vise à mettre au jour les liens entre discours littéraires, discours philosophiques et discours scientifiques à partir de l’unité d’un fonds imaginaire commun dans lequel ils s’enracinent. Pierre Cassou-Noguès voit ainsi en Norbert Wiener un savant dont les travaux mettent en évidence le lien entre les concepts de la science et les images peuplant un imaginaire collectif : plus exactement celles qui se rapportent aux relations entre l’humain et la machine. De 1945 à 1964, Wiener écrit en effet plusieurs milliers de pages (entre deux et trois mille) au statut ambigu (une autobiographie, un roman, des nouvelles, etc.) dans lesquelles il pose le problème de la place de la machine dans la science et la société qui lui sont contemporaines. La machine conduit-elle à la fin de l’humain ou alors à sa libération ? À partir d’une nouvelle écrite par Wiener (sous le pseudonyme de W. Norbert) intitulée A Scientist Reappears – conservée aux Archives Wiener à Boston à la bibliothèque du MIT et traduite par l’auteur à la fin de l’ouvrage – Pierre Cassou-Noguès cherche à dégager le contexte imaginaire d’un personnage à la fois littéraire, scientifique et philosophique : la machine cybernétique (chapitres 1 à 3). En mobilisant les analyses de Freud, il vise d’abord à montrer comment le sens d’un concept philosophique ou d’un objet scientifique comme celui de « machine » peut être surdéterminé par l’imaginaire collectif ou l’inconscient individuel (chapitres 4 à 6). L’objectif de ces analyses est de mettre en évidence la figure d’un premier personnage : le savant, agent du couplage entre l’humain et la machine. L’évolution de ce couplage donne naissance à des avatars de la machine cybernétique, qui font l’objet d’une analyse progressive : l’usine automatique et le robot (chapitre 7), le cyborg (chapitre 8) et le posthumain (chapitre 9) ; autant de personnages peuplant la science et la fiction. C’est pourquoi à chacune de ces figures de l’imaginaire cybernétique et post-cybernétique (l’automate, l’usine automatique, le robot, le cyborg et le posthumain) l’auteur analyse les personnages littéraires qui les incarnent (dans les écrits d’Edgar Allan Poe pour l’automate, Kurt Vonnegut pour l’usine automatique, Karel Čapek pour le robot, Brian Stableford pour le posthumain). Au terme de son enquête, Cassou-Noguès parvient à formaliser de façon très convaincante les principes directeurs de sa méthode de recherche. Les changements de mondes dans lesquels évoluent ces personnages à la fois littéraires, technologiques et scientifiques s’opèrent par irruption d’événements dans l’histoire réelle (par exemple l’explosion de la bombe atomique) : certains personnages s’incarnent comme les acteurs d’une histoire réelle (Norbert Wiener, John Von Neumann). L’actualisation de certains personnages imaginaires comme acteurs réels (comme l’usine automatique à la sortie de la guerre) induisant une redistribution de leurs rôles (objets) dans un nouveau monde (catégorie) et un changement des rapports de détermination qui les relient entre eux (morphismes) : tout changement de monde définit le passage d’une catégorie (au sens mathématique du terme) à une autre. En passant d’une catégorie à une autre, les personnages changent ainsi de visages (Victor Frankenstein devient Leo Wiener, le père de Norbert) dans la mesure où les déterminations qui les affectent changent de nature : ils sont alors pris dans d’autres devenirs et d’autres aventures, voire d’autres drames. Ainsi, les personnages d’un monde ont des ancêtres dans d’autres mondes : tout ancêtre pouvant se virtualiser comme spectre dans un nouveau monde. Au sein des mondes, les relations entre les personnages peuvent donc être formalisées par une structure catégorielle (objets et morphismes) que l’auteur représente au moyen de diagrammes. Cassou-Noguès met donc en évidence toute une « méthode de dramatisation » animant à la fois des personnages imaginaires (figures littéraires), des personnages conceptuels (concepts philosophiques) et des personnages scientifiques (idées savantes). L’auteur distingue ainsi trois catégories : la catégorie cybernétique, la catégorie du détective et la catégorie cartésienne. D’une part, elles forment des mondes où coexistent au sein des discours des figures littéraires, des concepts philosophiques et des idées savantes. D’autre part elles définissent des époques de l’imaginaire collectif où se mêlent la fiction, la science et la science-fiction. Un monde s’enracine donc toujours dans un fonds discursif à la fois littéraire, philosophique et scientifique. L’auteur en fait la démonstration pour le thème de la machine. Dès lors il nous semble opportun de mettre en regard la formalisation des résultats de l’enquête de Pierre Cassou-Noguès avec celle mise en œuvre par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Qu’est-ce que la philosophie ? (Paris, Minuit, 1991). En effet, comme l’a bien remarqué Franck Jedrzejewski (cf. Diagrammes et catégories, Université Paris Diderot-Paris 7, 2007, p. 57) la tripartition produite par Deleuze et Guattari entre philosophie, sciences et arts obéit à une structure de catégorie. « Plan d’immanence » de la philosophie, « plan de référence » de la science et « plan de composition » de l’art forment en effet les catégories dont les objets sont respectivement les « concepts », les « fonctions » et les « percepts » et dont les morphismes sont les «personnages conceptuels», les « observateurs partiels » et les « figures esthétiques ». – « Un savant réapparaît », nouvelle de W. Norbert traduite en français par Pierre Cassou-Noguès, p. 243-263 (source : Archives Wiener, boîte 31A, dossier 758) ; Remerciements, p. 265 ; Notes, p. 267-282 ; Table des matières, p. 283-285.

F. F.

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