Dans cette Leçon inaugurale, Alain Prochiantz relate l’aventure qui, de ses premières recherches menées dans le laboratoire de Jacques Glowinski (titulaire de la chaire de Neuropharmacologie de 1983 à 2006) l’a conduit à investir la chaire de Processus morphogénétiques au Collège de France le jeudi 4 octobre 2007. En 1984, une observation surprenante – mettant en évidence un nouveau mode de signalisation en biologie – l’a en effet poussé à étudier le rôle d’une catégorie de gènes (les homéogènes) dans le codage de la forme d’une catégorie de cellules (les neurones) via des facteurs de transcription (les homéoprotéines). On comprend ainsi comment les homéoprotéines se sont en effet révélées être d’authentiques morphogènes, capables de pénétrer dans les cellules avoisinantes pour en modifier des caractères dont la forme. Alain Prochiantz montre comment cette découverte s’est insérée – au sein du contexte scientifique des années 1980 – dans la convergence entre génétique, biologie du développement et théorie de l'évolution. Il montre aussi comment cette découverte a permis d’ouvrir la voie à l’élaboration d’une théorie autonome du vivant, à une véritable zoologie scientifique, « biotechnologiquement » indépendante, c’est-à-dire capable de produire des formes biologiques originales avec ses propres outils. Dès lors, en tant que biologiste, il expose sa propre conception de la pensée – « rapport adaptatif du vivant à son milieu » – du savoir et de la coopération interdisciplinaire, ainsi que sa vision de la place de la science dans le paysage culturel.
F. F.