Des analogies sans concepts sont fallacieuses, des concepts sans engagements dans des circuits analogiques sont inopérants : telle pourrait s'énoncer – en détournant la célèbre formule de Kant – la thèse au coeur de cet ouvrage. Dès lors, si le fonctionnement analogique de la pensée et l’opérativité des concepts sont inséparables, quel processus anime la dynamique de leur rapport ? Pour les auteurs de l’ouvrage, le moteur de la circulation analogique des concepts est la catégorisation. Qu’est-ce que la catégorisation ? C’est un processus qui met en correspondance une connaissance engrammée (source) et une nouvelle situation (cible) : la catégorisation nous permet donc d’appréhender l’inconnu à partir du connu. Elle constitue ainsi un instrument heuristique d’appréhension d’expériences inédites et d’intégration d’informations supplémentaires qui enrichissent nos connaissances, c’est-à-dire nos concepts, en tant que ceux-ci empruntent des circuits analogiques entre des horizons subjectifs (toile de fond de notre esprit constituée par l’ensemble de nos expériences passées) et des horizons objectifs (plan de référence du monde dont nous faisons l’expérience). Les trois premiers chapitres commencent par expliquer ce que sont les analogies et les catégories : analogies décrites par un seul mot (chapitre 1), par des énoncés (chapitre 2) ou par des concepts non lexicalisés, i.e. des associations d’idées (chapitre 3). Le chapitre 4 porte sur les changements continuels de catégories que nous effectuons dans le rapport que nous entretenons avec un environnement en perpétuelle variation. Les chapitres 5 et 6 sont respectivement consacrés aux analogies qui surgissent dans le quotidien le plus ordinaire (analogies que les auteurs qualifient de « manipulatrices » dans la mesure où elles guident inconsciemment nos associations d’idées) et aux analogies construites intentionnellement (analogies « que nous manipulons »). Enfin, les deux derniers chapitres (7 et 8) concernent l’analogie dans la pensée scientifique, dans sa dimension à la fois pédagogique (analogies « naïves » qui participent à l’acquisition progressive des notions scientifiques) et heuristique (analogies robustes qui jouent un rôle crucial dans les grandes découvertes scandant l’histoire des sciences). – Prologue : « L’analogie, cœur de la cognition », p. 9-43 ; Épidialogue : « Un débat sur le cœur de la cognition », p. 605-638 ; Notes, p. 639-642 ; Bibliographie, p. 643-665 ; Remerciements, p. 667-673 ; Index des noms, p. 675-677 ; Index des notions, p. 679-685 ; Table des matières, p. 687.
F. F.