[Moritz Schlick : « Sind die Naturgesetze Konventionem ? », Actes du congrès de Philosophie scientifique (Sorbonne, Paris, 1935), Paris, Hermann, 1936, fascicule 4, « Induction et probabilité », pp. 8-17. Repris in Schlick, Gesammelte Aufsätze, Vienne, Gerold, 1938 ; Hildesheim, Olms, 1969]. – Ce texte présenté et traduit de l'allemand par Céline Vautrin, publié avec l'autorisation de Mr. G. M. H. van de Velde, de Mme E. B. B. van der Wolk-van de Velde et de la Fondation du Cercle de Vienne à Amsterdam, est issu d'une des deux contributions que Schlick a présenté lors du premier congrès international pour l'Unité de la science à Paris en 1935. En établissant la distinction entre propositions (simples signes sensibles) et énoncés (propositions douées de sens), Schlick fournit un critère de démarcation entre les sciences formelles (dont les principes sont des conventions) et sciences empiriques (qui énoncent quelque chose sur le monde). Car selon lui, il est nécessaire de concevoir le langage comme quelque chose de lié au réel qu'il décrit (cf. chapitre 8) par une grammaire. Par « loi de la nature », il ne faut donc pas entendre une formulation vide de contenu (proposition), mais une formulation en tant qu'elle a un contenu vers lequel nous dirige son sens (énoncé). Le conventionnel réside donc dans la grammaire de la langue dans laquelle s'expriment les lois de nature (énoncés de la physique), non dans le contenu de ces lois. Ce que critique Schlick dans ce texte, c'est donc la confusion opérée par Carnap et les conventionnalistes (Eddington en particulier) entre les propositions et les énoncés ; confusion qui les conduit à ne pas considérer le caractère empirique des lois de la nature et l'invariance de ces dernières relativement à toute forme arbitraire d'expression dans lesquelles elles sont énoncées.
F. F.