L'objectif de l'ouvrage de Sophie Roux est de recontextualiser les idées d'un savant ordinaire – celles de l'abbé Edme Mariotte, le père de la méthode expérimentale en France – en menant l'analyse archéologique (au sens de Foucault) d'un essai publié anonymement en 1678 : l'Essai de logique (Essai). Cette analyse est archéologique car elle n'est ni réductible à un travail purement historique, ni à une analyse purement épistémologique. Elle ne porte ni sur des documents ni sur des institutions, mais sur des énoncés, c'est-à-dire sur un ensemble hétérogène de choses effectivement dites et écrites, mais non rapportées à des unités discursives préalables (tradition, oeuvre, auteur, etc.) que l'auteure aurait a priori identifiées à leurs foyers génétiques. Dans un premier temps, il s'agit de déterminer « l'horizon d'attente » de l'Essai. Cet horizon correspond selon l'auteure à la formulation d'une méthode expérimentale, dont L'Essai est une tentative. L'auteure se fait archéologue parce qu'elle cherche à travers cet ouvrage les conditions historiques qui ont rendu possible l'émergence d'un discours sur la méthode scientifique expérimentale au XVIIe siècle ; discours dont elle montre dans le texte de l'Essai qu'il s'efforce de proposer une naturalisation de la méthode scientifique, c'est-à-dire une physique des opérations de l'esprit (Chapitre 1 : « Une naturalisation de la méthode ? »). Dès lors, il s'agit de proposer une analyse de l'Essai : d'une part à travers l'examen systématique des principes et des propositions fondamentales des sciences exposés dans la première partie (Chapitre 2 : « Les fondements des connaissances ») ; d'autre part à travers l'analyse de la notion centrale de la seconde partie – celle d'induction – puisque c'est elle qui conduit Mariotte à formuler les principes d'expérience vraisemblables au fondement de sa physique (Chapitre 3 : « La physique de Mariotte »). Le dernier chapitre a pour objectif de déterminer la position de l'abbé par rapport à ses contemporains dans le champ philosophique de son époque, de sorte à pouvoir établir une contextualisation métaphysique de son Essai (Chapitre 4 : « Mariotte et la métaphysique »). Dans la conclusion générale, l'auteure esquisse une biographie intellectuelle fictive de Mariotte, grâce aux acquis de l'analyse archéologique des idées de ce « savant ordinaire » menée tout au long de l'ouvrage. – Appendices I et II, p. 231-246 ; Bibliographie, p. 247-255 ; Index nominum, p. 257-259.
F. F.