Adopter le principe de charité, c'est avoir une approche systématique de l'homme en tant qu'animal rationnel «pour étudier la rationalité en elle-même» (p. 119). Une telle position de principe rend donc possible l'élaboration de modèles de rationalité articulant des contraintes de rationalité, c'est-à-dire « les règles générales que doivent respecter les états mentaux et les comportements d'un être rationnel » (p. 119). De prime abord, l'enjeu d'un tel principe semble être de montrer l'intérêt épistémologique de l'hypothèse de rationalité, c'est-à-dire d'une étude systématique de l'homme en tant qu'animal rationnel dont les comportements répondent aux contraintes de rationalité : car une telle hypothèse semble permettre « d'asseoir les sciences de l'homme sur des modèles – les modèles de rationalité. » (p. 121) L'objectif de cet article est d'examiner les conditions d'une remise en question du principe de charité et les conséquences épistémologiques qu'elle implique d'après les résultats auxquels conduisent les sciences cognitives, et en particulier, la théorie de la simulation, « laquelle pose que les mécanismes d'interprétation et de compréhension des comportements d'autrui passent (...) par une opération de simulation grâce à laquelle celui qui cherche à comprendre ces comportements se met mentalement dans une situation analogue à celle d'autrui. » (p. 12)
F. F.