Si l'explication historique n'est pas l'apanage des historiens, c'est parce que ce modèle d'explication est partagé par toutes les sciences de l'homme, dans la mesure où les phénomènes respectifs qu'elles étudient possèdent une structure historique. C'est pourquoi l'auteur commence par rappeler la distinction entre expliquer au premier sens de subsumer des relations phénoménales sous des lois et expliquer au second sens de rendre compte des causes productrices d'événements dans le temps. La prédominance de l'explication historique dans les sciences de l'homme tient-elle au mode d'être des choses à connaître (c'est-à-dire à l'ontologie) ou au mode de connaître de ces choses (c'est-à-dire à la gnoséologie) ? Après avoir explicité la structure de l'explication historique (c'est-à-dire les relations entre les fins poursuivies par les agents historiques, les moyens dont ils disposent et le contexte historique dans lequel ils mettent en oeuvre ces moyens pour parvenir à réaliser ces fins), l'auteur revient sur l'opposition entre le modèle Hempel (nomologique-déductif, centré sur le concept de loi) et le modèle Dray (modèle rationnel qui sépare les notions d'explication et de loi). Afin d'illustrer les difficultés suscitées par la question de savoir si « l'explication historique constitue un mode de connaissance spécifique, propre aux sciences du récit » ou « une attitude gnoséologique, en droit révisable » (p. 11), il s'appuie sur la réflexion épistémologique de l'historien Paul Veyne, telle qu'elle est développée dans Comment on écrit l'histoire (1971).
F. F.