L'économie face à la nature

De la prédation à la coévolution

Envoyer le lien

Monographie

  • Pages : 247
  • Collection : Essai
  •  
  • Édition : Originale
  • Ville : Paris
  •  
  • ISBN : 978-2-36383-367-9
  • URL : Lien externe
  •  
  • Date de création : 16-10-2023
  • Dernière mise à jour : 16-10-2023

Résumé

Français

L’ouvrage est écrit par deux économistes. Ils défendent la thèse selon laquelle une dette écosystémique est générée par les modes de production caractéristiques de l’Anthropocène, dont l’économie classique ne se préoccuperait pas suffisamment, voire pas du tout, jusqu’au moment où le pillage des écosystèmes conduit à toucher ses limites : effondrement de la biodiversité, changement climatique, épuisement des ressources, éclatements sociaux, etc. 

Ils entreprennent de nous convaincre qu’une économie qui fonctionne grâce à cette dette écologique n’est plus viable. Par exemple, l’agriculture doit nourrir 8 milliards d’êtres humains, et plus encore dans le futur. Elle ne peut pas fonctionner durablement sur le modèle actuel d’une agriculture industrielle externalisant les préjudices écologiques causés par un mode de production conventionnel qui accroît la dette écologique (diminution de la biodiversité, pollutions des eaux et des sols, destruction d’écosystèmes, etc.). L’agriculture doit donc s’orienter vers une économie circulaire qui se garde de toute dette écologique, cette dernière devant être une composante intégrée, puis résorbée, d’une économie modernisée, apte à accompagner la transition écologique.

Cette approche entend ainsi dépasser la notion, considérée comme anthropocentrique, de service écosystémique et nous projette, à travers des exemples historiques et contemporains de voies alternatives, vers ce que pourrait être une économie permettant la vie commune de l’ensemble des composantes du vivant. L’ouvrage s’appuie à cet égard sur la notion de « nouveaux communs », qui ne se limite pas à la dualité public/privé. L’idée soutenue est que les non-humains peuvent être des sujets de droit. L’ouvrage présente des expériences variées allant dans ce sens.

Les auteurs illustrent toujours leur propos de très nombreux exemples concrets, certains étonnants, comme le mouvement de
« l’ornithologie économique », qui a fait florès de la seconde moitié du 19e siècle au début du 20e siècle en visant à qualifier et quantifier les services et préjudices rendus par les oiseaux. Ce mouvement oublié a reçu à l’époque un soutien institutionnel structuré tant en Amérique du Nord qu’en Europe (chapitre 8).

Les auteurs discutent aussi de ce qu’ils appellent le « réensauvagement » (chapitre 11), c’est-à-dire de la reconquête de la biodiversité qui s’effondre. Il s’agit ici de considérer l’urgence de l’inversion de l’effondrement de la biodiversité. Sur la base principale de l’exemple de mammifères carnivores, les auteurs décrivent les tensions et bénéfices générés par ces nouvelles relations où les humains doivent partager l’espace avec d’autres formes vivantes dans de nouveaux socio-écosystèmes et la forme des contrats qui devront être établis entre l’humanité et les autres vivants, alors « sujets de droit ».

Les auteurs évoquent en conclusion les travaux de Danilo Martucelli et s’interrogent sur l’avènement d’un nouveau régime de réalité
« proprement écologique ». Ils fournissent dans une écriture limpide des arguments en ce sens, qui au fil des chapitres, permettent d’entrevoir vers quels leviers de transformation socio-économique s’orienter pour opérer une véritable transformation écologique, si vitale pour l’humanité.

P. G.