Thought Experiments

Envoyer le lien

Monographie

  • Pages : 130
  •  
  • Support : Document électronique
  • Langues : Anglais
  • Édition : Originale
  • Ville : Cham
  •  
  • ISBN : 978-3-030-81082-5
  • DOI : 10.1007/978-3-030-81082-5
  • URL : Lien externe
  •  
  • Date de création : 13-02-2023
  • Dernière mise à jour : 21-06-2023

Résumé

Français

Galilée trouve la loi universelle de la chute des corps à partir d’une simple expérience de pensée (EP). Einstein met en place sa théorie de la relativité générale à partir de principes qu’il découvre en conclusion d’une EP. Dans un cadre moins physique, nous pouvons penser à Gettier qui remet en cause nos fondements de la connaissance avec la même méthode. En plus de voir des résultats concrets impressionnants dans divers domaines, une méta-analyse de l’ensemble de l’histoire de la philosophie pousse à penser qu’une partie significative de l’argumentation des philosophes s’organise sous la forme d’EP. Souvenons-nous simplement de toutes les EP en philosophie morale (dilemme du tramway et ses variantes), philosophie politique (le voile d’ignorance de Rawls ou le contrat social chez Hobbes) et philosophie de l’esprit (le cas Mary de Jackson). L’enseignement même de la philosophie semble commencer par la lecture d’une macro-EP sous la forme de La République de Platon. Les EP semblent avoir plusieurs fonctions : à la fois heuristique, argumentative et pédagogique. Comment pouvons-nous rendre compte d’une telle efficacité ? Comment est-il possible d’accéder à une forme de connaissance à partir d’expériences qui ne sont pas menées empiriquement ? C’est à partir d’exemples concrets (le chapitre 1 débute avec l’EP de Stevin et de Galilée) que Nenad Miščević nous propose une œuvre introductive aux enjeux des EP. Pourtant, son approche transversale, touchant à plusieurs domaines de la philosophie des sciences, lui permet de tenir un discours tout à fait exigeant. Nenad Miščević propose en chapitre 2 de trouver les étapes communes dans la totalité des EP : il observe notamment sept étapes importantes qui donnent la structure des EP. La procédure étant de faire apparaître la structure de ces dernières pour permettre éventuellement de trouver son essence en découvrant son fonctionnement. L’auteur présente dans un troisième chapitre l’état de l’art en ce qui concerne les EP, en passant de l’extrême empirisme représenté par Norton jusqu’à son volet opposé représenté par le platonisme de Brown. L’auteur s’inscrit dans le courant idéaliste de Brown, cependant, il modère la portée de son mentor et propose que les EP soient interprétées dans le cadre du modèle mental, favorisant la partie simulation qui semble essentielle dans les EP. Il donne par la suite sa théorie sur les intuitions qu’il appelle ‘‘Moderate Voice-of-Competence’’, ce qui lui permet de rendre compte de l’idée que les intuitions produites par les EP ne sont pas a priori corrompues, c’est-à-dire que les intuitions découlent bien de causes rationnelles (chapitre 4). Hypothèse qui se raccroche à des fondements naturalistes en intégrant l’imagination quotidienne dans une approche évolutionniste. Suite à cela, le chapitre 5 essaie de rendre évidente la vivacité des EP en explicitant les différentes évolutions qu’a subi l’expérience de la ‘‘Terre jumelle’’ de Putnam. Dans un dernier chapitre, l’auteur défend l’utilisation des EP face aux données qui proviennent de la philosophie expérimentale. Le grand reproche de cette dernière étant de faire remarquer que les intuitions des différents agents, lorsqu’ils sont en présence d’EP, sont dépendantes de facteurs irrationnels comme leurs appartenances géographique ou sociale, voire la manière dont l’expérience est présentée (l’ordre, le contenu affectif…). Pour défendre l’utilisation des EP de ces attaques, Nenad Miščević opte pour une différenciation entre les agents quelconques et les experts puis une défense basée sur les différentes strates de la structure des EP. L’auteur postule qu’en prenant en compte individuellement les différentes étapes des EP, nous pourrions être en mesure de prendre en compte les éventuelles erreurs des agents voire de les réorienter sur des pistes qui susciteraient des intuitions rationnelles. En effet, si nous sommes capables de savoir quelles étapes sont mal comprises, nous pourrions orienter l’agent vers une meilleure compréhension de ce qu’on attend de lui lorsqu’on lui présente une EP. C’est dans un souci de clarté et de précision que Nenad Miščević nous propose cette œuvre.

R. S.

Anglais

Galileo finds the universal law of free-falling bodies from a simple thought experiment (TE). Einstein constructs his general theory of relativity from principles discovered in the final part of a TE. In a less physical context, we can think of Gettier, who used the same method to challenge the foundations of our knowledge. In addition to these impressive concrete results in various fields, a meta-analysis of the entire history of philosophy suggests that a significant part of the philosophers’ argumentation is organised in the form of TEs. Think of all the TEs in moral philosophy (the trolley problem and its variants), political philosophy (Rawls’s veil of ignorance or Hobbes’s social contract), and philosophy of mind (Jackson’s Mary case). The teaching of philosophy itself seems to begin with the reading of a macro-TE in the form of Plato’s Republic. TE seems to have multiple functions: simultaneously heuristic, argumentative and pedagogical. How can we explain such efficiency? How is it possible to access a form of knowledge from experiments that are not empirical? Nenad Miščević offers us an introduction to the issues of TE, using concrete examples (Chapter 1 begins with the TE of Stevin and Galileo). However, his transversal approach, which touches on several areas of the philosophy of science, allows him to conduct a very sophisticated discourse. In Chapter 2, Nenad Miščević proposes to find the common stages in all TE: in particular, he observes seven important stages that give the structure to TE. The procedure is to show the structure to the latter in order to find its essence by discovering its functioning. In Chapter 3, the author presents the state of the art in trying to explain TE, from the extreme empiricism represented by Norton to its opposite side represented by Brown’s Platonism. The author joins Brown’s idealist party, but moderates his mentor’s scope, proposing that TE should be interpreted within the framework of the mental model, favouring the simulation part that seems essential in TE. He then presents his theory of intuition, called the “moderate voice-of-competence”, which allows him to see that the intuitions produced by TE are not corrupted a priori (Chapter 4). This hypothesis is based on a naturalistic approach, by making concrete on the notion of an evolutionary approach. Following this, Chapter 5 attempts to make TEs more vivid by explaining the various developments that Putnam’s "twin earth" experience has undergone. In a final chapter, the author defends the use of TE against data from experimental philosophy. The main criticism of the latter is that the intuitions of different agents in the presence of TE depend on irrational factors such as their geographical or social affiliation or even the way the experience is presented (the order, the affective content…). In order to defend the use of TE against these attacks, Nenad Miščević opts for a distinction between any agents and experts, then a defence based on the different layers of the structure of TE. The author postulates that by considering the different levels of TE individually, we might be able to take into account the possible mistakes of agents, or even redirect them towards paths that would lead to rational intuitions. Indeed, if we are able to know which steps are misunderstood, we could guide the agent towards a better understanding of what is expected of it when it is presented with a TE. It is for the sake of clarity and precision that Nenad Miščević offers us this work.

R. S.