Anthropologie du travail

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Monographie

  • Pages : 221
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  • Support : Document imprimé
  • Langues : Français
  • Ville : Malakoff
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  • ISBN : 978-2-200-62453-8
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  • Date de création : 28-12-2022
  • Dernière mise à jour : 21-06-2023

Résumé

Français

Ce manuel d’anthropologie du travail entend participer à la constitution du champ, encore disparate en France, en rassemblant et organisant de façon thématique de multiples recherches, diverses par leur objet d’étude, leur méthode et leur contexte d’élaboration. Comme le rappelle l’introduction, alors que l’intérêt des anthropologues pour le travail remonte au moins à la fin des années 1970 en France, en Europe et aux États-Unis, leurs recherches ont d’abord été conduites à partir d’autres branches de l’anthropologie : l’anthropologie économique (analyses de la production et de la distribution de biens et services), politique (analyse des rapports de pouvoir et de domination, notamment entre l’individu, le groupe et l’État) et technique (analyse des matières, objets et outils modelés par une culture). L’introduction de l’ouvrage présente les principes et enjeux épistémologiques du champ : prenant acte des difficultés définitionnelles du concept, elle utilise la définition anthropologique de Maurice Godelier qui conçoit le travail comme «diverses manières inventées par l’Homme pour agir sur son environnement naturel et en extraire les moyens matériels de son existence sociale» (p. 3). Activité par laquelle l’humain produit de la matière et du social, en interaction avec ses pairs et son environnement, l’anthropologue l’analyse spécifiquement en adoptant le point de vue de ses agents, pour comprendre leurs représentations, perceptions et pratiques. Les six chapitres couvrent une multiplicité de pratiques qu’entretiennent les individus avec le travail. Tout d’abord, leur acculturation aux pratiques professionnelles, par leur famille, leurs pairs ou par des institutions dédiées comme l’école ou la formation supérieure (chapitre 1). Ensuite, leurs pratiques professionnelles en tant que telles, pratiques signifiantes par le langage et intersubjectives – collègues et hiérarchie – (chapitre 2), pratiques matérielles – outils maniés, objets produits et supports de travail – (chapitre 3) et pratiques spatiales – sur leur lieu professionnel, dans leurs migrations pendulaires ou leur mobilité géographique (chapitre 4). Ils traitent aussi des interactions avec les autres activités quotidiennes, comme le foyer familial et l’économie informelle où se réalisent d’autres pratiques de production et de distribution des ressources annexes à l’emploi (chapitre 5). Enfin, ils rendent compte des changements que vivent les individus au travail, quand ils subissent les transformations du marché de l’emploi sur leurs conditions de travail et les métamorphoses de leur propre organisation, jusqu’à l’interruption de l’emploi lors du départ à la retraite, qui est vécue de façon plurielle (chapitre 6). L’introduction précise ne pas réduire le travail à l’emploi – activité contractuelle déclarée et rémunérée – mais la trame générale de l’ouvrage s’organise autour du rapport des individus à l’emploi – leur formation pour l’emploi, leurs pratiques dans le cadre de l’emploi et à ses marges (« ne pas travailler sur le temps de travail » p. 130 et « travailler en dehors du temps et du lieu de travail » p. 141), puis les expériences existentielles liées à la perte d’emploi, temporairement ou définitivement. Une dizaine d’encadrés spécifiques précisent certains concepts ou branches du champ. La bibliographie de quarante pages rassemble les sources actuelles pour nourrir les recherches futures. L’ouvrage participe à montrer l’importance de la pluralisation des approches « des mondes » du travail (p. 22) et à suggérer de multiples pistes pour de futures recherches sur des pratiques humaines en constante mutation. Il remplit ainsi les fonctions d’un manuel, à la fois synthèses des recherches existantes et ouverture vers de nouvelles perspectives.

C. M.