Oikonomia, Philosophie grecque de l’économie

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Monographie

Résumé

Français

Cet ouvrage tente d’identifier, malgré ou plutôt du fait de l’absence d’une science économique au sens contemporain du terme, une compréhension spécifique de l’économie dans la Grèce antique. Pour ce faire, il s’emploie à une relecture de différents corpus philosophiques, essentiellement platonicien, aristotélicien ou encore xénophonien, dans le but d’y trouver une philosophie de l’économie susceptible de faire pendant à la vision partiale qu’en donne la science économique moderne. Ce parti pris inspiré des thèses de Karl Polanyi conduit donc dans une première partie (I. « De l’oikonomia comme savoir ») à identifier une oikonomia proche de l’économie substantive (définie comme ensemble des activités permettant d’assurer la subsistance de l’homme, sans présager de la forme logique plus ou moins rationnelle qu’elles peuvent revêtir) et par conséquent distincte de l’économie au sens contemporain : on trouve bien chez les philosophes grecs un savoir spécifique des formes économiques, doté d’un objet propre et pour cette raison distinct à la fois de la science économique telle que nous l’entendons (« De l’impossible science économique à la philosophie de l’économie ») et de la connaissance de la polis (« L’objet et le statut controversé du savoir oikonomique »). Une fois établie l’existence d’une telle discipline, il devient possible d’en élaborer le contenu, ce que l’ouvrage fait selon deux grandes parties. On s’interroge d’abord (II. « Mettre en ordre les hommes ») sur la manière dont l’oikos, objet principal et lieu par excellence d’application de ce savoir qu’est l’oikonomia, doit répartir les tâches et les rôles attribués à chaque être humain vivant en son sein. Pour ce faire, on y détaille la place qu’occupe de mariage (« Le mariage : communauté et corps ») au sein de cette philosophie de l’économie – à la fois comme lien conjugal et comme relation visant à la procréation – avant de se tourner vers l’esclavage (« Si loin, si proches : Maîtres et esclaves à la lumière de l’oikonomia ») en proposant, à la lumière d’une étude du savoir oikonomique, une lecture plus nuancée de la séparation entre esclave et homme libre. Une dernière partie (III. « Mettre en ordre les choses ») s’attache enfin à l’aspect plus directement matériel de l’oikonomia, en tant que le savoir nécessaire au bon fonctionnement de l’oikos doit traiter non seulement des êtres humains mais aussi des choses. On s’intéresse donc d’abord aux opérations consistant à se procurer des biens ou des richesses (« Acquérir ») : y-a-t-il une limite naturelle à l’accumulation de richesse ? Comment hiérarchiser les activités permettant l’acquisition et tout particulièrement l’agriculture et le commerce ? On se tourne ensuite vers la conservation des biens ainsi acquis (« Conserver »), qui doivent être stockés et gérés. On se demande enfin, à travers la question de l’usage de ces biens (« Bien user »), quelle place la notion de Bien peut occuper dans l’oikonomia.

A. G.