Ce dernier chapitre
offre une mise en dialogue de la philosophie spinoziste des passions avec les
analyses de l’historien Philippe Burrin quant aux ressorts de l’antisémitisme
nazi, analyses proposées dans son ouvrage Ressentiment
et apocalypse. Essai sur l’antisémitisme nazi (Paris, Le Seuil, 2004).
Spinoza permet, par la définition qu’il donne du ressentiment comme désir
négatif suscité par la manque ou l’absence de quelque chose que l’on attribue à
des causes imaginaires vues comme des obstacles à éradiquer, de comprendre
comment la mécanique du ressentiment a pu être captée par un homme se donnant
des allures de prophète de malheur (Hitler, retournant les victimes en
coupables). Pascal Séverac ajoute à sa démonstration l’analyse de la figure du
prophète chez Spinoza en tant qu’elle permet de comprendre l’agrégation des
affects individuels, agrégation vectorisée par le ressentiment associé à
l’admiration, admiration qui fige un peuple sur un mobile unique et obsédant.
V. B.