Métamorphoses de l’intelligence

Que faire de leur cerveau bleu ?

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Monographie

  • Pages : 184
  • Collection : Hors collection
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  • Support : Document imprimé
  • Format : 19 cm.
  • Langues : Français
  • Édition : Originale
  • Ville : Paris
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  • ISBN : 978-2-13-079608-4
  • URL : Lien externe
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  • Date de création : 08-11-2018
  • Dernière mise à jour : 29-04-2022

Résumé

Français

Comment cerner le concept d’intelligence situé à la frontière de la vie biologique et symbolique ? Entre sa caractérisation scientifique de donnée innée et sa valorisation comme disposition à créer et comprendre, comment peut-on l’appréhender? Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si les capacités intellectuelles sont réductibles à un ensemble de dispositions cérébrales préformées, car la plasticité neuronale est avérée. Toute comparaison entre le cerveau et l’ordinateur semble inconvenante. Mais, ne faut-il pas revisiter cette position à l’aune des dernières découvertes en matière de puces synaptiques ? Et que dire du projet Blue Brain qui a pour objet la mise en œuvre d’un cerveau synthétique ? La vie artificielle est-elle toujours cette intruse menaçante ou permet-elle d’envisager une nouvelle forme d’hybridation entre le vivant et la machine ? Selon Catherine Malabou, tenter de sauver les apparences en affirmant que c’est le cerveau qui prime ne mène nulle part. Aussi, entreprend-elle une série de médiations qui n’opposent pas le vivant et le non-vivant. Elle veut réconcilier l’intelligence avec elle-même, en mettant en exergue l’unité de ses déterminations biologiques et sa dimension spirituelle. L’organisation ternaire de son livre reprend les trois métamorphoses de l’intelligence qui, d’après elle, ont rythmé les recherches contemporaines : l’âge du modèle génétique, l’âge de la plasticité, l’âge du rapprochement entre l’intelligence artificielle et le cerveau naturel. La philosophe commence par faire l’historique du destin génétique de l’intelligence ; elle énumère les expérimentations menées pour en faire la mesure et retrace les velléités eugénistes cherchant à isoler le gène de l’intelligence. Cependant, les conclusions de l’Human Genome Project sonnent le glas du paradigme génétique : les données biologiques de l’intelligence ne se laissent ni mesurer ni résumer à un facteur « g » et la vie du cerveau ne dépend pas uniquement des données génétiques. Catherine Malabou évoque ensuite l’épigenèse, cette aptitude à acquérir des capacités, par modulation des connexions synaptiques, spontanément ou grâce à l’expérience. La plasticité des neurones est libre de ses constructions et jamais l’esprit ne s’éloigne du corps vécu. Développement de l’intelligence et croissance organique sont liés et visent l’équilibre en synthétisant les aspects cognitifs, émotionnels et sociaux de l’expérience. L’hérédité est donc plurielle : le rapport entre inné et acquis de la première métamorphose s’inverse et fonde une biologie de l’interaction. Pour clore, l’auteure expose un nouveau paradigme visant à bâtir un être-ensemble hybride, fondé sur les liens entre les dimensions naturelle et artificielle de l’intelligence. La critique d’une intelligence artificielle rigide n’est plus pertinente, car la cybernétique intègre dorénavant la plasticité régénératrice des liaisons synaptiques. Tout comme le cerveau, les ordinateurs seront dotés de processeurs autorisant des mises en miroir ; les machines du futur seront capables de s’auto-transformer dans leur propre milieu. La philosophe prône donc le dialogue entre humanités et neurosciences, car traiter un sujet avec intelligence, c’est l’examiner sous tous ses aspects en se mettant à distance de soi. En effet, pour construire une représentation ouverte de l’intelligence, il faut mobiliser le psychique, l’épigénétique et la plasticité cérébrale. Il est temps de dépasser les positions philosophiques arc-boutées, surtout après la conception d’une puce neuro-synaptique par IBM. D’ailleurs, à l’aune de cette découverte, Catherine Malabou n’hésite pas à revenir sur les conclusions de son livre Que faire de notre cerveau ?. Elle nie désormais toute différence de pureté entre plasticité cérébrale et architecture computationnelle. En devenant un programme cybernétique fondamental, la plasticité n’est plus l’apanage du cerveau naturel.

C. B.