Politique du risque et intégrité de la science

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Article

    • Pages : 57 à 86
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    • Support : Document imprimé
    • Langues : Français
    • Édition : Originale
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    • ISBN : 978-2-84867-614-2
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    • Date de création : 05-07-2018
    • Dernière mise à jour : 09-07-2018

    Résumé

    Français

    La science (au sens large) nous fournit les informations les plus fiables actuellement sur le sujet couvert par les disciplines de la connaissance. Nous avons besoin de la science pour penser (rationalité théorique) et agir rationnellement (rationalité pratique), car elle nous fournit un répertoire social d’énoncés factuels. Le corpus scientifique est un répertoire collectif de croyances provisoirement fixées, nécessaire pour arriver à une représentation gérable du monde. La valeur de la science dépend de sa fiabilité, de sa fertilité et de son utilité pratique. L’entrée dans le corpus ne dépend pas que de la fiabilité, mais aussi de considérations pratiques. Les conditions d’entrée théoriques (niveau de preuve) peuvent être trop ou pas assez strictes par rapport à nos objectifs pratiques, et être réajustées localement à la hausse ou à la baisse. Dans ce dernier cas, le contournement du corpus permet d’appliquer le principe de précaution tout en préservant l’intégrité de la science. – Commentaires et questions de Minh Ha-Duong, p. 87-94 ; Commentaires et questions d’Emmanuel Henry, p. 95-99 ; Réponses de Sven Ove Hansson, p. 101-103. Ph. S. Résumé des commentaires et questions de Minh Ha-Duong (p. 87-94) Le modèle de Hansson est éprouvé sur le cas des sciences et du risque du climat. Le rapport du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) correspond au modèle de corpus scientifique. Cependant, il n’y a pas de contournement mais une seule route pour constituer le dossier d’appui à la décision politique, matérialisé par un document unique : le rapport de synthèse du GIEC. La connaissance n’est pas transmise par un chemin unidirectionnel des données vers le politique, mais le rapport est co-construit entre scientifiques et politiques. Les propositions sont caractérisées par des niveaux de confiance plutôt qu’une approche binaire admis/refusé dans le corpus. Ph. S. Résumé des commentaires et questions d’Emmanuel Henry (p. 95-99) Les disciplines scientifiques aujourd’hui rassemblent-elles effectivement l’ensemble des connaissances utiles à une société, ou les connaissances labellisées comme scientifiques ne représentent-elles pas plutôt certains savoirs correspondant avant tout aux intérêts de groupes sociaux spécifiques (en particulier les industriels) ? Dans quelle mesure le caractère biaisé (par différentes sortes d’intérêts) des connaissances scientifiques ne remet-il pas en cause le modèle linéaire entre connaissances scientifiques et décision publique ? Sans revenir à une gestion de risque qui ferait abstraction de la science, il faut souligner que l’importation dans la décision publique et la régulation des risques d’outils élaborés dans une optique de production de connaissances n’est pas a priori justifiée. Ph. S. Résumé des réponses de Sven Ove Hansson (p. 101-103) Le caractère bayésien et l’absence de contournement du corpus du GIEC sont liés. Cependant, sa forme (basée sur des indicateurs d’incertitude normalisés) convient à son objectif (informer les décideurs le mieux possible), même s’il est légitime de se demander quel est son impact sur la compréhension et la prise de décision politiques. Nous avons besoin du concept normatif (philosophique) de science (par contraste avec l’approche empirique de la sociologie) afin de disposer d’une référence idéale par rapport à laquelle analyser les écarts. Si l’intégrité de la science peut être préservée, elle reste la meilleure base factuelle disponible pour la prise de décision politique, sinon elle n’est que de peu d’utilité. Ph. S.