Thèse : Lettres : Paris IV : 1972. – La période considérée se situe entre le 4 juin 1860, date d’une communication de P. Cazalis de Fondouce à l’Académie de Montpellier (première allusion publique à Darwin en France) et l’armée 1900 où Philippe de Vilmorin relate une « expérience de sélection » (on trouve à la fin du volume le relevé chronologique, année par année, de 40 ans de cette littérature scientifique et de controverse). Et à l’issue de cette période, se demande l'A. (p. 45), peut-on même dire que le darwinisme était réellement « introduit » ? L’histoire que l'on nous conte est plutôt celle des résistances et des incompréhensions : par quoi l’étude entend passer justement de la simple historiographie des sciences à un problème d’épistémologie fondamentale (selon les meilleures recettes de l'école épistémologique française depuis Bachelard). – La première Partie situe ces obstacles au niveau des écoles et des disciplines concernées : les anthropologues, Broca en tête, puis la Société d’anthropologie de Paris, les linguistes, les botanistes (Ch. Naudin, « Un faux précurseur », et G. de Saporta, « Une méprise et une impossibilité »), les paléontologues (ou l’ambiguïté de deux « discours parallèles »). Un court chapitre fait un sort à part aux écoles provinciales de Lille et de Montpellier. — Plus ambitieuse, la deuxième Partie s'efforce de classer les « thématiques » et, par conséquent, les lieux (topiques) des incompréhensions épistémologiques. Sont ici distingués les thèmes de sélection (ou « Les avatars d’un concept ») et de terrain, les variations sur « économie naturelle » et « économie organique ». – Relativement courte (30 p.), la troisième Partie considère le rapport du darwinisme avec les « idéologies » : idéologies sociales, religieuses ou proprement philosophiques, tel le positivisme. M.-M. V.