Ce volume réunit les textes d’un premier ensemble de communications présentées lors du colloque intitulé : Limitation de la rationalité et constitution du collectif, tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle du 5 au 12 juin 1993 et organisé par le CREA (Centre de Recherche en Épistémologie Appliquée, École polytechnique et CNRS). – Les recherches poursuivies ici s'attachent à définir ce que sont les dispositifs cognitifs qui encadrent et servent de support aux décisions individuelles. Les fondements de la théorie du choix rationnel, dans ses multiples déclinaisons (économie théorique, théorie de la décision, théorie des jeux, théorie de l’action) ne sont plus aussi assurés aujourd’hui qu’ils semblaient l’être après la Seconde Guerre mondiale, lorsque John von Neumann ou Leonard Savage en posaient les prolégomènes. Les difficultés présentes trouvent leur source dans l’ambition croissante de la théorie du choix rationnel d’expliquer et de fonder des phénomènes très éloignés du champ à l’intérieur duquel elle s’était d’abord confinée. Rendre compte de la possibilité du jugement moral dans un monde d’individus isolés, autonomes et intéressés reste le plus grand défi que le choix rationnel s’est fixé à lui-même. C’est en tentant de relever ces défis que les théoriciens se sont confrontés à des paradoxes redoutables. Ce livre présente les recherches les plus récentes dans le domaine : il s’en dégage la thèse que le paradigme de la rationalité est radicalement incomplet. L’idéal de transparence qui est au cœur de la théorie du choix rationnel est incapable de venir à bout de l’extériorité et de l’opacité du collectif. Il s’agira donc ici de définir ce que sont ces dispositifs collectifs cognitifs qui encadrent et servent de support aux décisions individuelles.
M.-M. V.