Le Moment cybernétique. La constitution de la notion d'information

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Monographie

  • Pages : 422
  • Collection : Milieux
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  • Support : Document imprimé
  • Format : 21 cm.
  • Langues : Français
  • Édition : Original
  • Ville : Seyssel
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  • ISBN : 978-2-87673-484-5
  • ISSN : 0291-7157
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  • Date de création : 12-10-2011
  • Dernière mise à jour : 08-05-2021

Résumé

Français

[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Daniel Parrochia : Philosophie : 1 vol. : Université Jean Moulin Lyon 3 : 2006 : 520 p.]. – Quelles sont les conditions de possibilité historique, discursives et non discursives, qui ont rendu possible l’émergence du concept d’information ? « La thèse principale de cette étude est que la notion d’information apparaît non pas une, mais clivée au sein du milieu technique. » (p. 11) L’apparition de cette notion s’inscrit dans le contexte américain du début du XXe siècle, où les systèmes télégraphiques et téléphoniques atteignent leurs limites d’extension géographique et d’économie. Ces limites atteintes, parce qu’elles posent des problèmes réellement insurmontables en termes de distance et de coût, nécessitent de repenser totalement une théorie de la transmission des messages, qui implique dès lors un allègement des supports de transmission (problème géographique de la distance), ce problème une fois résolu diminuant les coûts de construction (problème économique des dépenses). C’est d’une part la nécessaire réflexion sur le problème des types de codage, d’autre part celle sur les meilleures formes d’onde servant à véhiculer les messages, qui ont conduit les ingénieurs à s’interroger sur la possibilité d’une nouvelle dimension grâce à laquelle les techniques de télécommunication pourraient s’affranchir des dimensions physiques et énergétiques des lignes de transmission. Or cette dimension nouvelle n’est autre que celle de l’information. L’auteur de cette étude d’épistémologie historique, d’inspiration à la fois bachelardienne et foucaldienne, nous montre qu’à partir des travaux de l’ingénieur Nyquist, le problème de la limite de la vitesse de transmission des messages n’a plus été conçu en termes d’énergie, mais d’information. Nyquist, en ouvrant ainsi la voie à Hartley pour la mesure de la quantité d’information, conduit à la construction d’une théorie mathématique de la communication par Shannon. La thèse de la première partie du livre (Partie I : « L’idée de message ») consiste à montrer qu’à sa naissance, le concept d’information est le lieu d’un clivage entre une représentation digitale qui rend possible la construction d’une théorie du code (Shannon) et une représentation analogique qui rend possible une théorie du signal (Wiener). La seconde partie consiste à montrer qu’un même clivage au sein du concept d’information – semblable à celui détecté dans les théories de la télécommunication et du contrôle –, est à l’œuvre dans l’histoire de l’informatique (Partie II: « Ordinateur, esprit, cerveau »). À une analyse approfondie des théories de Shannon et de Wiener, succède donc une étude détaillée des travaux de Turing, McCulloch, Pitts et Von Neumann. Parce qu’ « elle ajoute aux explications existantes, par la matière ou l’énergie, un nouveau type d’explication » (p. 207), la dimension nouvelle de l’information engage une réflexion sur l’ordre du monde, et donc aussi sur ses rapports à la notion d’entropie (Partie III : « Une cosmologie de l’information »). Après avoir dégagé les conditions historiques et techniques d’émergence de la notion d’information (Parties I et II) ainsi que la philosophie immanente à l’activité technique qui l’anime (Partie III), l’auteur propose dans un dernier temps une analyse et une mise en perspective historique des positions politiques du père de la cybernétique : Norbert Wiener (Partie IV : « Politique de l’information »).

F. F.