L'Empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine

Essai

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Monographie

  • Année : 2004
  • Éditeur : Seuil
  • Pages : 235
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  • Support : Document imprimé
  • Format : 21 cm.
  • Langues : Français
  • Édition : Original
  • Ville : Paris
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  • ISBN : 2-02-056170-0
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  • Date de création : 11-10-2011
  • Dernière mise à jour : 08-05-2021

Résumé

Français

[Texte remanié de : Thèse de doctorat, sous la direction de Philippe Breton : Philosophie : 1 vol. : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : 2001 : 257 p.]. – Définie de façon minimale comme la «science du contrôle et de la communication» par son inventeur Norbert Wiener, la cybernétique est véritablement née en 1949 comme projet technoscientifique, car c’est aux conférences Macy que le terme a officiellement été adopté par les membres de son programme. Parler « d’empire cybernétique », c’est donc d’emblée signifier deux choses : la prégnance historique d’une part, la persistance et la suprématie actuelles d’autre part, de ce que Popper a pu appeler « un programme métaphysique de recherche », c’est-à-dire un programme technoscientifique fondé, comme l’écrit l’auteure de l’ouvrage Céline Lafontaine, sur «une représentation globale du monde, un modèle d’interprétation à partir duquel on pense et on se pense nous-mêmes comme agissant dans le monde.» (p. 16) La cybernétique a-t-elle constitué un tel programme? Peut-on légitimement, et d’après quelle analyse, lui donner le statut de paradigme voire d’épistémè d’une nouvelle époque, celle qui précisément aurait émergée dans l’immédiat après-guerre ? Si oui, faisons-nous encore partie de cette même époque ? Autrement dit : sommes-nous encore dominés par une représentation globale du monde dont les cadres sont ceux qui furent découpés par les concepts cybernétiques eux-mêmes ? Ce livre entend retracer l’histoire du « paradigme cybernétique pour montrer que plusieurs approches théoriques marquantes de la philosophie et des sciences humaines contemporaines sont porteuses d’une représentation de la subjectivité et du lien social fondée sur le modèle informationnel. » (p. 14) Dans un premier moment, l’auteure montre que la cybernétique, matrice de la technoscience, a historiquement une origine militaire liée au contexte politique international qui fut engendré par les conséquences de la Seconde Guerre mondiale (chapitres 1 et 2). Introduit en Europe par Lévi-Strauss grâce à la linguistique de Jakobson, le modèle structural fait figure de premier rejeton de la cybernétique (chapitre 3). Par le biais des notions d’autorégulation, d’entropie et d’information, la cybernétique représente le fil conducteur qui conduit du structuralisme à la théorie des systèmes, dont le but est de dégager leurs lois d’organisation et de développement (chapitre 4). De plus, par le biais des concepts cardinaux de complexité et d’auto-organisation, ce livre nous montre que le systémisme nous mène « à la convergence contemporaine entre le néo-libéralisme et le paradigme informationnel » (p. 141-142), c’est-à-dire à la convergence entre une vision du monde focalisée sur l’adaptabilité et une recherche orientée vers le développement des technologies de l’information : soit l’ère de la postmodernité (chapitre 5). Dès lors seule « l’hypothèse d’une continuité paradigmatique » (p. 172) permet de comprendre l’avènement du cyberespace en contexte d’impérialisme néo-libéral, c’est-à-dire de période post Guerre froide (chapitre 6). Car « Internet et les nouvelles technologies de l’information sont étroitement liés au triomphe de l’économie de marché à l’échelle planétaire. » (p. 172). Abordant la question du « posthumain » dans le dernier chapitre, le livre se termine sur la métaphore de la machine moléculaire, qui semble cacher un nouveau programme métaphysique et politique: celui des NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Sciences cognitives). Après l’empire cybernétique, une nouvelle ère s’ouvre dont nous commençons seulement à faire l’expérience : l’ère bionique, où le corps fusionne avec la machine, devenant un système hybride entre biologie et électronique.

F. F.