Les sciences de la vie, alliées naturelles du naturalisme ? De la diversité des articulations possibles entre biologie et sciences sociales

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Article

    • Pages : 187 à 212
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    • ISBN : 978-2-7132-2152-1
    • ISSN : 1629-7121
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    • Date de création : 04-01-2011
    • Dernière mise à jour : 21-02-2015

    Résumé

    Français

    Les théories qui, depuis deux siècles, se réfèrent à la biologie en sciences de l’homme sont parfois regardées comme un bloc homogène, unifié par un noyau idéologique commun. Une telle interprétation doit sans doute beaucoup à la prévalence, sur ce thème, d’un mode de critique essentiellement externe. Si cette perspective externe a incontestablement enrichi la connaissance des conditions socio-historiques de l’émergence des discours naturalistes, elle a toutefois conduit à une assez large surestimation de leur unité : ces théories diffèrent très sensiblement les unes des autres, tant par leur contenu théorique que par leur solidité. Par ailleurs, la diffusion de ce mode de critique s’est accompagnée d’une forme de désengagement relatif, de la part des sciences sociales, d’un champ d’investigation, assez largement abandonné aujourd’hui aux théories naturalistes : celui de l’articulation du biologique et du social. Or on peut attendre au moins deux bénéfices d’un intérêt accru pour l’étude de ce champ, qui doit être nettement distingué des théories naturalistes : tout d’abord, des arguments solides – en particulier des arguments internes – pour critiquer le naturalisme sommaire et ses dérives idéologiques sur le terrain même où il prospère; ensuite, la possibilité de procéder à une évaluation critique de la biologie implicite qui s’est développée dans certains pans des sciences sociales – en particulier dans certaines formes sommaires de culturalisme et de constructivisme – sans être soumise à l’expertise empirique, faute de contact et de dialogue réels avec les sciences de la vie.

    Anglais

    Social theories, which have used biology since the beginning of the nineteenth century, are often considered in the social sciences as elements of a homogeneous whole, which share a same ideological structure. Such an interpretation is the consequence of a dominating kind of critique, which is external to this subject. This external point of view has obviously increased the knowledge of the social and historical conditions of the production of naturalistic theories; but it leads to overrating their unity. Indeed, these theories are built with very different concepts and do not have the same degree of scientific value. Besides, this kind of critique was accompanied by a disengagement of the social sciences from the field of research on the relations between biological and sociological phenomena. But a study of this field, which must be clearly distinguished from the naturalistic theories, is important for two reasons : first, il could propose strong arguments – internal arguments – against the simplistic and caricatured forms of naturalism, and their sometimes tragic, ideological drifts; secondly, it could lead to the possibility of a critical evaluation of implicit biology which has spread in some parts of the social sciences – especially in some extreme forms of culturalism or constructionism – without being subjected to any empirical test, because of the lack of a real dialogue between the social sciences and biology.