Quel naturalisme pour les sciences sociales ?

Envoyer le lien

Article

    • Pages : 9 à 25
    •  
    •  
    • ISBN : 978-2-7132-2152-1
    • ISSN : 1629-7121
    •  
    • Date de création : 04-01-2011
    • Dernière mise à jour : 21-02-2015

    Résumé

    Français

    Si le programme constructiviste permet de parer au manque de réflexivité de l’approche naturaliste poussée à l’extrême, il comporte trois obstacles épistémologiques majeurs : le charcutage ontologique, la déréalisation, la proximité non réfléchie avec le sens commun critique. Après avoir examiné plusieurs tentatives récentes de sortie du constructivisme, en particulier d’ordre praxéologique, on montre que le programme naturaliste ne peut se poser en alternative crédible qu’à la condition de surmonter les contradictions épistémologiques et théoriques qui l’habitent. La juxtaposition des deux approches est aussi ruineuse : elle ne fait que conforter la posture réductionniste en plaçant la diversité des phénomènes culturels aux marges de l’explication proprement dite. Seul un naturalisme non réductionniste permet de ne pas céder aux sirènes de l’innéisme ou à la fascination pour la thèse néodarwinienne d’une sélection naturelle des variantes culturelles.

    Anglais

    If the constructivist program is a useful antidote to the lack of reflexivity that characterizes the naturalistic approach to social sciences, it also raises three epistemological difficulties : an ontological gerrymandering, a form of useless abstraction and a thoughtless proximity with critical common sense. After scrutinizing several recent approaches, which attempt to overcome these difficulties, we demonstrate that the naturalistic program, in order to contitute a relevant alternative, should first resolve numerous epistemological and theoretical contradictions. We also challenge the idea that the two approaches could complement each other, showing that it only favours a reductionist version of naturalism that denies the empirical centrality of the diversity of cultural phenomena. We outline a non-reductionist version of naturalism and argue that it is the only way to avoid the pitfalls of inneism or of the neo-Darwinian idea of natural selection of cultural variants.