Analyse du contexte théorique dans lequel s’est constitué le conventionnalisme géométrique de Poincaré. L’article porte une attention particulière sur les discussions relatives au statut des géométries non euclidiennes, à la possibilité d’une géométrie absolue, au rôle que jouent les sensations et les mouvements dans la formation de la notion d’espace, mettant ainsi en lumière le processus par lequel la géométrie s’est progressivement émancipée du réalisme spatial. Il montre comment Poincaré se démarque néanmoins de tout empirisme philosophique concernant le statut de l’espace, et plus spécifiquement comment la théorie de la genèse psychophysiologique de l’espace vient chez lui conforter un antiréalisme spatial radical en étayant, grâce à la notion de groupe, le conventionnalisme géométrique.