Sciences, philosophie des sciences et politique, le constat d’une myopie

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Article

    • Pages : 432 à 442
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    • ISBN : 2-7073-1784-5
    • ISSN : 0011-1600
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    • Date de création : 04-01-2011
    • Dernière mise à jour : 18-02-2015

    Résumé

    Français

    Sur l’ouvrage de Steve Fuller, Thomas Kuhn. A Philosophical for Our Times (Chicago, The University of Chicago Press, 2000, 472 p. + XVII, index). – Ce commentaire se décompose en quatre parties : « Un projet et l'affirmation d'une thèse », « Une lecture des discours sur la science des cent cinquante dernières années », « Enoncés de savoir, simplification et nécessité de regards croisés et multiples », « Kuhn, les études sociales des sciences, le féminisme et le débat démocratique ». – La 1ère partie présente l’opposition de Fuller à Kuhn et expose « l'objet de l'analyse de Fuller » (p. 433) qui voit les discours sur la science comme normatifs et non descriptifs, la « dynamique scientifique » (p. 434) comme profondément liée au politique et au social. – La seconde partie explique que pour Fuller « le second XIXe » est le lieu de « naissance de « la science » comme catégorie évidente [...] qui unifie un ensemble d'activités, qui l'essentialise », elle situe la « professionnalisation de la recherche » (p. 435) qui transforme le savant « intellectuel » en « professionnel ». « Avec la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide [... la] science est massivement financée, encadrée et drainée par les militaires et les industriels » (p. 436) ; pour Fuller, « Kuhn cherche à donner à cette « idéologie » une « légitimité académique », et Barnes, Bloor et Collins sont ses héritiers. – La 3ème partie veut pointer les implications de Fuller formulant d'abord quelques critiques et rappelant quelques règles à tenir (discuter les énoncées pour eux-mêmes, limiter son champ, contextualiser, multiplier les points de vue, faire preuve « d'érudition et de précision » (p. 439). – La 4ème partie entend rendre justice à Kuhn, qui a permis de penser « les sciences comme pratique et travail » (p. 440), et aux divers courants que Fuller laisse dans l'ombre. Mais elle accorde à Fuller que la tendance aux micro-analyses a laissé de côté « la question politique » (p. 441) et qu'on ne peut plus faire l'économie d'une réflexion sur les « modes de production des savoirs » (p. 442), par exemple quant à l' « évolution des politiques de propriété intellectuelle concernant le vivant ». L'A. remarque que de tels enjeux « impliquent des choix de société liés à « des questions industrielles et financières » qui déterminent notre futur.