Ce volume collectif se propose de «saisir d’une manière globale l’histoire et le développement du savoir scientifique dans son espace d’origine, ainsi que l’influence de ce savoir sur l’homogénéisation des sociétés occupant cet espace» (p. 9), afin de palier l’absence d’ouvrage général traitant l’Europe scientifique comme unité intellectuelle au cours des siècles. L’originalité d’une telle approche se manifeste à trois niveaux : – utilisant la connaissance renouvelée des sources antiques et médiévales, elle donne à comprendre la complexité de la révolution scientifique européenne ; – reposant sur la conception moderne de la science comme activité sociale, elle met l’accent sur le lien entre les connaissances scientifiques et leurs modes de production ; – procédant d’une vision large de l’Europe, elle considère des régions (Russie, péninsule Ibérique, pays scandinaves, Balkans) jusqu’ici négligées. – La première Partie, «La construction de la science européenne», en examine d’abord la genèse depuis l’Antiquité, dans ses lieux et dans ses contenus (Gérard Simon, “La science grecque”), jusqu’à ce que l’ensemble des études et travaux grecs et arabes constitue un champ homogène de savoirs qui s’étendra jusqu’à la fin du Moyen Âge (Michèle Gally et Michel Assimakopoulos, “L’espace européen de la pensée médiévale”). Cette large perspective historique rend alors possible une meilleure compréhension de la spécificité de ce phénomène strictement européen que constitue l’apparition de la nouvelle conception du savoir, la «science classique», développée au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle (H. Floris Cohen, “Les raisons de la transformation et la spécificité européenne”). Cette transformation repose en particulier sur une conception renouvelée du cosmos (Jean Seidengart, “La destruction du cosmos aristotélicien de Copernic à Newton”), ainsi que sur une généralisation des procédures expérimentales et de la mathématisation des phénomènes de la nature (Michel Blay, “La mathématisation de la nature”). Dès lors, les grandes disciplines (mécanique, électricité) se constituent (Giorgio Israel, “L’idéologie de la toute-puissance de la science. La constitution des champs disciplinaires”). Corrélativement à cette transformation, on observe une réorganisation des modes de production des savoirs, avec l’apparition d’un nouveau type de savant et de nouvelles formes d’organisation de la science (Marco Beretta, “Institutionnalisation et professionnalisation”), le développement des congrès et de la presse internationale (Hélène Gispert, “Les journaux scientifiques en Europe”). – La Seconde Partie de l’ouvrage est consacrée aux raisons et aux modalités de «L’extension de l’espace scientifique européen», – en Russie (article de Yakov M. Rabkin et Sumitra Rajagopalan), – dans la péninsule Ibérique (Antonio Ten), – les pays scandinaves (Sven Widmalm), – les Balkans (Efthymios Nicolaïdis), – l’Europe centrale, l’exemple de la Hongrie (Gábor Palló). – Bibliogr. Sélectives ; – Index pp. 425-437. M.-M. V.
SIMON Gérard
pages 17 to 35
GALLI Michèle, ASSIMAKOPOULOS Michel
pages 37 to 47
COHEN H. Floris
pages 51 to 94
SEIDENGART Jean
pages 95 to 113
BLAY Michel
pages 115 to 134
ISRAËL Giorgio
pages 135 to 161
BERETTA Marco
pages 165 to 190
GISPERT Hélène
pages 191 to 211
RABKIN Yakov M.
pages 215 to 262
TEN Antonio
pages 263 to 318
WIDMALM Sven
pages 319 to 351
NICOLAÏDIS Efthymios
pages 353 to 400
GABOR Pallo
pages 401 to 423