La Formation de l'esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective

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Monographie

  • Année : 1938
  • Éditeur : Vrin
  • Pages : 256
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  • Support : Document imprimé
  • Format : 23 cm.
  • Langues : Français
  • Édition : Original
  • Ville : Paris
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  • Date de création : 04-01-2011
  • Dernière mise à jour : 29-09-2015

Résumé

Français

Ce livre se propose de montrer le destin de la pensée scientifique abstraite. Pour cela, il s’agira de prouver que pensée abstraite n'est pas synonyme de mauvaise conscience scientifique, comme semble l'impliquer l'accusation banale. Il faudra prouver que l'abstraction débarrasse l'esprit, qu'elle allège l'esprit, qu'elle le dynamise. Ces preuves seront fournies en étudiant plus particulièrement les difficultés des abstractions correctes, en marquant l'insuffisance des premières ébauches, la lourdeur des premiers schémas, en soulignant aussi le caractère discursif de la cohérence abstraite et essentielle qui ne peut pas aller au but d'un seul trait. Et pour mieux montrer que la démarche de l'abstraction n'est pas uniforme, l’ouvrage emploie parfois un ton polémique en insistant sur le caractère d'obstacle présenté par l'expérience soi-disant concrète et réelle, soi-disant naturelle et immédiate. Pour bien décrire le trajet qui va de la perception réputée exacte à l'abstraction heureusement inspirée par les objections de la raison, de nombreux rameaux de l'évolution scientifique sont étudiés. En vue d'une clarté de premier aspect, trois grandes périodes sont distinguées : – la première période représentant l'état préscientifique comprendrait à la fois l'antiquité classique et les siècles de renaissance et d'efforts nouveaux avec le XVIe, le XVIIe et même le XVIIIe siècles; – la deuxième période représentant l'état scientifique, en préparation à la fin du XVIIIe siècle, s'étendrait sur tout le XIXe siècle et sur le début du XXe; – en troisième lieu, l'ère du nouvel esprit scientifique est fixée très précisément en 1905, au moment où la Relativité einsteinienne vient déformer des concepts primordiaux que l'on croyait à jamais immobiles. À partir de cette date, la raison multiplie ses objections, elle dissocie et réapparente les notions fondamentales, elle essaie les abstractions les plus audacieuses. Des pensées, dont une seule suffirait à illustrer un siècle, apparaissent en vingt-cinq ans, signes d'une maturité spirituelle étonnante. Telles sont la mécanique quantique, la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie, la physique des matrices de Heisenberg, la mécanique de Dirac, les mécaniques abstraites et bientôt sans doute les Physiques abstraites qui ordonneront toutes les possibilités de l'expérience. Mais Bachelard ne s’astreint pas à inscrire ses remarques particulières dans ce triptyque qui ne permettrait pas de dessiner avec assez de précision les détails de l'évolution psychologique que l’on veut ici caractériser. Les forces psychiques en action dans la connaissance scientifique sont plus confuses qu'on ne l'imagine quand on les mesure du dehors, dans les livres où elles attendent le lecteur. Puisque tout savoir scientifique doit être à tout moment reconstruit, les démonstrations épistémologiques auront tout à gagner à se développer au niveau des problèmes particuliers, sans souci de garder l'ordre historique. Partant des images de la phénoménologie première, l’auteur montre comment se substituent à ces images les formes géométriques adéquates. Cette géométrisation s'offre longtemps comme une conquête définitive et constitue le solide esprit scientifique tel qu'il apparaît au XIXe siècle. Mais il faudra pourtant prouver que cette géométrisation est un stade intermédiaire. Ce développement suivi au niveau de questions particulières ne sera clair que si l'on peut parler d'une sorte de loi des trois états pour l'esprit scientifique. Dans sa formation individuelle, un esprit scientifique passerait donc nécessairement par les trois états suivants, beaucoup plus précis et particuliers que les formes comtiennes : 1º l'état concret où l'esprit s'amuse des premières images du phénomène et s'appuie sur une littérature philosophique glorifiant la Nature, l'unité du monde et sa riche diversité; 2º l'état concret-abstrait où l'esprit adjoint à l'expérience physique des schémas géométriques et s'appuie sur une philosophie de la simplicité. L'esprit est encore dans une situation paradoxale : il est d'autant plus sûr de son abstraction que cette abstraction est plus clairement représentée par une intuition sensible; 3º L'état abstrait où l'esprit entreprend des informations volontairement soustraites à l'intuition de l'espace réel, volontairement détachées de l'expérience immédiate et même en polémique ouverte avec la réalité première, toujours impure, toujours informe. – Chapitre I. La notion d'obstacle épistémologique. Plan de l'ouvrage; – Chap. II. Le premier obstacle: l'expérience première; – Chap. III. La connaissance générale comme obstacle à la connaissance scientifique; – Chap. IV. Un exemple d'obstacle verbal : l'éponge. Extension abusive des images familières; – Chap. V. La connaissance unitaire et Pragmatique comme obstacle à la connaissance scientifique; – Chap. VI. L'obstacle substantialiste; – Chap. VII. Psychanalyse du Réaliste; – Chap. VIII. L'obstacle animiste; – Chap. IX. Le mythe de la digestion; – Chap. X. Libido et connaissance objective; – Chap. XI. Les obstacles de la connaissance quantitative; – Chap. XII. Objectivité scientifique et Psychanalyse. M.-M. V.