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Objectivité
Peter Louis GALISON, Lorraine DASTONÉditeur : Les Presses du Réel - 2012
Les Outils de la réflexion : Épistémologie
François DAGOGNETÉditeur : Les Empêcheurs de penser en rond - 1999
Lev Vygotski : médiation, apprentissage et développement : Une lecture philosophique et épistémologique
Janette FRIEDRICHÉditeur : Université de Genève - 2012
Une approche bakhtinienne des textes d’histoire des sciences
Évelyne BARBINDans Méthode et histoire - 2013
Introduction à la philosophie des sciences
Hans-Jörg RHEINBERGERÉditeur : La Découverte - 2014
À la recherche de Stephen Hawking
Hélène MIALETÉditeur : Odile Jacob - 2014
Why is There Philosophy of Mathematics At All ?
Ian HACKINGÉditeur : Cambridge University Press - 2014
Histoires d’enquêtes : Londres, Paris, Chicago (1880-1930)
Christian TOPALOVÉditeur : Classiques Garnier - 2015
Couturat et Lalande : quelles réformes du langage ?
Sophie ROUXSous la direction de Sophie ROUX, Michel FICHANTDans Louis Couturat (1868-1914) - 2017
Comment pense un savant ? : Un physicien des Lumières et ses cartes à jouer
Jean-François BERTÉditeur : Anamosa - 2018
Comment et pourquoi l'objectivité est-elle apparue comme une nouvelle façon d'étudier la nature et d'être un scientifique ? L'objectivité a une histoire, qui est celle des modes de fabrication de l'image scientifique. Cette image renvoie à une technologie et à un regard spécifique, qui varient entre le XVIIIe siècle et le XXe siècle. Pour écrire cette histoire, les auteurs se fondent sur l'étude minutieuse des atlas scientifiques parus en Europe et en Amérique du Nord entre le début du XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle. Les atlas (géographiques, astronomiques, anatomiques, etc.) se présentent en effet comme de véritables dictionnaires visuels qui ont pour fonction de circonscrire les disciplines scientifiques étudiées, en fixant les normes d'une science avec des mots, des images et des faits pour montrer comment il faut décrire, dépeindre et voir à une époque. Trois moments se dégagent, qui correspondent à autant de types d'ethos de la science que les auteurs baptisent du nom de « vertus épistémiques » : la vérité d'après nature, qui émerge au XVIIIe siècle ; l'objectivité mécanique, qui émerge au XIXe siècle ; et enfin le jugement exercé, qui apparaît au XXe siècle. Sommaire, pp. 5-6 ; Prologue, pp. 17-23 ; Remerciements, pp. 477-479 ; Notes, pp. 481-557 ; Index, pp. 559-581 ; 22 ill. coul. et 125 ill. n&b.
F. F.
Cet ouvrage constitue – après Savoir et pouvoir en médecine (Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 1998) – le second volume des écrits de François Dagognet. Véritable boîte à outils, l'ouvrage se divise en quatre compartiments. Qu'est-ce que l'épistémologie ? Telle est la question au centre de la première section de l'ouvrage, dans laquelle l'auteur traite successivement de ses trois figures (1° l'épistémologie comme recherche des conditions de possibilité du savoir, 2° l'épistémologie comme effort de mise au jour des obstacles épistémologiques, 3° l'épistémologie comme travail de dégagement a posteriori d'une méthode de découverte), de deux de ses problèmes majeurs (ceux de la preuve et de la mesure), de la transposition analogique de ses méthodes (l'interdépendance entre les disciplines du savoir) et enfin d'un exemple paradigmatique – l'épistémologie de la biomédecine – dans la mesure où cette dernière a servi à l'auteur de modèle pour dégager ce qu'il appelle « la triade épistémologique », soit les conditions techno-logiques de possibilité du savoir, objet de la seconde section de l'ouvrage. Ces dispositifs techno-logiques intellectuels sont : le graphe, le mot et la classe. La troisième section étudie les rapports entre épistémologie et ontologie, i.e. entre nos catégories de pensée et les architectures matérielles. C'est pourquoi elle rassemble des articles sur la question du corps et des corps, sur l'ontologie matérielle (i.e. la vraie compréhension d'un corps ou d'un être), l'ontologie formelle (i.e. la systématique qui relie ces corps), le schème arborescent (i.e. la forme de cette systématique selon l'auteur), la positivité des supports et des matériaux dans la constitution et la transformation des ontologies. La quatrième et dernière section propose un examen critique de l'image de la science telle qu'elle est vue dans nos sociétés ainsi que les éléments d'une pédagogie pour un partage démocratique de ses découvertes et de ses résultats, la didactique constituant selon l'auteur « l'un des rameaux les plus prometteurs d'une épistémologie soucieuse de transmettre la scientificité ». – Sommaire, pp. 7-8 ; I. Le champ épistémologique ; II. La triade épistémologique ; III. Une épistémologie ontologisante ; IV. Une épistémologie sociologisante.
F. F.
Cet opuscule présente l’œuvre de Lev Sémionovitch Vygotski (1896-1934) à travers une lecture philosophique et épistémologique de ses principaux textes : La signification historique de la crise en psychologie (1927), « La méthode instrumentale en psychologie » (1930), L’histoire du développement des fonctions psychiques supérieures (1931) et enfin Pensée et langage (1934), chef-d’œuvre du psychologue russe. Les deux premiers chapitres proposent une lecture de La signification historique de la crise en psychologie, prolégomènes à une psychologie scientifique dans lesquels Vygotski dresse d’une part un diagnostic de la crise de la psychologie dans les années 1920 et un tableau des tensions entre les trois courants qui la divisent (psychologie introspective, psychologie comportementale, psychologie de l’inconscient) ; d’autre part sa conception épistémologique des conditions de production d’une connaissance psychologique scientifique à travers le projet 1° d’une psychologie générale (qui nécessite selon lui un travail sur le contenu réel des concepts mobilisés en psychologie) et 2° d'une nouvelle méthodologie (à savoir l’élaboration de méthodes indirectes d’investigations). Le concept fondamental de la psychologie est en effet pour Vygotski celui de psychisme. Le psychisme est un instrument de sélection, dont les critères ne peuvent être mis au jour que par l’usage de méthodes indirectes, seules aptes à déterminer ce qui a été négligé ou volontairement rejeté par ce crible. La tâche d’une véritable psychologie scientifique apparaît ainsi clairement: «connaître ce qui n’apparaît ni dans l’action réalisée ni dans la perception de la réalité par le sujet mais qui fait justement qu’elles existent sous la forme attestée.» (p. 52) L’idée de médiation devient centrale : elle est développée à travers le concept d’instrument psychologique, artefact (symbole, schéma, diagramme, carte, plan, etc.) permettant de constituer des phénomènes psychiques médiatisés, eux-mêmes permettant le développement des fonctions psychiques supérieures (attention volontaire, mémoire logique, etc.) et l’apprentissage ; autrement dit des individuations psychiques par l’intermédiaire de psychotechniques. Le propre de l’instrument psychologique, c’est qu’il transforme le sujet qui l’utilise, car en l’utilisant, le sujet devient l’objet qu’il façonne par la médiation de l’instrument lui-même : il devient le sujet (actif) et l’objet (passif) d’une activité médiatisante (chapitre 3). Si les fonctions psychiques supérieures sont médiatisées par les instruments psychologiques, alors il est possible – sur cette base méthodologique – de mettre à l’épreuve des hypothèses relatives à l’apprentissage et au développement (psychogenèse). Dans un premier temps, l’auteur présente l’expérience de Sakharov et Vygotski pour étudier la formation des concepts chez l’enfant (chapitre 4), puis la psychopédagogie qui doit naturellement en découler : celle mise en œuvre par l’école, dont la fonction est de produire un enseignement et une transmission progressive des concepts scientifiques, et dont l’objectif est de conduire les individus psychiques au développement de la pensée autonome, c’est-à-dire à penser par eux-mêmes (chapitre 5). – Table des matières, pp. 3-4 ; chap. 1 : « La psychologie est-elle possible comme science ? » ; chap. 2 : « Le thermomètre de la psychologie » ; chap.3: «L’idée d’instrument psychologique» ; chap. 4 : « La formation des concepts chez l’enfant » ; chap.5 : « L’apport spécifique de l’école » ; Références bibliographiques, pp. 133-137. 1re édition : 2010.
F. F.
Cet article vise à proposer un dispositif intellectuel producteur d’un type d’écriture en histoire des sciences. L’auteur nomme ce dispositif « dialogisme historique », en s’inspirant du dialogisme, la méthode interprétative du théoricien de la littérature Mikhaïl Bakhtine (1895-1975). La structure dialogique minimale est un ensemble de relations à au moins quatre termes (deux énoncés, un destinateur, un destinataire). Transposée dans le domaine de l’histoire des sciences, la structure dialogique a alors pour termes équivalents des citations et commentaires (types d’énoncés), l’historien et le scientifique (destinateurs) et leurs lecteurs respectifs (destinataires). Ce dispositif théorique est appliqué par l’auteur du présent article à des textes de deux mathématiciens du XVIIe siècle – Evangelista Torricelli (1608-1647) et Grégoire de Saint-Vincent (1584-1667) – et à un objet précis : l’invention du calcul infinitésimal.
F. F.
Cet ouvrage de synthèse analyse l’évolution dialectique des rapports entre philosophie générale des sciences, épistémologies régionales, théorie de la connaissance et histoire des sciences, de la fin du XIXe siècle à nos jours. La thèse de l’auteur est la suivante : après la domination du positivisme au XIXe siècle, l’historicisation de l’épistémologie est la transformation majeure de la philosophie des sciences au XXe siècle. Dans un premier temps (chapitre 1) l’auteur dresse un panorama des positions épistémologiques dominantes en Europe, de la seconde moitié du XIXe siècle à la veille de la seconde guerre mondiale : le mécanisme d’E. Du Bois-Reymond (1818-1896), le positivisme d’E. Mach (1838-1916), le conventionnalisme de H. Poincaré (1854-1912), l’émergence d’une proto-épistémologie historique dans la philosophie de la contingence d’É. Boutroux (1845-1921), et enfin, la première tentative de structuration méthodologique de l’histoire des sciences par O. Neurath (1882-1945). Dans un second temps il présente les deux grands premiers programmes d’historicisation de l’épistémologie de l’entre-deux-guerres, tous deux axés sur la constitution sociale du savoir et son historicité (chapitre 2) : d’une part le réalisme phénoménotechnique et la théorie objectivante et processuelle de l’esprit scientifique de G. Bachelard (1884-1962), d’autre part la théorie constructiviste de la connaissance de L. Fleck (1896-1961). L’auteur expose alors les théorisation, méditation et conceptualisation de la logique de la recherche scientifique dans ses rapports complexes à l’histoire et à la technique dans les œuvres de K. Popper (1902-1994), H. Husserl (1859-1938), M. Heidegger (1889-1976) et E. Cassirer (1874-1945) (chapitre 3). Dès lors les idées clés et stratégies de quatre figures représentatives de l’épistémologisation de l’histoire des sciences sont présentées (chapitre 4) : la réinscription de l’histoire des sciences dans l’histoire des idées d’A. Koyré (1892-1964), l’historiographie des révolutions scientifiques de T. Kuhn (1922-1996), l’évolutionnisme conceptuel de S. Toulmin (1922-2009), l’anarchisme épistémologique de P. Feyerabend (1924-1994). Ce sont ensuite les héritiers de Bachelard, représentants des grands programmes épistémologiques de la première partie de la seconde moitié du XXe siècle qui font l’objet du chapitre 5 : l’histoire des concepts de G. Canguilhem (1904-1995), l’archéologie du savoir de M. Foucault (1926-1984), l’approche praxique de la connaissance d’inspiration marxiste de L. Althusser (1918-1990), l’approche scripturaire du fondement de la science (héritière du dernier Husserl) de J. Derrida (1930-2004). L’ouvrage se termine sur une présentation des approches anthropologiques en histoire des sciences (chapitre 6) : l’approche centrée sur la pratique et l’expérimentation scientifique incarnée par I. Hacking (1936-) et l’ethnographie des pratiques scientifiques de Bruno Latour (1947-). – Conclusion, pp. 115-117 ; Repères bibliographiques, pp. 119-122 ; Index, pp. 123-124 ; Table des matières, pp. 125-126.
F. F.
Quels sont les rapports de l’individu au collectif dans la production du savoir ? Que fait véritablement Stephen Hawking (1942-), ce savant distribué dans un collectif composé d’humains et de machines ? Dans cette étude ethnographique qui tire parti du cas unique de l’astrophysicien anglais Stephen Hawking – immobilisé dans une chaise roulante par une maladie dégénérative – l’auteure éclaire sous un nouveau jour ce que l’on nomme le « génie scientifique », en montrant l’inséparabilité de l’individu et du collectif dans la pratique de la recherche scientifique et dans la production du savoir, aussi originale soit-elle. Dans un premier temps, elle décrit le travail d’incorporation et de distribution des compétences de Hawking dans le réseau de machines qui l’entoure (ordinateur, synthétiseur, assistante personnelle, assistant doctorant personnel, infirmières, etc.) : on est ainsi conduit à comprendre comment ce réseau opère tout un travail de sélection, de traduction et d’effectuation des tâches de la vie quotidienne du professeur. Il s’agit d’une description du réseau technico et médico-social qui organise la vie personnelle du savant. L’enjeu de ce premier chapitre consiste à mettre en évidence le processus de création d’une identité. Dans un second temps, l’auteure décrit la seconde couche du système réticulé dans lequel s’insère Hawking : ses étudiants et ses collègues. Il s’agit d’une description du réseau technico-scientifique qui organise la vie scientifique du savant. L’enjeu de ce second chapitre est de reconstruire le réseau de compétences permettant à Hawking de faire de la physique théorique, alors qu’il ne peut ni marcher, ni parler, ni écrire. Dès lors, Hélène Mialet peut présenter les technologies intellectuelles au fondement de l’activité scientifique d’un homme qui ne peut ni écrire (pour faire des calculs algébriques) ni parler (pour verbaliser ses idées) : les diagrammes dits de « Carter-Penrose », permettant de compactifier des dizaines de lignes de calcul dans un espace synoptique. Le troisième chapitre nous permet de rentrer dans le laboratoire théorique de Hawking. Le chapitre 4 analyse quant à lui le rôle des médias dans la transformation de ce corps collectif (à la fois technico-médico-social et scientifique) en un «cerveau désincorporé» (Mialet). Il montre tout comme le chapitre 5 (qui est le récit de la rencontre de l’auteure avec le savant anglais) que l’identité de Hawking n’apparaît pas lorsqu’on le voit en personne, mais dans la multiplicité de ses représentations médiatiques. L’auteure laisse ainsi apparaître ce qu’elle nomme « les trois corps de Hawking » : un corps humain collectivisé (cf. chapitre 1), un corps collectif naturalisé (cf. chapitre 2) et un corps sacré (celui du titulaire de la chaire lucasienne de mathématiques à l’Université de Cambridge). Le chapitre 6 est une présentation de la troisième couche du « réseau Hawking » : celui des archivistes chargés de mettre Hawking en mémoire au sein de la bibliothèque Moore à l’Université de Cambridge. Enfin, le chapitre 7 porte sur la statue de Hawking, qui prendra place à l’entrée du département de mathématiques appliquées et de physique théorique de l’Université de Cambridge. À la suite de cette enquête, on comprend que l’individu est un collectif : Hawking est l’incarnation de « l’acteur-réseau » (Latour) et du «cyborg» (Haraway). Il forme ainsi ce que l’auteure nomme un « sujet distribué-centré ». – Notes, pp. 145-153 ; Bibliographie, pp. 155-162 ; Remerciements, p. 163 ; Table des matières, p. 165.
F. F.
Dans quelles circonstances et à quel moment est né ce mode de raisonnement si particulier, procédant par transfert de nécessité, qu’on appelle le raisonnement mathématique ? Qu’est-ce qu’une preuve mathématique ? Comment s’établit-elle? Quelles sont les différentes méthodes qui permettent de l’exposer? Ces méthodes sont-elles transposables d’une discipline à une autre ? Dès lors, comment les disciplines mathématiques communiquent-elles entre elles ? Quel est le moteur de leur évolution et quelle est la nature de cette évolution ? Par quels procédés s’enrichissent-elles mutuellement ? Quelle est la différence entre mathématiques pures et mathématiques appliquées ? D’où provient cette distinction ? Est-elle fondée? Comment s’est-elle construite historiquement ? En bref, pourquoi y a-t-il, somme toute, une philosophie des mathématiques ? Quelles grandes tendances l’ont animée durant son histoire ? Quelles controverses l’animent actuellement ? Telles sont les questions au centre de cet ouvrage d’une grande érudition. Le chapitre 1 discute quelques grandes activités mathématiques : 1° l’élaboration de procédés d’administration de la preuve (méthodes intuitionniste ou formaliste) ; 2° l’application d’opérations et de constructions (analogies) d’une discipline vers une autre (de l’algèbre vers la géométrie, de la théorie des nombres vers la géométrie, etc.) ; 3° l’invention de technologies graphiques (comme les diagrammes), qui transforment le milieu dans lequel s’inscrivent les virtualités mathématiques. Ces transformations graphiques sont révolutionnaires, car elles modifient radicalement les possibilités de penser les objets mathématiques (comme l’espace par exemple), et par voie de conséquence, les modes de production et de compréhension des différentes disciplines mathématiques, ouvrant ainsi la question d’une économie et d’une herméneutique formelles. Selon l’auteur – s’inspirant de Putnam – deux expériences de la raison sont au fondement de la pérennité des mathématiques (chapitre 2): l’expérience mathématique (qui est une expérience de la preuve) et l’expérience physique (qui est une expérience de l’application des mathématiques à une autre réalité que la sienne, en l’occurrence une réalité actuelle). Autrement dit, l’expérience mathématique puise son endo-consistance virtuelle dans l’axiomatique qui la formalise et son exo-consistance actuelle dans les modèles physiques qui la réalisent : entre cette endo-consistance et cette exo-consistance, se situent les seuils de trans-consistance à double face (virtuelle et actuelle) que sont les technologies intellectuelles (en tant qu’elles supportent cette technique virtuelle qu’est la mathématique) et les technologies matérielles (incarnant en tant qu’instruments scientifiques les théories mathématiques appliquées et constituant ainsi de véritables « théories matérialisées » comme l’avait très bien vu Bachelard). Dès lors, un dépassement du matérialisme biologique radical (Changeux) et de l’idéalisme platonicien sans concession (Connes) semble possible au sein d’une véritable épistémologie historique des mathématiques qui articule scrupuleusement biologie du cerveau (i.e. organologie physiologique), étude des pratiques savantes contextualisées et historiquement situées (i.e. organologie sociale et politique des organisations savantes) et technologies intellectuelles et matérielles (i.e. organologie des artefacts) : épistémologie historique que Reviel Netz a appelé une « histoire cognitive » (cognitive history) (chapitre 3). Ainsi, Ian Hacking nous propose dans un quatrième chapitre une petite histoire de l’invention de la démonstration dans la pratique mathématique grecque de l’Antiquité par la détermination et la définition des notions cardinales de fait, théorème et preuve, ainsi que des liens qui les unissent au sein d’une construction universelle : un théorème (proposition vraie) doit être indexé à un fait (relation objective), justifié dans un enchaînement de traces (démonstration) et exemplifié dans une preuve singulière (par exemple telle preuve que l’on peut trouver dans les Éléments d’Euclide). Le chapitre 5 nous présente alors une histoire critique de la distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées et propose une typologie des formes d’applications (Hacking en distingue sept). Enfin, les chapitres 6 et 7 exposent l’évolution des débats entre platonistes et antiplatonistes au cours de l’histoire des mathématiques, dont les deux grands représentants actuels sont les mathématiciens Timothy Gowers (1963-) et Alain Connes (1947-). Par la teneur de son érudition et l’étendue des connaissances qu’on y trouve, ce livre représente un excellent compendium d’histoire et de philosophie des mathématiques, écrit par l’un des grands maîtres de l’histoire et de la philosophie des sciences contemporaines. – Table des matières, vii-xii ; Avant-propos de l’auteur, xiii-xv ; Notes, pp. 258-262 ; Références bibliographiques, pp. 262-280 ; Index, pp. 281-290.
F. F.
In what circumstances and at what point in time was mathematical reasoning born, this very particular form of reasoning which procedes by movements of necessity ? What is a mathematical proof ? How is one established ? What are the different methods that allow it to be presented ? Are these methods transposable from one mathematical discipline to another ? If so, how do mathematical disciplines relate to each other? What is the engine and the nature of their evolution? What procedures allow these disciplines to enrich one another? What is the difference between pure and applied mathematics ? Where does this distinction come from ? Is it well-founded ? How has it been historically constructed ? And in short, why is there a philosophy of mathematics at all ? What are the large trends within its history ? And what are its current controversies ? These are the questions at the heart of this greatly erudite work. The first chapter discusses certain general activities of mathematics : 1. the elaboration of procedures of coming to proofs (intuitionist or formalist methods); 2. the application of operations and constructions (analogies) from one discipline to another (from algebra to geometry, from the theory of numbers to geometry, etc.); and 3. the invention of graphic technologies (such as diagrams), which transform the field of mathematical virtualities. These graphic transformations are revolutionary, as they radically modify the ways we conceive mathematical objects (such as space), and therefore, the means of production and comprehension of different mathematical disciplines – which thus opens up the question of a formal economy and a formal hermeneutics. According to the author, following Putnam, two experiences based in reason are the ground of the perennial nature of mathematics (chapter 2) : the mathematical experience (which is an experience of proof) and the physical experience (which is an experience of the application of mathematics to another reality that its own, in this case actual reality). In other words, the mathematical experience finds its internal virtual consistency in the axiomatics which formalizes it, and it finds its external actual consistency in the physical models which apply it. Between this internal virtual consistency and this external actual consistency can be found the thresholds of intermediary consistency, which are two-sided (virtual and actual) : these are the intellectual technologies (in as much as they support the virtual technics which is mathematics) and the material technologies (which, as scientific instruments, incarnate the applied mathematical theories and thus constitute veritable « materialized theories », as Bachelard demonstrated well). At this point, it seems possible to surpass both biological materialism (Changeux) and uncompromising platonic idealism (Connes), within a true historical epistemology of mathematics which scrupulously joins brain biology (that is, physiological organology), the study of historically contextualized scholarly practices (that is, the social and political organology of scholarly organizations), and intellectual and material technologies (that is, the organology of artefacts). This leads to historical epistemology which Reviel Netz called a « cognitive history » (chapter 3). Thus, Ian Hacking offers, in the fourth chapter, a short history of invention and demonstration in ancient Greek mathematical practice, through the determination and definition of the cardinal notions of fact, theoreme and proof, as well as the links that unite them within a universal construction : a theoreme (true proposition) should be indexed upon a fact (objective relation), justified within a chain of visual reasoning and graphic symbols (demonstration) and exemplified in a singular proof (for example, a proof found in Euclid's Elements). Chapter 5 then presents a critical history of the distinction between pure and applied mathematics and offers a typology of the forms of applications (Hacking points to seven of them). Finally, chapters 6 and 7 present the evolution of the debates between platonists and antiplatonists throughout the history of mathematics, an ongoing debate whose current representatives are mathemeticians Timothy Gowers (1963-) and Alain Connes (1947-). Through the strength of erudition and the wide extent of scholarly knowledge found here, this book represents an excellent synthesis of the history and the philosophy of mathematics, written by one of the great masters of the history and the philosophy of contemporary science. – Table of contents, vii-xii ; Author's preface, xiii-xv ; Notes, 258-262 ; Bibliographical references, 262-280 ; Index, 281-290.
F. F.
Ce livre est une enquête historique sur trois enquêtes sociologiques : celle dirigée par Charles Booth sur la pauvreté à Londres dans les années 1880 et 1890, celle de Maurice Halbwachs sur les loyers parisiens à la fin des années 1900, celle enfin qui se dessine dans les travaux de Robert E. Park et Ernest W. Burgess sur Chicago au milieu des années 1920. L'auteur, spécialiste de sociologie urbaine devenu historien des sciences sociales, y présente l'aboutissement d'une recherche de longue haleine dont certains résultats, publiés au cours des vingt-cinq dernières années, sont réunis, refondus et complétés dans un livre élégant et magistral. Celui-ci s'ouvre par une réflexion méthodologique qui fait la synthèse entre deux grands courants de réflexion sur l'histoire des sciences sociales nés vers les années 1980. Le premier est une critique de l'histoire « disciplinaire », c'est-à-dire du discours historique constitué sur elles-mêmes par les disciplines – celui-là même qui a conduit à construire par exemple l'image d'un Maurice Halbwachs père fondateur des études sur la mémoire, ou de « l'école » dite « de Chicago » de sociologie. Alors que cette généalogie auto-légitimante ne s'intéresse qu'aux écrits théoriques imprimés, puisque ceux-ci sont supposés représenter l'état le plus abouti de la science, Christian Topalov affirme fortement la nécessité de « sortir du tunnel » disciplinaire qui situe les œuvres dans une lignée plutôt que dans une époque, et pour cela « d'environner les œuvres avec des archives ». C'est dans les correspondances privées qui permettent « d'observer les savants hors du monde des professeurs », les papiers de travail et les documents des sociétés savantes qui éclairent les activités les plus quotidiennes de la science, que l'historien peut « reconstituer les questions qu'il doit présumer oubliées, de façon à ne pas les faire disparaître au profit des siennes ». La notion de «conversation», par laquelle l'auteur entend historiciser les discours et pratiques savantes à distance de l'histoire des idées comme de la notion de « champ » de Pierre Bourdieu, constitue sans doute un apport original de ce livre. C'est elle qui donne le titre de la première partie, dans laquelle Charles Booth est situé dans le milieu réformateur et philanthropique des élites sociales anglaises, Maurice Halbwachs dans celui des socialistes normaliens, et Park et Burgess dans l'université de Chicago. Le contexte des trois enquêtes étant posé, la suite du livre peut se lire comme une tentative pour adapter les principes des science studies à l'histoire des sciences sociales, afin de décrire sociologues et social scientists « en action ». Il s'agit de décrire, avec la précision d'un ethnologue, les différentes opérations intellectuelles et matérielles par lesquelles sont construits les « faits » scientifiques, en abordant ceux-ci dans leur matérialité : celle du livre, de la carte, de la série ou du graphique par exemple. C'est là l'objet de la deuxième partie du livre, intitulée «Observations», qui décrit notamment Halbwachs dans ses enquêtes de terrain, en rapprochant sa pratique des croquis et des photos de la tradition du voyage pittoresque. La troisième partie, « Démonstrations », porte sur la façon dont les faits, une fois constitués, se déploient dans une rhétorique scientifique destinée à convaincre, et dans le même temps à construire ou à confirmer l'existence d'un public des sciences sociales. Les choix théoriques des différents auteurs reflètent ici les valeurs de leur public : ainsi l'usage que fait Booth des chiffres, ignorant la nouvelle statistique de Bowley, témoigne de sa volonté d'être compréhensible des réformateurs philanthropes, de même que sa carte grand format de la pauvreté inscrit son effort dans la tradition des expositions universelles de la fin du XIXe siècle. Les trois enquêtes, quoique présentées dans l'ordre chronologique, ne sont pas insérées dans un récit édifiant sur l'évolution des sciences sociales, mais plutôt dans une géographie comparée de Londres, Paris et Chicago. Cet ouvrage érudit, accompagné de riches annexes et références bibliographiques, présente une histoire sociale et intellectuelle des sciences sociales dans laquelle il n'est question ni de progrès, ni de la cumulativité des sciences, mais où les sciences sont inscrites dans leur époque et dans leur terrain d'observation. – Abréviations, pp. 9-10 ; Introduction, pp. 11-47 ; Annexe I : « Les archives consultées », pp. 415-417 ; Annexe II : « Archives : références », pp. 419-422 ; Annexe III : « Les catégories de Booth », pp. 423-425 ; Annexe IV : « Quatre polygraphes et l’exploration sociale de Londres », pp. 427-431 ; Annexe V : «Inventaire des projets de recherche du département de sociologie dans le cadre du programme du Local Community Research Committee», pp. 433-438 ; Annexe VI : « Notes d’Harvey Zorbaugh : un entretien manqué avec une femme de la Gold Coast », pp. 439-440 ; Références bibliographiques, pp. 441-488 ; Index des personnes, pp. 489-495 ; Index des institutions, pp. 497-501 ; Table des illustrations, pp. 503-505 ; Table des matières, pp. 507-510.
J. V.
Cet article vise à comprendre les conceptions respectives du travail intellectuel d’André Lalande et Louis Couturat, car tous les deux ont œuvré à mettre en place des instruments de travail collectif devant permettre de favoriser la collaboration et la communication entre les hommes, en particulier dans le monde savant : le premier en rédigeant un Vocabulaire technique et critique de la philosophie ; le second en défendant le principe d’une langue internationale.
F. F.
Jean-François Bert, sociologue et
historien des sciences sociales, retrace la méthode de classement et
d’explication des travaux dirigés par Georges-Louis Le Sage, physicien du
XVIIIe siècle. La méthode de référencement, de classement et l’organisation du
travail de Le Sage étant uniques à son époque, Bert essaie d’en tirer les
avantages et les inconvénients afin de percevoir quels étaient les aspects
positifs et négatifs de son organisation de chercheur. Il s’agit de montrer de
quelle manière la façon de travailler influe directement sur la manière de
percevoir le monde du scientifique. Les travaux du scientifique sont
directement influencés par la manière qu’il a de travailler, de classer les
éléments théoriques, les découvertes et les références bibliographiques. Le
fichier de Le Sage constitue donc le révélateur de son incompréhension devant
le monde, de son manque d’organisation et d’efficacité devant les problèmes
physiques, et dévoile ses incapacités à évoluer au même rythme que les autres
physiciens. Le but du livre de Jean-François Bert est donc de souligner les
révolutions qui sont à l’œuvre au XVIIIe siècle dans les domaines de la
production et de la gestion des savoirs. Il s’agit d’évaluer la gestion et la
méthode de production de savoir de Le Sage afin de découvrir l’histoire d’un
physicien, au-delà de son parcours professionnel, et de se rendre compte de
l’impact de son travail sur sa vie, sa carrière et sa réputation. Les cartes à
jouer qui constituent le fichier de Le Sage physicien sont donc l’objet d’étude
de Jean-François Bert, qui en fait désormais un usage épistémologique dans le
but d’en découvrir les principes méthodologiques. Elles passent donc des mains
d’un Le Sage désorienté, douteux, anxieux et débordé par le nombre de cartes
qui constituent son fichier, aux mains d’un chercheur convaincu qu’elles
révéleront les raisons et les causes des découvertes de ce physicien.
L. M.